Fil d'Ariane
Le 1er janvier, la France a pris la présidence tournante de l'Union européenne jusqu'à la fin du mois de juin, ce qui place l'Europe au centre des enjeux actuels. Par ailleurs, le Brexit, encore récent, reste dans les esprits. Parmi les enjeux importants de cette campagne présidentielle figure donc la place de la France au sein de l’Union européenne (UE).
L'Union Européenne, qu'est-ce que c'est et à quoi ça sert ?
Faut-il aller vers des politiques communes avec les États-membres ? Faut-il exiger que la Banque centrale européenne rachète les dettes publiques ? Quid de la libre-circulation des étrangers entre les États-membres ? Voici les différentes propositions des principaux candidats à l’élection présidentielle.
Candidate pour le parti de droite Les Républicains (LR), Valérie Pécresse est favorable à une refonte des accords de Schengen de libre circulation des personnes, tout comme le sont Marine Le Pen et Éric Zemmour. Pour cela, elle veut systématiser le contrôle biométrique à l’entrée du territoire, réviser les règles d’expulsions des sans-papiers dans l’UE et renforcer les moyens de Frontex, l'agence européenne de garde-frontières et de gardes-côtes.
Autre mesure commune avec l’extrême droite : la candidate LR souhaite mettre fin aux élargissements de l’UE. Valérie Pécresse souhaite aussi jouer la carte de la primauté des intérêts français, notamment pour ce qui est des licences de pêches menacées en raison du Brexit.
Comment l'Union européenne surveille ses frontières ?
Alors qu’en 2017, la candidate du Rassemblement National (RN) Marine Le Pen souhaitait sortir de l’UE et abandonner l’euro, ces propositions ne sont plus à l’ordre du jour. « Je prends des décisions qui sont dans l’intérêt des Français en fonction de la situation actuelle », avait-elle expliqué à France Télévisions pour expliquer son renoncement à ces mesures pour sa campagne de 2022. Désormais, Marine Le Pen exprime le souhait de refonder l’Europe de l’intérieur.
Une fracture entre la gauche et la droite par rapport aux institutions européennes
Pour y parvenir, la candidate d’extrême droite souhaite faire passer le droit français avant le droit européen. Par ailleurs, elle axe une grande partie de son programme sur la question migratoire. Pour elle, la refonte de l’espace Schengen et de Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières, sont des priorités.
Le candidat d’extrême-droite pour le parti Renaissance Éric Zemmour formule trois grandes propositions en matière de politique européenne. Tout d’abord, s’il est élu, il souhaite défendre les intérêts des Français.
Ensuite, tout comme Marine Le Pen, Éric Zemmour souhaite faire passer le droit français avant le droit européen. Une autre proposition qu’il partage avec Marine Le Pen est celle du contrôle des frontières pour gérer la politique migratoire.
Enfin, le candidat d’extrême-droite souhaite mettre en avant une « Europe des Nations ». Plus largement, Éric Zemmour souhaite interrompre le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE et refuser tout élargissement de celle-ci.
Sécurité renforcée contre dignité de l'accueil
En matière de politique migratoire, deux camps semblent s’opposer dans cette campagne présidentielle.
Candidat du parti Debout la France, Nicolas Dupont-Aignant prône la construction d'une "Europe des Nations libres autour de projets concrets servant le peuple."Pour cela, s'il est élu, il envisage la suspension des dispositions qu'il juge "contraire à l'indépendance de la France." Parmi elles : l'espace Schengen et les travailleurs détachés.
Le CETA, un accord controversé
Le candidat de Debout la France souhaite aussi renoncer à tout accord de libre-échange international, comme le CETA, avec le Canada, ou le TAFTA. Il veut également renégocier le traité de l'Union Européenne. Faute de réussite de négociations, il serait question de quitter l'UE.
Jean Lassalle, candidat pour le parti Résistons souhaite que la France soit plus concernée par les prises de décisions européennes. Parmi ses propositions, il souhaite instaurer un débat au parlement français, sur toute législation de niveau européen, plutôt que de se contenter de l'approuver par ordonnance.
