Fil d'Ariane
En France, alors que la campagne présidentielle officielle a commencé le 28 mars, TV5MONDE vous propose une série d'articles sur les programmes des douze candidats. Nous avons choisi d'explorer dix grands thèmes, très présents dans l'actualité et dans le débat public. Dix thèmes, dix articles pour vous aider à faire votre choix. Reprise de l'activité économique et guerre en Ukraine ont provoqué une hausse des prix importante. Cette inflation a remis la question du pouvoir d'achat au centre des priorités. Que proposent les candidat.e.s ?
Chez Nathalie Arthaud, la question du pouvoir d’achat s’inscrit dans un constat plus large sur la situation des salariés, "travailleurs", et de leur relation avec les dirigeants d’entreprise, "le grand patronat".
Chômage, secret bancaire et pouvoir d’achat sont différents éléments d’une même problématique, à savoir l’exploitation des hommes et des femmes dans un système capitaliste contre lequel Lutte ouvrière se bat. Quid de ce que l’on appelait autrefois "le panier de la ménagère" dans cette équation ? "Aucun salaire, aucune pension de retraite, aucune allocation en-dessous de 2 000 € ! Il faut imposer leur indexation sur le coût de la vie ! ", répond Nathalie Arthaud, opposant "nos salaires et leurs dividendes".
Selon la candidate, le salaire minimum actuel (Smic) "condamne plusieurs millions de salariés à la pauvreté".
La candidate trotskyste rejette les primes telles que celles régulièrement versées par le gouvernement pour compenser la hausse de l’essence ou des matières premières, une "aumône" estime-t-elle. Nathalie Arthaud rappelle que, lors de mai 68, les salaires ont pu être augmentés de 30% et suggère donc la même méthode pour obtenir des revalorisations : "renouer avec les luttes, les grèves, et se faire craindre du patronat et du gouvernement !"
► Les détails du programme économique de Nathalie Arthaud sont à découvrir ici.
Le candidat souverainiste voit, lui aussi, la question, du pouvoir d'achat comme le symptôme d'un mal généralisé dont souffre la France.
Pour Nicolas Dupont-Aignan, la France est ainsi affaiblie "par 40 années de soumission à une doxa mondialiste absurde et à une bureaucratie étouffante", délaissant ses activités industrielles au profit d'autres puissances comme la Chine ou l'Allemagne, estime-t-il.
Parmi les conséquences de cette "appauvrissement (...) l’Etat s’endette et aggrave la situation en multipliant les sacrifices demandés aux Français : les salaires stagnent, les taxes et les charges sociales s’alourdissent, le niveau de vie décroit, le pouvoir d’achat s’effrite et la pauvreté augmente".
En conséquence, Nicolas Dupont-Aignan propose donc des "solutions ambitieuses et concrètes (qui) enclencheront un cercle vertueux". Parmi celles-ci, une augmentation de 8% des salaires "jusquà 3 Smic", mais aussi la "réindexation des salaires des fonctionnaires et des retraites sur l'inflation" (l'augmentation du coût de la vie) ou encore un certain nombre d'aides pour les entreprises qui choisissent d'investir en France pour y recréer des emplois.
► Les détails du programme économique de Nicolas Dupont-Aignan sont à découvrir ici.
Nous sommes allés chercher la définition sur le site de l'INSEE, l'institut de la statistique économique. La voici : "L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle doit être distinguée de l'augmentation du coût de la vie. La perte de valeur de la monnaie est un phénomène qui frappe l'économie nationale dans son ensemble (ménages, entreprises, etc.). L’indice des prix à la consommation (IPC) est utilisé pour évaluer l’inflation."
En mars, en France, l'inflation s'est établie à 5,1%.
La candidate socialiste, qui se présente comme sociale-démocrate, promet "une vraie politique volontariste sur les salaires". Sa première priorité : augmenter de 200 euros net le salaire minimum (Smic) et "négocier une augmentation de salaires pour le plus grand nombre".
Anne Hidalgo estime que "chacun doit pouvoir vivre décemment de son travail".
Elle propose enfin une mesure à destination des jeunes : "Création d’un minimum jeunesse à partir de 18 ans, sous condition de ressources et attribuer 5 000 euros à tous les jeunes au 18ème anniversaire, pour financer des projets professionnels et personnels".
