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Présidentielle au Pérou : tout sauf Keiko ?

Au cri de "Fujimori, plus jamais", 50.000 personnes ont défilé mardi soir dans la capitale péruvienne, Lima, contre la candidature de Keiko Fujimori. La fille de l'ancien président Alberto Fujimori fait figure de favorite à cinq jours de la présidentielle.

La foule, des jeunes majoritairement, s'est rassemblée sur la place San Martin, dans le centre de la capitale, avant de défiler dans le calme jusqu'au siège de la commission électorale, scandant des slogans tels que "Keiko, ça va pas" ou "Plus jamais Fujimori".

La marche, longue de 3 km, a pris fin au bout d'un peu plus d'une heure et sans incident, a constaté l'AFP. Environ 50.000 personnes y ont participé, selon les estimations d'une responsable gouvernementale fournies à l'AFP, et sous haute sécurité - environ 2.500 policiers.

"Je veux que le monde sache que les Péruviens sont indignés par l'éventualité qu'une fille de corrompu soit présidente", Patricia Salazar, enseignante de 57 ans

24 ans après l'autogolpe

Les collectifs réunis sous le nom de "Non à Keiko" qui organisent cette marche n'avaient pas choisi la date du 5 avril par hasard: elle correspond à l'anniversaire de l'"autogolpe".

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Des manifestants portent des masques à partir des portraits de Keiko Fujimori et de son père Alberto Fujimori, Lima (Pérou), 5 avil 2016.
©AP Photo/Rodrigo Abd

Faute de majorité, le 5 avril 1992, avec l'appui des forces armées, Fujimori père avait dissous le parlement et suspendu la constitution. En novembre, il avait convoqué des élections à une constituante. Une nouvelle constitution avait été adoptée un an plus tard, avant qu'il ne soit réélu en 1995. Âgé de 77 ans, celui que les Péruviens surnomment, malgré ses origines japonaises, « El Chino », est en prison, où il purge une condamnation à 25 ans de réclusion pour plusieurs massacres commis pendant sa présidence (1990-2000) au nom de la lutte contre le Sentier Lumineux, ainsi que pour des faits de corruption.

Ces jours-ci, le mot d'ordre de la marche a largement circulé sur les réseaux sociaux.

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Capture d'écran du mot d'ordre "Keiko no va" (Keiko ça ne va pas) lancé sur Facebook pour le rassemblement du 5 avril contre la candidate Keiko Fujimori.

soutien présidentiel

La manifestation était soutenue par le président sortant Ollanta Humala, un commandant de l'armée retraité qui en 2000 avait mené un soulèvement militaire contre Fujimori père pour demander sa démission.

"Je suis satisfait de voir que des milliers de jeunes vont sortir défiler contre la dictature et pour la démocratie", a déclaré lundi soir le chef de l'Etat dans un entretien à la chaine Latina TV.

"C'est une partie de la mémoire du pays. Un pays qui oublie son histoire est condamné à la répéter", a ajouté celui qui laissera le pouvoir le 28 juillet avec un faible taux de popularité et sans candidat de son parti pour lui succéder.

De son côté, Keiko Fujimori a tenu un meeting devant plusieurs milliers de ses supporteurs, auxquels elle a lancé un appel au calme.
 

"Ils (les collectifs, ndlr) ont tout à fait le droit de se réunir, nous demandons de la tolérance et d'éviter la violence. Nous avons demandé à nos militants d'éviter de céder à toute provocation", avait déclaré la favorite des sondages, avec 34,4% des intentions de votes.