Fil d'Ariane
À quatorze jours de l’élection et à la veille de son ouverture officielle, la campagne présidentielle semble enfin prendre vie. Qui sont les candidats en tête des sondages et qui sont ceux qui font parler d’eux ?
C'est pour tous la dernière ligne droite dans la course à l’Elysée. Lundi, l'entrée en vigueur des règles rigoureuses de la campagne officielle mettra médiatiquement les 12 candidats sur un pied d’égalité.
Ce dimanche, ils ont presque tous organisé des meetings massifs, sauf Valérie Pécresse. Atteinte du Covid-19, elle s’en est tenue à un Zoom. Marine Le Pen, a comme elle aime le faire, pris le contre-pied de ses rivaux. Elle s’est rendue dans les Antilles en Guadeloupe sans prévoir de meeting mais pour y rencontrer la population. Elle y a vanté une campagne de « proximité » et non de « gigantisme », allusion à son challenger Éric Zemmour. Le candidat de « Reconquête! » a pris le parti de rassembler ses soutiens en affrétant des cars en région pour un meeting à grande échelle au Trocadéro dimanche.
Jean-Luc Mélenchon, pour la gauche radicale, lui aussi, vise les foules, fort de son succès du 20 mars où il a rassemblé à Paris des dizaines de milliers de personnes. Il a tenu un meeting à Marseille dimanche. L’écologiste Yannick Jadot a lui tenu un meeting dans l’une des plus grande salles de la capitale.
Dans son costume de chef de guerre, Emmanuel Macron caracole toujours en tête des sondages. Il rassemble 28% des intentions de vote et est considéré comme l’homme politique le plus à même de défendre les intérêts de la France à l’international (sondage IFOP). Il ne s’est pas soumis à l’exercice du meeting dimanche, trop accaparé par l’actualité internationale et la guerre en Ukraine.
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Sa côte de popularité est au plus haut depuis le début de l’année et progresse même de trois points en un mois. 42% des Français se disent satisfaits de sa présidence. À la même période de leurs mandats respectifs, les côtes de popularité des présidents Nicolas Sarkozy, Valéry Giscard d’Estaing et François Hollande se situaient respectivement à 36%, 35% et 22%.
Toutefois, le président sortant ne satisfait pas sur tous les sujets. Son action politique rassemble 56% de mécontents.
La candidate du RN n’a pas fait pour autant pâle figure sur l’île des Antilles.
Portée par des scores inégalés en Outre-mer à la présidentielle de 2017 puis aux européennes de 2019, elle a été chaleureusement accueillie à son arrivée par une quarantaine de soutiens. La Guadeloupe sort tout juste d'une crise sanitaire et sociale, née du refus de l'obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers. Marine Le Pen défend, tout comme Éric Zemmour, la "liberté" vaccinale.
Cependant, face à Emmanuel Macron dans les sondages, elle n’est pas considérée comme ayant la stature d’une présidente de la République, avec 22% d’avis favorables contre 50% pour le président sortant. Elle est aussi jugée plus inquiétante et moins capable de réformer le pays.
Lui aussi semble porté par la vague. Jean-Luc Mélenchon est crédité à 14% d’intentions de vote au 1er tour. Le candidat de l'Union populaire a confié qu'il vivait sa campagne présidentielle "la plus intéressante » : « C'est un moment historique, je sais pas si les Français le ressentent ou pas », a-t-il déclaré, faisant allusion au contexte international et à la guerre en Ukraine.
Interrogé sur Marine Le Pen, qui le devance de quelques points et avec qui il pourrait se disputer une place au second tour, il a répondu : "Elle aussi c'est sa troisième campagne, elle aussi a bâti quelque chose dans le temps, la preuve elle a résisté à l'assaut de M. Zemmour. Et elle c'est pas son père ». Sur la plage du Prado à Marseille dimanche, devant les 35.000 spectateurs revendiqués par LFI, Jean-Luc Mélenchon, très optimiste, a demandé à ceux souhaitant faire barrage au second tour, de « faire barrage dès le premier tour ».
Derrière les trois premiers candidats, Valérie Pécresse se maintient à 11,5% dans les sondages, après avoir essuyé des semaines de campagne catastrophiques. La candidate de la droite traditionnelle peine à se faire entendre, dans une campagne considérée comme difficile. L'ex-ministre de droite Jean-François Copé a souligné "la difficulté" pour Mme Pécresse, "à faire passer son message aux Français. Parce qu'aujourd'hui, ils ont la tête ailleurs ».
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En cinquième position, Éric Zemmour est crédité de 11% d’intentions de vote au 1er tour. Distancié dans les sondages, le candidat d’extrême droite abattait l'une de ses dernières cartes dimanche avec son meeting au Trocadéro qui a réuni plusieurs milliers de personnes.
Pendant son meeting, certains de ses partisans ont lancé le slogan "Macron assassin". Une sortie pas interrompue par le candidat d'extrême-droite et aussitôt condamnée par Valérie Pécresse. "Éric Zemmour laisse une foule crier 'Macron assassin'. Je combats avec force le président sortant mais laisser traiter un adversaire de meurtrier, c'est dangereux pour la République. Ce n'est certainement pas ça la droite! Ce n'est pas ça ma France!", a-t-elle écrit sur Twitter.
Le candidat écologiste Yannick Jadot, crédité de 5% d’intentions de vote, a été quelque peu ragaillardi par son bras de fer avec TotalEnergies. Il a accusé la société de « complicité de crimes de guerre en Ukraine ».
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Derrière lui, Fabien Roussel, du Parti communiste français, cumule 3,5% d’intentions de vote au 1er tour. Jean Lassale, de « Résistons ! », fait ex aequo avec la maire de Paris Anne Hidalgo avec 2% d’intentions de vote. Depuis son entrée en campagne, ses meetings n'ont pas excédé les 1.200 militants. Samedi, à Toulouse, 2.200 personnes, selon son équipe, ont donné de l'espoir à la candidate socialiste. Elle a reçu mardi le soutien de l'ex-président François Hollande et celui dimanche de l'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin.
Nicolas Dupont-Aignan, de « Debout la France », Philippe Poutou du nouveau parti anticapitaliste et Nathalie Arthaud du parti Lutte ouvrière sont crédités respectivement de 1,5%, 0,5% et 0,5% des intentions de vote au 1er tour le 10 avril.
Les 3 candidats ont à nouveau protesté dimanche.
"L'équité, c'est un mot habile pour l'inégalité", a estimé Nicolas Dupont Aignan, tandis que Jean Lassalle appelait à "résister contre ce système féroce qui est une dictature molle ». Nathalie Arthaud a dénoncé quant à elle un large "problème de pluralisme" dans la société, au-delà même de cette campagne.
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