Fil d'Ariane
La participation dimanche 19 avril à midi s'établit à 25,48% soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%).
Au bureau de vote 607 de Marseille, certains ont longtemps hésité sur le bulletin à glisser dans l’enveloppe. "Sur les douze, j’en avais sélectionné quatre hier soir, et je me suis décidée ce matin", explique Françoise Reynaud, 55 ans.
En ce dimanche ensoleillé, quelque 48,7 millions d'électeurs départagent les douze candidats à l'Elysée. Le verdict des urnes est attendu à 20h00, avec les premières estimations des instituts de sondage. La participation à midi s'établit à 25,48% soit trois points de moins qu'en 2017 (28,54%) et qu'en 2012 (28,3%), selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Elle est toutefois plus élevée de quatre points que le 21 avril 2002 (21,39%), année record pour l'abstention à un premier tour d'élection présidentielle.
À Libourne, 25 000 habitants dans la banlieue viticole de Bordeaux, vers 8h30. "On voit qu'il y a du monde, il y a de la mobilisation, par rapport aux autres élections comme les européennes ou les régionales", constate Laurence Rouède, 1ere adjointe au maire présidant le bureau de l'hôtel de ville. "Et on a eu vingt-quatre procurations, ce qui est la fourchette haute".
C’est la première fois que je peux voter pour une présidentielle, c’est tellement important pour moi de pouvoir faire partie de ceux qui choisissent !
Ali Msaidie accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) et Franco-comorien.
À Marseille, les yeux pétillants de fierté, Ali Msaidie vient juste de déposer son bulletin dans l’urne, disposée dans une salle de classe décorée de dessins d’enfants. À 53 ans, c’est la première fois que cet accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH) et Franco-comorien a le droit de voter pour une élection présidentielle en France. Il y vit depuis 21 ans. "Je me suis battu tellement d’années pour être naturalisé, avoir la nationalité française", explique-t-il à l’AFP. "C’est la première fois que je peux voter pour une présidentielle. C’est tellement important pour moi de pouvoir faire partie de ceux qui choisissent !", ajoute-t-il.
Pour d'autres, l'indécision est grande même si le vote reste un devoir. "Je les déteste tous", avoue Michèle Monnier, 77 ans, retraitée et ancienne gardienne. "Les femmes de mon époque se sont battues pour voter donc quelle que soit l'élection j'irai voter", lance-t-elle en sortant de la boulangerie.
C'est la première fois de ma vie que je ne vais pas voter. Aux législatives j'irai voter, mais là je les déteste tous.
Blandine Lehout, 32 ans, comédienne.
Gallet Rochdy, technicien de 20 ans, hésite quant à lui y aller, même s'il a fait le déplacement jusqu'au bureau de vote. "Si je n'avais pas le temps je n'y serais pas allé. Je suis là pour ne pas me sentir trop bête si l'issue du vote est vraiment catastrophique. Mais ici les trois-quarts des personnes ne votent pas donc notre voix est vraiment représentée", argumente-t-il.
Cette indécision généralisée des votants génère de l'incertitude quant au résultat, prévient le politologue Pascal Perrineau. "C'est la première élection où tant de personnes sont indécises. À peu près, un français sur deux a changé d'opinion".
(Re)voir : Présidentielle 2022 en France : les électeurs votent pour le 1er tour
L’actualité de ces derniers a fortement détourné l’attention des futurs votants. Le pays a subi une vague de Covid-19, l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la forte hausse des prix de certains produits pendant la campagne.
À suivre : DIRECT - présidentielle 2022 en France : la participation à la mi-journée en baisse par rapport à 2017
La formation de petits duels plutôt que d’un débat généralisé pousse aussi beaucoup de Français à l’indécision, explique le sondeur Frédéric Dabi (Ifp). "Nous avons une sorte d'archipélisation des débats avec de petits duels", relève le sondeur Frédéric Dabi (Ifp). C'est le cas notamment des candidats d'extrême droite Eric Zemmour et Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et la gauche fragmentée ou encore Philippe Poutou et Nathalie Arthaud. Le président sortant, Emmanuel Macron, avance de son côté seul, arrivé en campagne depuis seulement quelques semaines.
Les dernières enquêtes publiées dans la semaine promettent entre 25 et 28% des voix à Emmanuel Macron, 21,5 à 24% à Marine Le Pen, et de 16 à 18% à Jean-Luc Mélenchon. Les politologues n'excluent pas qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.