Fil d'Ariane
Ils ont eu près de deux heures et trente minutes pour convaincre les 15,6 millions de Français, qui ont regardé le débat de l’entre deux tours le 20 avril. Malgré un faux départ sans conséquence, Marine Le Pen semblait plus à l’aise que lors du précédent débat de 2017. Cependant, la presse française s’accorde pour dire que c’est Emmanuel Macron, le président sortant, qui a (une nouvelle fois) l’avantage sur ce débat.
Entre les désaccords sur la question ukrainienne, une rude passe d'armes autour du voile, le débat a été marqué par plusieurs piques et attaques. L’événement a aussi permis de montrer plusieurs points sur lesquels les programmes des candidats divergent, comme avec l’Europe et l’écologie.
Le débat s’est ouvert sur la question du pouvoir d’achat, plébiscitée par Marine Le Pen. La candidate d’extrême droite s’était accaparée cette thématique lors de sa campagne. « Je veux faire du pouvoir d’achat la priorité de mon quinquennat », affirme-t-elle. Elle reproche à Emmanuel Macron d’avoir augmenté les taxes au cours de son quinquennat. Selon elle, « l’augmentation de la taxe carburant a notamment déclenché la crise des gilets jaunes. »
Face à elle, le président sortant Emmanuel Macron se défend : « ce que je souhaite, c’est que face à la montée des prix de l’énergie, j’émette un bouclier. » Pour lui, « la meilleure façon de lutter pour le pouvoir d’achat, c’est de lutter contre le chômage. » Il critique la vision de Marine Le Pen : « la baisse de TVA que vous proposez est injuste car il va falloir payer ».
L’un des moments les plus marquants de ce débat est probablement l’échange des deux candidats sur leurs positions internationales. En évoquant la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a vivement critiqué son adversaire pour ses « positions historiques » à propos de la Russie. « Vous avez été pour l’annexion de la Crimée, affirme le président sortant. Vous dépendez du pouvoir russe et de Monsieur Poutine (…). Vous parlez de votre banquier quand vous parlez de la Russie. » Pour rappel, Marine Le Pen est toujours en train de rembourser un prêt d’environ neuf millions d’euros à un créancier russe.
Face à cela, Marine Le Pen se défend d’être « une femme absolument libre. » C’est à ce moment qu’elle ressort une photocopie d’un tweet datant de 2014, sur lequel elle affirme soutenir « une Ukraine libre. » « Si j’ai été obligée de contracter un prêt à l’étranger, c’est parce qu’aucune banque française ne voulait me prêter de l’argent », explique-t-elle.
La laïcité ce n’est pas combattre une religion. Emmanuel Macron, candidat à l'élection présidentielle
Un des thèmes qui oppose le plus les deux candidats à l’élection présidentielle est celui de la laïcité. D’un côté, Marine Le Pen affirme vouloir « mettre en place une loi contre l’idéologie islamiste. » Elle considère que la politique actuelle n’est « pas assez fermes à ce sujet. » Favorable à « l’interdiction du port du voile dans l’espace public », elle insiste sur le fait qu’il faille « libérer ces femmes. »
De l’autre côté, Emmanuel Macron considère que « la laïcité ce n’est pas combattre une religion. » Il estime que la proposition de son adversaire est « contraire à l’esprit français. » Aussi, il rappelle que « l’islamisme n’est pas l’islam » et que « les musulmans veulent pouvoir vivre tranquillement. »
Évoquée lors du volet international du débat de l’entre deux tours, la thématique européenne a montré les fortes divergences entre les programmes des deux candidats. D’un côté, le président sortant prône la « solidarité européenne ». « Je crois dans l’Europe et le couple franco-allemand », affirme-t-il. Il reproche à Marine Le Pen de vouloir « faire bande à part. »
Il n’y a pas de souveraineté européenne parce qu’il n’y a pas de peuple européen.Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle
De son côté, la candidate d’extrême droite « souhaite rester dans l’UE et la faire modifier profondément pour faire émerger une Europe des nations. » Selon Marine Le Pen « il n’y a pas de souveraineté européenne parce qu’il n’y a pas de peuple européen. » « Je suis en désaccord avec les accords de libre-échange, avec la politique des travailleurs détachés », affirme-t-elle.
La cinquième thématique évoquée lors de ce débat portait sur les enjeux liés à l’environnement. Emmanuel Macron reconnaît que « nos importations qui nous posent le plus de problèmes, c’est notre dépendance aux hydrocarbures. » Il considère que le programme de Marine Le Pen autour de l’environnement n’a « ni queue ni tête » et lui reproche de vouloir démanteler les éoliennes. « Ça va coûter un argent fou, je pense que l’argent public pourrait être mieux utilisé. »
En guise de réponse, Marine Le Pen attaque le président sortant sur sa volonté de favoriser le développement de l’éolien en mer, partout, sauf « en face du Touquet. » Par ailleurs, la vision de l’écologie qu’elle cherche à promouvoir est radicalement différente de celle de son adversaire. « J’ai construit mon programme en fonction du localisme, afin de consommer un maximum sur place, qu’on arrête d’importer nos fruits et légumes. »