► Le programme d'Anne Hidalgo est disponible ici.
L'acronyme Smic signifie salaire minimum de croissance (les plus anciens l'appellent encore le Smig, il a pourtant changé de nom en 1970 !). Il s'agit, nous dit le ministère du travail du "salaire horaire en dessous duquel il est interdit de rémunérer un salarié et ce, quelle que soit la forme de sa rémunération". Il "assure aux salariés dont les salaires sont les plus faibles la garantie de leur pouvoir d’achat et une participation au développement économique de la Nation".
Son montant brut au 1er janvier 2022 était de 10,57 euros de l'heure, soit 1 603 € bruts mensuels pour 35 heures de travail hebdomadaire, 1269 euros net c'est à dire après prélèvement des cotisations. Le montant du Smic est indexé sur l'inflation.
Du fait de la forte inflation enregistrée ces quatre derniers mois, le salaire minimum légal va augmenter automatiquement le 1er mai, entre 2,4 % et 2,6 %, a annoncé le ministère du Travail. Cela représenterait une hausse de 30 à 35 euros net sur un mois.
Dans un dossier intitulé "Vivre dignement pour réussir ensemble la transition climatique", le candidat écologiste s'attèle à la question du pouvoir d'achat. Sa mesure-phare est la création d'un revenu citoyen détaillé ainsi : "Pour lutter contre la pauvreté et favoriser l’émancipation de notre jeunesse, nous instaurerons un revenu citoyen qui sera versé automatiquement à partir de 18 ans et garantira que personne ne vive avec moins de 918 €". Cette somme de 918 Euro correspond au seuil de grande pauvreté.
Invité le mercredi 6 avril sur la radio RTL, il a également promis une augmentation du Smic à 1400 euros net et affirmé vouloir "forcer la négociation sur les bas salaires".
On signalera, en outre, l'ambition de Yannick Jadot de combiner pouvoir d'achat et préoccupations environnementales : "Nous baisserons la TVA sur les produits et les services écologiques", promet-il. "Nous proposons une réforme de la TVA, dont le taux sera modulé sur une base écologique pour les produits alimentaires et pour les transports", précise encore Yannick Jadot avant de conclure : "C’est bon pour le pouvoir d’achat et pour la planète".
► Le programme de Yannick Jadot est disponible ici.
Le ministère de l'Économie explique ceci : "La taxe sur la valeur ajoutée ou TVA est un impôt général sur la consommation qui est directement facturé aux clients sur les biens qu'ils consomment ou les services qu'ils utilisent". En clair, dès que l'on achète quoique ce soit, et quel que soit notre revenu, on paie cette taxe.
Il existe quatre taux de TVA. Le taux normal de la TVA est fixé à 20 % pour la majorité des biens et des services.
Un taux de 10 % s'applique, par exemple, à la restauration ou aux billets pour les événements culturels.
Le taux de 5,5 % s'applique par exemple à l'essentiel des produits alimentaires, aux livres ou à l'électricité.
Un taux particulier de 2,1 % concerne lui, par exemple, certains médicaments ou certains journaux.
La Corse et l'Outre-mer bénéficient également d'un taux particulier.
On l'aura compris, moduler la TVA permet d'orienter telle ou telle politique publique.
Le 14 mars 2022, une partie des candidats à la présidentielle est invitée sur le plateau de la chaîne privée TF1.
Comme tout candidat, Jean Lassalle aborde la question du salaire minimum, le Smic, qu'il souhaite revaloriser à 1 400 euros net, soit "8%" d'après le candidat.
Il met aussi en avant le prix de l'essence -qui a très nettement augmenté ces derniers mois- en suggérant de "baisser la TVA sur les hydrocarburesde 20% à 5,5%". Les prix de l'eau et de l'électricité doivent, eux, être "maîtrisés".
Idée plus originale du candidat Jean Lassalle :"garantir par la Constitution et au titre de la solidarité intergénérationnelle, le maintien absolu du pouvoir d’achat des retraités face à l’inflation". Pour les plus jeunes, il suggère un "RSA étudiant (...) pour leur garantir un revenu minimum" ou encore "un prêt à taux zéro, garanti par l’Etat, pour financer ses études".
Enfin, concernant les salariés de la fonction publique, Jean Lassalle propose une augmentation des salaires de 30%.
► Le programme de Jean Lassalle est disponible ici.
