Tous les sondages d'après-débat montrent qu'Emmanuel Macron a semblé plus convaincant que Marine Le Pen. Ces enquêtes ne prédisent en rien l'issue du second tour mais donnent une indication des zones d'incertitudes que les deux candidats doivent combler alors que la période de réserve commence samedi 23 avril à minuit.
À quatre jours du scrutin, avant le débat, des tendances s'étaient déjà dessinées.
Lire : Macron-Le Pen : que disent les sondages à 4 jours du second tour de l'élection présidentielle ?Depuis le premier tour, 32 enquêtes ont été réalisées par des instituts. Toutes donnent le président-candidat en tête des intentions de vote. L’écart se creuse légèrement avec la candidate d’extrême-droite.
La dixième vague de l’enquête
Ipsos Sopra Steria, publiée le 20 avril confirme cette dynamique. Emmanuel Macron est donné en tête avec
56% des intentions de vote, contre
44% pour Marine Le Pen, avec une marge d’erreur de 1,1 point.
Le débat a-t-il fait changer l'opinion ? Apparement non. L'écart est sensiblement le même qu'au 1er tour avec quelques variations de points selon les instituts. Le candidat président dévance son opposante d'environ dix points.
Emmanuel Macron en tête
Emmanuel Macron recueillerait
53% des voix et Marine Le Pen resterait à
47 % selon un sondage réalisé par
Odoxa-Mascaret pour l'hebdomadaire L'Obs jeudi 21 avril après-midi sur un échantillon de Français ayant l'intention d'aller voter dimanche.
Pour
BVA, Emmanuel Macron est crédité de
55,5% des intentions de vote, contre
44,5% pour Marine Le Pen.
Selon une
compilation de sondages réalisée par le Huffington Post, Emmanuel Macron serait ce vendredi 22 avril matin à
56,3% contre
43,7 % à Marine Le Pen, dépassant son niveau début avril.
Voir : Présidentielle 2022 : Grand débat de l'entre-deux-tours, que faut-il retenir ?
Depuis le début de la campagne, Emmanuel Macron arrive toujours devant Marine Le Pen. Et c'est une enquête réalisée par
Ipsos quelques heures après le débat de mercredi soir pour le quotidien Le Parisien et France info qui donne l'avantage le plus conséquent au président sortant : 15 points d'avance (
57,5 % contre
42,5 %).
Ces tendances se confirmeront-elles dans 48 heures ? Rien n'est moins sûr. Elles vont dépendre de la mobilisation des électeurs dimanche. Ce sont eux et eux seuls qui détiennent les clés de l'élection, ces sondages n'étant que la photograhie à l'instant T de leur réalisation. Et cet instantané est très favorable à Emmanuel Macron.
Qui a été le plus convaincant ?
Selon un sondage
Elabe pour L'Express, BFM et en partenariat avec SFR, mené à la fin de l'émission sur 650 téléspectateurs âgés de plus de 18 ans,
59 % des personnes interrogées ont jugé Emmanuel Macron plus convaincant, tandis que
39 % ont jugé que Marine Le Pen apparaissait comme meilleure à la sortie de la joute verbale.
2 % en ressortent sans opinion.
Voir : Présidentielle 2022 : convaincre à tout prix pour remporter l'élection
Selon une étude
Odoxa-Backbone Consulting pour le quotidien
Le Figaro, Emmanuel Macron est le candidat qui a le plus convaincu - mais de peu - les Français (
30%) face à Marine Le Pen. Par rapport à 2017, le président-candidat n'a pas creusé l'écart. Bien au contraire : il n'est que de 7 points par rapport à la nationaliste quand il était de 30 il y a cinq ans.
Les électeurs déjà acquis à la cause des candidats les ont jugés convainquant à plus de
85%. Mais c'est dans le vote mélenchoniste que l'on voit une grande différence. En effet
61% d'entre eux ont jugé le président sortant plus convainquant contre
39% pour Marine Le Pen selon l'institut
Elabe. Dynamisme, changement, sincérité ...
Cette enquête d'
Elabe menée après le débat pour la chaîne tout info BFM nous renseigne sur d'autres ressentis des électeurs. Ils ont été
49% à trouver Emmanuel Macron plus dynamique que Marine Le Pen (
31%).
Les deux candidats se démarquent sur la question de leur capacité à faire changer les choses :
51% des sondés estiment que la candidate du RN en est capable contre Emmanuel Macron (
29%). Ils sont
20% à penser qu'aucun des deux candidats sera celui du changement.
Le débat n'a pas convaincu sur la sincérité des deux candidats ni sur leur écoute de leurs préocuppations. Sur ces deux sujets, Emmanuel Macron a été jugé sincère par
36% des sondés, Marine Le Pen par
34%. Marine Le Pen est estimée plus proche des préoccupations des Français par
37% des sondés et Emmanuel Macron uniquement par
34%.
