Présidentielle américaine : quels programmes économiques pour Kamala Harris et Donald Trump ?

Pour la première fois dans la campagne électorale américaine, les électeurs font davantage confiance à la candidate démocrate, Kamala Harris qu’au candidat républicain Donald Trump sur un sujet majeur, l’économie. Les candidats auront jusqu’au scrutin du 5 novembre pour convaincre les Américains. Mais que proposent leurs programmes sur le plan économique ? 

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Ce photo-montage montre la vice-présidente Kamala Harris, à gauche, le 7 août 2024, et l'ancien président républicain Donald Trump, le 31 juillet 2024.

Ce photo-montage montre la vice-présidente Kamala Harris, à gauche, le 7 août 2024, et l'ancien président républicain Donald Trump, le 31 juillet 2024.

(AP Photo/Charles Rex Arbogast)
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Une enquête du Financial Times et de l'Université du Michigan publiée le 7 août, l’affirme. Les Américains font plus confiance à Harris qu’à Trump pour gérer l’économie du pays, et ce à 42% contre 41%. 

De nombreux observateurs ont tendance à décrire le ticket démocrate Harris-Walz comme étant le plus à gauche depuis les années 80. Donald Trump n’hésite d’ailleurs pas à taxer le programme Harris de "communisme", idéologie politique la plus controversée au pays de l’oncle Sam. 

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Kamala Harris devrait être intronisée officiellement comme candidate à la présidentielle américaine lors de la convention démocrate qui se tiendra à Chicago du 19 au 22 août.

Pour Kamala Harris : un programme à gauche

Néanmoins, elle dévoilait déjà son programme économique lors d'un discours en Caroline du Nord ce vendredi 16 août.  La classe moyenne américaine est clairement dans sa ligne de mire électorale. 

Le programme démocrate tourne autour de quatre points majeurs.

  • Réduire le coût de la vie

Au début du mandat de Joe Biden, l’inflation avait atteint les 20%, en partie à cause de l’épidémie de Covid. Les politiques du locataire de la Maison Blanche ont fait retomber l'inflation en dessous de la barre des 3% en juillet. 

La nouvelle candidate démocrate évite cependant le terme d’”inflation” pour plutôt parler de “vie chère”. Pour lutter contre cela, la vice-présidente mise avant tout sur une hausse du salaire minimum, des congés payés pour les travailleurs, et une taxation des entreprises. Elle promet de ne pas augmenter les impôts des ménages gagnant moins de 400 000 dollars par an et propose en outre, un dispositif législatif qui interdirait l’augmentation abusive des prix de l’alimentation et du carburant

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  • Améliorer l’offre de logement : 

Pendant la pandémie du Covid-19, de nombreux Américains ont quitté leur appartement dans les grandes villes pour s’installer dans des maisons individuelles. Les coûts des prêts immobiliers ont alors flambé. Kamala Harris propose donc la construction de 3 millions de nouveaux logements pour lutter contre la “pénurie” dans ce secteur et de lutter contre les loyers trop élevés. S’ajoute à cela une promesse d’aide de 25 000 $ pour un premier achat immobilier et des lois censées décourager la spéculation immobilière.

  • Baisser les frais de santé : 

Mais la Vice-présidente ne s’arrête pas là. Elle a aussi des projets en matière de santé. Elle veut étendre à toute la population la mesure prise par Joe Biden de réduire de moitié, voire des trois quarts le coût des médicaments essentiels pour les personnes âgées, assurée par le système public Medicare. Par exemple, aujourd’hui, le coût de l’insuline pour les séniors plafonne à 35$. Kamala Harris promet ce plafonnement pour tous. 

Elle assure également pouvoir annuler la dette médicale de millions d’Américains. 

  • Aide à la naissance : 

Kamala Harris propose des aides fiscales pour les familles. Elle promet notamment de rétablir un crédit d’impôts datant de la pandémie pour les familles accueillant un nouveau-né, d’un montant de 6000 $.

Kamala Harris se tourne vers une approche à taille plus humaine, contrairement aux promesses de son prédécesseur Joe Biden, il y a 4 ans. A l’époque, ce dernier avait tout misé sur les grands investissements et la création en masse d'emplois industriels, s'appuyant sur les besoins du pays en pleine crise du Covid.

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Pour Donald Trump : du protectionnisme et de l'isolationnisme

"La camarade Harris à fond dans le communisme !" Donald Trump ne saurait mieux exprimer son désaccord idéologique et économique avec sa concurrente démocrate qu'avec cette attaque. 

L’ancien président revient, lui, au crédo principal des Républicains, quand il s’agit d’économie.

  • Tout miser sur le protectionnisme : 

En effet, Donald Trump propose une taxe de 10 % sur toutes les importations afin de protéger les industries américaines de la concurrence étrangère, et ce dès son premier jour de mandat. Cette mesure vise selon lui à encourager la production nationale et à réduire le déficit commercial. Les effets pourraient au contraire être une hausse de l’inflation et une baisse de la croissance. Ces tarifs douaniers pourraient être encore plus importants concernant les importations chinoises, révoquant ainsi le statut de la nation la plus favorisée appliqué jusque là à la Chine.

  • Baisser les impôts pour les entreprises : 

Donald Trump veut prolonger les baisses d’impôt en faveur des riches et des entreprises qu’il a initiées lors de son premier mandat et qui arrivent à expiration en 2025. L’impôt sur les bénéfices est actuellement à 21% et pourrait baisser à 20, puis 15%. Selon l’idéologie trumpiste, baisser les impots des entreprises pourrait encourager les investissements et les ménages et augmenter le pouvoir d'achat. Il vise également à simplifier le code fiscal.

  • Améliorer le pouvoir d’achat par une politique énergétique  : 

Et justement, ses promesses pour agir sur le pouvoir d’achat des Américains impliquent des méthodes bien différentes de celles de sa rivale. 

Pour Donald Trump, il faut alors multiplier les forages pétroliers et gaziers aux Etats-Unis. Il prévoit donc d’étendre la production d’énergies fossiles (pétrole et gaz) pour assurer l'indépendance énergétique du pays. Les régulations environnementales en cours dans le monde entier sont pour Trump de véritables freins à la croissance économique. 

Lors d’un discours en Caroline du Nord le mercredi 14 août, Donald Trump s’est improvisé professeur d’économie pour expliquer les effets de l’inflation depuis que Joe Biden est au pouvoir. 

L’ancien président s’est muni de deux paquets de bonbons mentholés pour illustrer la flambée des prix des denrées alimentaires. Dans une main, un paquet de taille standard, et dans l’autre un paquet minuscule. Raillant ainsi l’incapacité des démocrates à contenir la hausse des prix, Donald Trump a assuré qu’avec son programme, les prix n’augmenteraient plus. 

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  • Réduire l’immigration : 

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C’est la bête noire de Trump. Dans son idéologie, les étrangers sont responsables de la baisse des salaires et des pertes d’emplois. Il promet "le verrouillage de la frontière et l’arrêt de l’invasion des migrants", ou encore de mener "la plus grande opération de déportation dans l’histoire de l’Amérique". Cette dernière proposition pourrait viser plus de 10 millions d’étrangers sans papiers aux Etats-Unis. Le slogan très nationaliste du programme de Trump prend toute son ampleur : "Si nous n’avons pas de frontière, nous n’avons pas de pays…"