Nouvelle définition glanée sur le site du ministère de l'économie : "Le revenu de solidarité active (RSA) assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer. Le RSA est ouvert, sous certaines conditions, aux personnes d'au moins 25 ans et aux jeunes actifs de 18 à 24 ans s'ils sont parents isolés ou justifient d’une certaine durée d’activité professionnelle".
Nombre d'observateurs politiques l'affirment : Marine Le Pen a marqué des points dans cette campagne, notamment face à l'autre candidat d'extrême-droite Eric Zemmour, en mettant largement l'accent sur la question du pouvoir d'achat. Il est vrai qu'en se penchant sur son programme, le sujet est omniprésent. Alors, que propose la candidate ?
Son plan consiste à favoriser le pouvoir d'achat pour dynamiser la croissance. "L’objectif, écrit-elle, sera de redonner entre 150 et 200 € par mois, par ménage, de pouvoir d’achat, notamment en baissant les dépenses contraintes". Par dépenses contraintes, Marine Le Pen entend énergies (gaz, électricité mais aussi carburants), mais aussi déplacements avec "une baisse immédiate des péages autoroutiers" et suppression de la redevance avec "privatisation de l'audiovisuel public".
Marqueur du RN, le parti de Marine Le Pen, elle promet "la priorité nationale (...) pour l’accès au logement social (qui) permettra, elle aussi, de sécuriser les revenus de nos compatriotes".
Marine Le Pen promet encore des augmentations de salaires pour les enseignants et les personnels de santé. A destination des chefs d'entreprise, "une mesure gagnant-gagnant sera proposée. Dans le cadre d’un contrat d’entreprise, elles seront exonérées de la hausse des cotisations patronales en cas d’augmentation de 10 % de tous les salaires jusqu’à 3 Smic".
► Le programme de Marine Le Pen est disponible ici.
Supprimer la redevance audiovisuelle, Emmanuel Macron l'a promis également, même si -contrairement à Marine Le Pen- il n'annonce pas, pour sa part, la suppression des radios et télévisions publiques.
Elle s'appelle en fait contribution à l'audiovisuel public, s'élève à 138 euros par an et par foyer disposant d'un poste de télévision ou d'un dispositif permettant de regarder la télé. Le site de l'ARCOM (ex-CSA, autorité de régulation) précise que la redevance "constitue la ressource principale de ce secteur public (qui) se compose de France Télévisions, d’Arte France, de Radio France, de France Médias Monde". TV5MONDE et l’Institut national de l’audiovisuel (INA), chargé de la conservation des archives audiovisuelles sont également concernés.
Le président-candidat propose également de tripler la "prime Macron". Elle est versée à environ 4 millions de Français par an, pour un montant moyen de 506 euros. Dans le programme d'Emmanuel Macron, il est proposé cette année que cette prime soit obligatoire "dans les entreprises qui versent des dividendes" à leurs actionnaires.
Emmanuel Macron propose également de baisser les charges des indépendants pour assurer un gain de 550 euros quand on gagne l’équivalent du Smic.
Pour les retraités, il promet d'"augmenter la pension minimale à taux plein à 1 100 euros par mois."
► Le programme d'Emmanuel Macron est disponible ici.
"L’envolée des prix est une menace pour la survie sociale de millions de gens et le bon fonctionnement du pays". Force est de le constater : le programme de Jean-Luc Mélenchon est le plus exhaustif et recenser toutes les mentions du "pouvoir d'achat" est une tache complexe. Le candidat de L'Avenir en commun y dresse un bilan très critique de l'action du président sortant. Aussi, que propose-t-il si, à son tour, il accède à la présidence de la République ?
Concernant la flambée des prix, Jean-Luc Mélenchon suggère de bloquer les prix des produits de première nécessité, "notamment du carburant et de l’énergie", mais aussi "rendre gratuites les quantités vitales d’eau, d’électricité et de gaz", ou encore "assurer la gratuité des protections périodiques".
Àpropos des revenus, le candidat insoumis annonce qu'il "portera le Smic à 1400 euros" et qu'il souhaite "garantir un revenu minimum mensuel au seuil de la pauvreté".
La "version abrégée" de son programme est à découvrir ici. Elle est notamment illustrée par des comparatifs avec les autres candidats.
► Le programme de Jean-Luc Mélenchon est disponible ici.