Mais ils sont
50 % à la juger plus inquiétante, contre
25% pour Macron. Un président sortant considéré arrogant par
50% des sondés. Reparti sur le terrain jeudi 21 avril à Saint-Denis, ville dirigée par un socialiste et où Jean-Luc Mélenchon a obtenu
61,13% des voix au premier tour, il a répondu d'ailleurs aux interpellations des badauds sur son
"arrogance" pendant le débat.
Pas de modification de l'opinion
Le débat, finalement, aura surtout confimé les impressions que les électeurs se font des deux candidats selon l'étude
Odoxa-Mascaret commandé par l'hebdomadaire L'Obs.
58% de l'échantillon voient en Macron le "
président des riches",
60% considèrent qu'il
"divisera à nouveau le pays s'il est élu" et
58% trouvent
"pas sympatique". Des chiffres identiques à peu de chose près aux précédents sondages.
Même constat pour Marine Le Pen.
65% des personnes interrogées pensent qu'elle
"divisera le pays",
56% la considèrent
"raciste" et
55% "démagogique". Mais ils la jugent plus
"sympatique" (
50%) soit 9 points de plus que Macron et
"plus proche des gens" (
59 %) soit 32 points de plus que le président sortant.
Voir : Présidentielle 2022 : "Marine Le Pen disposait d'un sérieux atout, son ancrage dans certaines catégories sociales"
Les Français choisiront-ils celui qui paraît le plus "présidentiable" ou celle qui est la plus "sympatique" et "proche des gens" ?
L'inconnue du vote Mélenchon
Les deux concurrents tentent de rallier les électeurs du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième le 10 avril, talonnant Marine Le Pen avec près de 22% des voix. Ils s'efforcent ainsi de conjurer l'abstention qui, selon les experts, sera le grand arbitre du scrutin, en période de vacances scolaires.
Voir : Présidentielle en France : Mélenchon arbitre du second tour
"Plus l'abstention sera forte et plus l'écart des intentions de vote est amené à se réduire", prévient Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de la prestigieuse école de Sciences Po à Paris (Cevipof), pointant "un vrai risque pour Emmanuel Macron".
Jean-Luc Mélenchon, troisième du premier tour, n’a pas donné de consignes claires en faveur d’Emmanuel Macron. "Pas une voix au RN" ne signifie pas qu’il faille voter Macron. Or selon un sondage Odoxa-Mascaret pour l'hebdomadaire L'Obs, les électeurs du leader des "insoumis" qui iront aux urnes (beaucoup s’abstiendront) ne sont qu’une minorité (43 %) à se préparer à voter Macron. Ils sont 33 % à compter voter blanc ou nul (25 %) ou à ne pas encore savoir ce qu’ils voteront dimanche (8 %). Et ils sont tout de même 24 % à souhaiter transgresser la consigne de leur leader en votant Le Pen.
Selon une étude de BVA pour Orange et RTL, la campagne d'entre les deux tours aurait "diabolisé" la candidate du Rassemblement National. Les électeurs de Valérie Pécresse (48% ; +9), de Yannick Jadot (58% ; +12) mais aussi d’Anne Hidalgo (62% ; +17) et de Fabien Roussel (42% ; +7) sont bien plus nombreux qu’il y a une semaine à déclarer vouloir voter pour Emmanuel Macron.
Voir : Présidentielle 2022 : dernières heures de campagne pour Marine Le Pen et Emmanuel Macron
Marine Le Pen peut compter sur le report des votes d’une très large part des électeurs d’Éric Zemmour (80%). Seulement une petite minorité d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon (18%) et de Valérie Pécresse (21%) ont l'intention de voter pour elle.
Un record d'abstention attendu
La part des voix en faveur des candidats éliminés au premier tour représente en tout 49% des votes exprimés. Vont-ils se décider pour le président sortant ou pour la candidate du Rassemblement national ? Rien n'est moins sûr. L'abstention constitue donc la grande inconnue de ce deuxième tour.
Lire : Présidentielle 2022 : "On a l'impression de revenir en arrière"
L'étude Ipsos pour le quotidien Le Parisien prédit une participation "faible, entre 71% et 75%. Si tel était le cas, nous pourrions enregistrer dimanche une abstention jamais vue pour un second tour d'élection présidentielle depuis 1969" estime Brice Teinturier.
Selon l’étude
Odoxa-Mascaret pour L’Obs, cette élection devrait se caractériser par un record d’abstention et de vote blanc et nul :
41 % des électeurs disent qu’ils voteront avant tout pour faire barrage à l’un ou à l’autre des deux finalistes, alors que seulement
39 % voteront par adhésion.
Une fracture de l'électorat bien analysée également par BVA qui estime que si Emmanuel Macron est élu dimanche, il sera confronté à une part importante de Français qui auront voté pour lui par défaut.
Lors de sa dernière interview, accordée à BFM, en fin d'après-midi à Figeac dans le Lot, Emmanuel Macron - répondant sur les sondages lui donnant 9 points d'avance sur Marine Le Pen - disait qu'on ne peut pas savoir qui va voter le jour J.
"C'est nous tous qui allons décider ce qui va se passer le 24 avril, pas les sondages du 22."