Il veut aussi que la coopération entre les États-membres se fasse au cas par cas, en fonction des projets. Il envisage également de "revoir la participation financière de la France au budget européen."
Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, souhaite renforcer les frontières européennes en allant "au bout de la réforme de Schengen."
Il veut aussi renforcer l'autonomie européenne sur le volet énergétique, technologique et militaire. S'il est réélu pour un second mandat, le président sortant envisage également d'instaurer une taxe carbone "aux frontières de l'Europe pour éviter la concurrence déloyale."
De son côté, le candidat de la France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon propose de rompre avec les traités européens actuels et donc en négocier de nouveaux, pour réinventer l’Europe. Pour cela, il souhaite que les États membres récupèrent leur souveraineté budgétaire mais aussi mettent en place un protectionnisme écologique et modifient le statut de la Banque centrale européenne (BCE).
Qu'est-ce que la Banque Centrale Européenne ?
Il s'agit de la banque centrale des 19 pays membres utilisant l'euro comme monnaie. Elle sert notamment à sauvegarder la valeur de l'euro en maintenant la stabilité des prix.
Le candidat Insoumis dresse ensuite dix priorités pour l’Europe. Parmi elle, il y a notamment la lutte contre l’évasion fiscale, mais aussi contre l’austérité avec l’abrogation de la règle du déficit ne devant pas dépasser 3% du PIB pour les États-membres.
Yannick Jadot, candidat Europe Écologie les Verts (EELV) à l’élection présidentielle souhaite tout d’abord faire adopter un traité environnemental européen « qui permettra de donner une valeur juridique supérieure à la protection de l’environnement », mais aussi mettre en place un budget européen dédié à la transformation écologique.
S’il est élu, il veut également mettre en place un « Buy european act », qui permettrait de faire passer les investissements européens avant les investissements étrangers. Il est également en faveur d’un meilleur accueil des migrants et propose de renégocier l’accord migratoire entre la France et le Royaume-Uni et le Règlement de Dublin.
Candidate pour le parti Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud estime qu'une "Europe réellement unie serait un progrès." Elle prône la mise en place des "États socialistes d'Europe", qui prend la forme d'une Europe sans frontières, où les travailleurs se sont débarassés du capitalisme.
Elle considère également que les États souverains, prônés dans les programmes des candidats de droite, "n’ont jamais été autre chose que les instruments des bourgeoisies nationales pour imposer leur dictature sur leur population."
La candidate du Parti socialiste (PS) à l’élection présidentielle française Anne Hidalgo formule plusieurs propositions au sujet de l’Europe dans son programme. Tout d’abord, elle souhaite renforcer les obligations de transparence fiscale des multinationale et d’augmenter le contrôle du Parlement européen sur les paradis fiscaux en Europe.
La candidate socialiste souhaite aussi que l’Union européenne devienne un moteur de la transition écologique. Cette mise en œuvre passerait par l’instauration d’une TVA verte, c'est-à-dire de réduire le montant de cette taxe sur les produits issus du recyclage, de l’agriculture biologique, etc.
Tout comme son homologue Insoumis, le candidat du Parti Communiste Français (PCF) Fabien Roussel souhaite lutter contre les paradis fiscaux à travers la mise en place d’un taux d’imposition minimum à 25% et du prélèvement à la source des bénéfices des multinationales.
À l’instar de Yannick Jadot, le candidat communiste souhaite mettre en place un pacte pour le climat et l’urgence sociale. Il chiffre celui-ci à 900 milliards d’euros annuels.
La coopération et le partage sont au cœur du programme de Fabien Roussel. C’est pourquoi le candidat s’engage, s’il est élu, à favoriser ces deux actions dans les régions frontalières, notamment pour les travailleurs transfrontaliers.
Tout comme Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) souhaite rompre avec les traités européens. Selon lui, ces traités sont "antidémocratiques" et favorisent "la concurrence libre et non-faussée."
Le candidat anticapitaliste prône aussi la liberté de circulation pour les migrants, ainsi qu'un accueil digne et le droit d'asile pour ceux fuyant des persécutions.