Présidentielle aux États-Unis : les recours de Donald Trump, un psychodrame très encadré

Deux jours après l'élection, nul ne sait encore qui sera le président des Etats-Unis au cours des quatre prochaines années. Si le candidat démocrate, Joe Biden, dispose d'une avance importante en termes de grands électeurs, le président sortant et candidat républicain Donald Trump s'est, lui, lancé dans une guérilla judiciaire pour inverser la tendance. 
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Manifestants à Philadelphie
Rassemblement le 4 novembre 2020 à Philadelphie (Pennsylvanie) pour réclamer que chaque bulletin de vote soit pris en compte.
© AP Photo/Michael Perez
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"Si je ne gagne pas, ce sera à cause de la fraude." Tel est le message de Donald Trump depuis plusieurs semaines. Et, alors que les derniers décomptes des grands électeurs sont nettement en faveur du candidat démocrate, le président sortant et son entourage multiplient tweets et déclarations fracassantes, expliquant être victimes de manipulations et de triche. Ces déclarations tonitruantes ont surtout le "mérite" de chauffer à blanc les supporters du candidat républicain, car, dans les faits, tout président qu'il est, Donald Trump se heurte surtout à une mécanique juridique bien rôdée. Aussi a-t-il à ses côtés une armée de 600 avocats pour tenter d'obtenir gain de cause !

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Dans le Wisconsin, son directeur de campagne explique que des "irrégularités ont été rapportées dans plusieurs de ses comtés". Dans cet Etat du nord-est qui a basculé en faveur du candidat démocrate, Trump et Biden ont 0,6% d'écart, or les règles électorales permettent à un candidat distancé par moins de 1% des votes de demander un recomptage. L'Etat prend même en charge les frais si l'écart est inférieur à 0,25%. En l'occurence, la facture du recomptage dans le Wisconsin sera pour Donald Trump. Elle serait de 3 millions de dollars selon le New York Times.

Dans l'Etat voisin du Michigan, même démarche. Ici, Joe Biden a remporté les 16 grands électeurs avec 0,8% d'avance. L'équipe de Trump explique qu'elle n'a "pas eu accès à plusieurs sites pour observer le dépouillement et le comptage des bulletins de vote" contrairement à ce que prévoient les lois locales. 

Autre Etat dans le viseur de Donald Trump, la Géorgie. Là, il est en tête mais le dépouillement n'est pas terminé et, au fil des heures, son avance fond comme neige au soleil. La crainte du président : que Biden prenne l'avantage et remporte l'Etat et ses 16 grands électeurs. Trump a donc demandé que le décompte soit suspendu, mais sans effet.

Le vote par correspondance

En Pennsylvanie, autre marotte du candidat républicain : le vote par correspondance. Depuis des semaines, Donald Trump s'en méfie et le fait savoir bruyamment. Depuis mardi, il l'assimile à une fraude, expliquant, par exemple, que des bulletins de vote au nom de Biden "sortent de nulle part". Cette année, en raison de la situation sanitaire, les compteurs du vote par correspondance se sont affolés : environ 100 millions, record absolu. Or Donald Trump le sait, ce sont les électeurs démocrates qui privilégient le vote par correspondance.

Logiquement, il réclame donc que les bulletins qui arrivent désormais ne soient pas pris en compte, ce qui lui permettrait de conserver sa très courte avance. Là encore, ce que Donald Trump veut, Donald Trump ne l'obtient pas forcément !

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S'il n'obtient pas ce qu'il souhaite, Donald Trump le promet : il est prêt à aller devant la Cour suprême. Seulement voilà, ni lui ni personne n'est habilité à saisir les juges de l'instance. Ils se saisissent eux-mêmes s'ils considèrent qu'il y a lieu. Autant dire qu'il faut des arguments pour tenter de les convaincre. Il faut aussi avoir usé les recours au niveau local. En clair, l'argument de la Cour suprême peut, au mieux, galvaniser un peu plus les partisans du président sortant.

Quoiqu'il advienne, aucun des recours déposés n'est suspensif. En clair, lorsque l'un des deux candidats atteindra les 270 grands électeurs, il sera le président élu des Etats-Unis. Suivra un délai de cinq semaines, jusqu'au 8 décembre, date du Safe harbor deadline, que l'on peut traduire par délai de sécurité. Ce jour-là, tous les contentieux juridiques devront avoir été réglés pour que, six jours plus tard, les 538 grands électeurs votent à leur tour pour élire le président de la première puissance mondiale.