La candidate de la Droite républicaine veut "permettre à tous les Français de vivre dignement". C'est le titre de son chapitre consacré au pouvoir d'achat. Pour elle, cela passe par "un effort individuel et collectif et par la réhabilitation du travail et du mérite".
Parmi ses slogans, un "travailler plus pour gagner plus" qui rappelle la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, il y a quinze ans.
Comment Valérie Pécresse compte-t-elle parvenir à ses fins ? Parmi les promesses faites par la candidate LR à la présidentielle, "une retraite au moins égale au Smic" pour tous les Français "qui ont travaillé toute leur vie".
Pour les actifs, Valérie Pécresse souhaite des heures supplémentaires "totalement défiscalisées".
Elle veut également une "hausse du salaire net de 10 % en 5 ans
pour tous ceux qui gagnent moins de 2 800 € nets/mois", précisant que "cela représente au moins 500 euros de plus par an en 2023", soit moins d'1,40 euro par jour lui faisait récemment remarquer un journaliste de M6.
Sur le volet "coût de la vie", la candidate de droite désire que les employeurs prennent en charge "une partie des frais d'essence de leurs salariés". Elle souhaite aussi supprimer la redevance audiovisuelle ainsi que la TVA sur la facture électrique.
► Le programme de Valérie Pécresse est disponible ici.
Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste aborde la sujet du poIvoir d'achat dans un chapitre intitulé "l'urgence sociale". Avec ce constat : "si les prix augmentent, les salaires doivent suivre !". Philippe Poutou estime donc que "les écarts de salaires ne devraient pas s’étendre au-delà de cinq fois le Smic. "
Il propose que le salaire minimum soit fixé à 1800 euros et que tout le monde soit augmenté d'au moins 400 euros.
Concernant le coût de la vie, le candidat trotskyste considère que "les prix doivent être surveillés et encadrés par des représentant·e·s des consommateurs·trices". Il s'attaque, en outre, à la TVA payée par toutes et tous "indépendamment des revenus". Il souhaite donc sa suppression, à commencer par les produits de première nécessité.
Pour les jeunes, Philippe Poutou propose la "mise en place d’un pré-salaire d’autonomie pour tou·te·s les jeunes". Il souhaite égaleme,nt que les adultes handicapés et les retraités bénéficient d'un meilleur traitement.
► Le programme de Philippe Poutou est disponible ici.
Avec Fabien Roussel, c'est le grand retour du Parti communiste dans la course à la présidentielle après deux scrutins pour lesquels le parti s'était désisté au profit de Jean-Luc Mélenchon.
Que propose donc le PCF sur le thème du pouvoir d'achat ? La question des salaires intervient dès les toutes premières lignes de son programme baptisé "La France des jours heureux".
Fabien Roussel propose "une révolution du travail et la revalorisation des salaires". Dans le détail, il écrit par exemple : "le Smic horaire sera augmenté pour atteindre rapidement 1 500 euros net par mois (...) Les salaires de la fonction publique seront augmentés de 30 %."
Pour les jeunes, le candidat communiste prévoit aussi d'ouvrir le RSA aux moins de 25 ans.
Sur le coût de la vie, on notera qu'il propose, lui aussi, de baisser les impôts indirects comme la TVA ou la TICPE (taxe sur les produits énergétiques).
► Le programme de Fabien Roussel est à découvrir ici.
Selon le candidat "Reconquête", "les prélèvements obligatoires représentaient 47 % du PIB (la richesse produite sur le territoire français, NDLR) en 2019, nous travaillons donc près de la moitié de l’année pour assumer le train de vie de l’État."
En priorité, Eric Zemmour veut donc en priorité s'attaquer aux impots. Il le promet: "Mon projet sera fondé sur le principe suivant : 'Taxer moins pour gagner plus'". Au programme, augmentations de salaires pour tous et toutes. "Cette mesure sera financée par la suppression des aides sociales non contributives pour les étrangers extra-européens", explique-t-il. Concrètement, il s'agit, selon Eric Zemmour, de baisser les "charges sociales", d'exonérer d'impots les heures supplémentaires, ou encore -mesure qui a fait réagir les organisations écologistes, la "prise en charge par les employeurs de 50% des frais d’essence entre le domicile et le lieu de travail".
► Le programme d'Eric Zemmour est à découvrir ici.