- Amadou Diaw Fall, 27 ans, est Sénégalais. Il est arrivé en France pour faire ses études, en 2009. Depuis, il travaille en tant qu’ingénieur en informatique auprès d’une entreprise de télécommunications.
Vous intéressez-vous à l’élection présidentielle ? Oui, la politique sénégalaise est importante pour moi. Ça fait partie de mes passions, de mon temps libre quand je ne suis pas au boulot. Parce que mes parents y vivent, parce que c’est mon pays.
Autour de vous, les Sénégalais en France suivent-ils la politique du pays ? Oui, je sens qu’il y a un intérêt de plus en plus important pour la politique sénégalaise. J’ai aussi des amis qui sont très engagés dans la politique sénégalaise en France, un peu dans tous les partis.
Allez-vous voter ?Non. Je suis très intéressé par les élections sénégalaises, j’en discute beaucoup mais pour le moment, j’ai décidé de ne pas voter. C’est une décision contestataire car je trouve que la campagne est très folklorique. Il y a un problème de fond dans la manière dont les programmes sont reçus et traités et il n'y a pas suffisamment de débats d'idées entre les candidats. Aujourd’hui, j’ai l’amère impression que notre destin ne se joue pas encore dans les urnes sénégalaises.
- Née en France, Haby Camara a la double nationalité française et sénégalaise. Agée de 39 ans, elle travaille dans une compagnie aérienne. Depuis 2015, elle s’est engagée politiquement dans le mouvement sénégalais “Osez l’avenir”.
Vous sentez-vous concernée par la présidentielle ? Elle est très importante notamment pour les bi-nationaux. Je pense que la jeunesse peut développer le pays. Parce qu’on a vécu ici en France mais on n’oublie pas nos origines, d’où l’on vient. On se doit en tant que jeune, de développer notre pays, voter est donc obligatoire pour nous.
Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans la politique sénégalaise ?Au début, dans mon village, au Sénégal, on voulait lancer un projet pour cultiver des produits bio. On a commencé à le lancer mais on s’est fait bloquer administrativement. J’ai compris qu’au Sénégal pour être entendu, il fallait être dans la politique. Je m’y suis intéressée petit à petit. Mon objectif, c’est de donner la chance aux jeunes, surtout aux bi-nationaux.
Comment faites-vous campagne de France ?On fait des rencontres pour sensibiliser les gens, on fait également du porte-à-porte. On a un lieu, où l’on fait des réunions, on échange, on essaye de voir comment mettre en avant le mouvement “Oser l’avenir”.
La distance est-elle une contrainte pour vous ? Ce n’est pas un problème. En faisant campagne ici, on sensibilise la diaspora en France, qui est énorme. La diaspora compte pour des voix et incite également les gens au pays à voter. On peut donner le choix à la famille sur place. On est des porteurs de voix.
- Ousmane Chérif Diallo est un Sénégalais, âgé de 31 ans. Depuis 2012, il vit en France où il a effectué ses études avant de travailler en tant que manager dans un bar, à Paris.
Vous seriez-vous impliqué dans les élections présidentielles, si vous étiez au Sénégal ? Je pense que je serais beaucoup plus engagé notamment pour le candidat Sonko. En France, je ne vois pas ce que je peux faire. Le lectorat de la diaspora est déjà acquis. Je n’ai pas l’impression qu’à Paris, la diaspora soit mobilisée. Si c’est le cas, il y a un problème de communication.
Pensez-vous que la diaspora sénégalaise ait un impact dans les résultats des élections présidentielles ? Elle a un petit impact mais je ne pense pas qu’il soit énorme car elle ne représente pas un bassin d'électeurs qui peut faire basculer l'élection. Par contre, la diaspora sénégalaise essaye toujours de faire en sorte de faire bouger les choses. Elle est moins manipulable que l’électorat au Sénégal. Elle se base plus sur le programme, et sur le parcours des candidats.
Autour de vous, la diaspora sénégalaise est-elle plutôt active et engagée politiquement ?Les Sénégalais en France depuis longtemps ne s’intéressent pas trop à la politique sénégalaise mais les Sénégalais qui habitent ici depuis peu, moins de 10 ans, sont généralement intéressés par la politique. Ils retournent au Sénégal, ils suivent l’actualité, ils gardent encore un lien avec le pays.