Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron réélu président de la République

Au terme d’un premier mandat et d’une campagne éclair, Emmanuel Macron vient d’être réélu président de la République face à sa rivale Marine Le Pen, avec 58,8%. Retour sur l’ascension fulgurante de ce banquier d’affaires, devenu président en très peu de temps. 


 
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Macron thumbs up
Emmanuel Macron, lors du premier tour de l'élection présidentielle, le 23 avril 2017, à Paris. 
Christophe Ena / AP
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Il aura finalement remporté ce duel au sommet. Emmanuel Macron sort vainqueur de l’élection présidentielle avec 58,8% des voix, devenant ainsi le premier président à décrocher un second mandat, hors cohabitation. 

Une victoire plus serrée qu'en 2017, au terme d’une campagne menée au pas de course, après s’être déclaré officiellement candidat seulement 38 jours avant le premier tour. Surtout, il assure son avenir à l’Elysée malgré un mandat émaillé par une série de crises graves : le mouvement des gilets jaunes, en 2018, puis la réforme des retraites en 2019, chassée par l’arrivée de la pandémie et pour finir, la guerre en Ukraine, qui éclate à 46 jours du premier tour de l’élection. 

Une réélection portée par l'international

Mais Emmanuel Macron l’a prouvé au cours de  son premier quinquennat : il est “l’homme des tempêtes” comme le dit François Bayrou. Confronté à une pandémie mondiale, il s’est mué en chef de “guerre sanitaire”, et face à la guerre en Ukraine il a su conserver cette image de chef de la diplomatie, dernier maillon entre l’Occident et Vladimir Poutine, au cœur de toutes les négociations. 

Sa légitimité sur la scène internationale lui confère un net avantage face à une Marine Le Pen qui traîne derrière elle l’idée d’un Brexit français, ou "Frexit", qui ne dit plus son nom. Malgré un écart plus mince que jamais entre les deux candidats, Emmanuel Macron aura mené la course en tête. Le désormais traditionnel barrage contre l’extrême-droite qui s’est dressé contre Marine Le Pen au second tour aura achevé de lui assurer un second mandat. 

Un jeune premier à l’Élysée

Jusqu’à son élection, ce qui caractérisait Emmanuel Macron, c'était la vitesse de son ascension vers le pouvoir. Élève modèle, il enchaîne classes préparatoires, Sciences Po puis l’ENA, avant de faire ses armes à l’inspection générale des finances (IGF). En 2008, il rejoint la banque Rothschild et se fait rapidement remarquer, notamment en participant au rachat par Nestlé de la filiale “lait infantile” de Pfizer. Plus jeune associé-gérant de l’histoire de Rothschild, son rôle dans cette transaction, estimée à 9 milliards d’euros, lui permet de devenir millionnaire. 

C'est sur ce coup d’éclat qu’il quitte la banque en 2012 pour devenir secrétaire général adjoint de l’Elysée, auprès du président socialiste François Hollande. Deux ans plus tard, il est nommé ministre de l’Économie, devenant ainsi le plus jeune locataire de Bercy, qu’il quitte en 2016 pour fonder son parti En Marche!. En quelques mois, il réalise un véritable coup de maître, en se taillant la part du lion au centre de l'échiquier politique, aux dépens des partis traditionnellement au pouvoir : le 7 mai 2017, il devient le plus jeune président de la Ve République.

Président du désenchantement ? 

Emmanuel Macron rempile à l’Elysée, mais l’homme qui se trouve à la tête du pays aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec le jeune premier élu presque par surprise en 2017. Alors qu'il s'était imposé comme le candidat du changement, censé renouveler la classe politique française grâce à En Marche!, son image d'homme politique rénovateur a été écornée au cours du quinquennat. 

Finie l’image d’héritier de la sociale-démocratie que lui avait conféré son passage par le quinquennat Hollande, Emmanuel Macron est taxé de “président des riches” par ses détracteurs. Celui qui a supprimé l’impôt sur la fortune, fait baisser les allocations logement, et gouverné, de son propre aveu, en Jupiter, seul au-dessus de tous. Connu pour ses “petites phrases”, il est perçu par certains comme arrogant, ou hors-sol, notamment lorsqu’il se targue de trouver un travail en traversant la rue, ou qu’il “emmerde” les opposants au pass vaccinal. 

Aujourd’hui, il est aussi celui qui porte un programme marqué à droite, entre le report de l’âge de la retraite à 65 ans et sa proposition de conditionner le RSA à une activité, sévèrement critiquée par l’opposition de gauche, les syndicats et les associations de lutte contre l’exclusion. 

Les législatives, premier écueil du quinquennat ? 


L’entre-deux tours a néanmoins vu le président adoucir certaines de ses positions, notamment sur l’âge du départ à la retraite, qu'il se dit prêt à ramener à 64 et non plus 65 ans. Il a également promis que son prochain premier ministre serait directement en charge du dossier de l'écologie, et assure que l'égalité femmes-hommes sera une nouvelle fois la grande cause du quinquennat. 

Reste à voir si sa victoire sera totale : la première bataille de ce nouveau quinquennat approche à grand pas, avec les élections legislatives le 12 juin prochain. Bien que souvent présentées comme des élections de confirmation, les législatives pourraient tout de même rebattre les cartes pour les cinq prochaines années. 

Marine Le Pen  pourrait capitaliser sur son score, élevé malgré la défaite, pour asseoir un peu plus la présence du Rassemblement National à l'Assemblée. Quant à Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième au second tour, il compte sur le "ras-le-bol" des Français déçus du premier quinquennat pour forcer la cohabitation.  Il a appelé ses partisans à "l'élire Premier ministre", en votant massivement pour La France Insoumise lors de ce scrutin.