Christiane Taubira a officialisé ce 15 janvier sa candidature à la présidentielle. Son objectif est de rassembler une gauche plus que jamais divisée, au risque pourtant de la morceler encore davantage.
"La pandémie a révélé une souffrance sociale qui a frappé toutes les générations", a déclaré l'ex-candidate à la présidentielle de 2002 (2,32% au premier tour), lors d'un rassemblement d'environ 400 soutiens dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon.
(Re)lire : Présidentielle 2022 en France : qui sont les candidats déclarés ?Dans le brouillard et une température en dessous de zéro, elle a affirmé vouloir répondre
"aux colères" face aux
"inégalités, aux injustices, aux discriminations", précisant notamment qu'elle convoquerait une
"conférence sur les salaires", avec un programme qui repose sur la jeunesse, la justice sociale, l'écologie et la démocratie.
"Je veux prendre toute ma part contre la démoralisation, contre les discours de haine et les propos belliqueux" et affronter
"le risque de dislocation sociale", a déclaré l’ancienne Garde des Sceaux de François Hollande.
Elle a réclamé un gouvernement
"qui sache dialoguer au lieu de moraliser et de caporaliser", en allusion à la polémique sur les propos d'Emmanuel Macron pour
"emmerder les non-vaccinés" contre le Covid-19.
(Re)voir : France : vers une campagne présidentielle de "racailles"?
Des propositions sociales
Souhaitant
"rendre l'État plus attentionné, plus juste, plus efficace", Mme Taubira a présenté quelques propositions comme introduire dans tous les débats publics des
"conventions citoyennes" et
"le référendum d'initiative citoyenne". Elle a aussi évoqué les salaires proposant
"un revenu de 800 euros par mois pendant cinq ans" pour les étudiants et un Smic revalorisé à
"1.400 euros net". La candidate veut réformer la fiscalisation des grandes fortunes
"à partir de 10 millions d'euros de patrimoine" .Elle souhaite améliorer les droits des travailleurs des plateformes numériques et instaurer
"une TVA à taux zéro pour les produits de l'agriculture biologique".
La santé
Elle a également évoqué le recrutement de 100.000 soignants. Elle a affirmé vouloir revoir
"sans tabou" les conditions d'installation des médecins traitants, pour lutter contre les déserts médicaux.
La candidate des "petites personnes"
"Elle représente l'égalité et l'union (...) et un certain bien-être entre les gens", a salué Samuel, agent d'accueil de 30 ans, alors que la désormais candidate s'octroyait un petit bain de foule sous les cris de "Taubira présidente".
"Elle peut apporter beaucoup de choses pour les petites personnes, pour les gens qui ont besoin de social, elle est très humaine, c'est pour ça que je voterai pour elle", a renchéri Collette Mornas, retraitée de 69 ans.
Les yeux se tournent maintenant vers la candidate PS Anne Hidalgo, en déplacement non loin de là à Vaulx-en-Velin, désormais en concurrence frontale.
"Chacun est libre de faire comme il l'entend. Maintenant c'est projet contre projet", a réagi la maire de Paris.
Unir une gauche fragmentée
Christiane Taubira, ex-garde des Sceaux de François Hollande, connue pour la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité et son combat pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, veut unir une gauche fragmentée.
Peut-elle réussir à moins de trois mois de la présidentielle alors que certains socialistes la regardent encore comme ayant contribué à l'éviction de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002?
Sa candidature
"ajoute de la confusion à la division" selon ses détracteurs, alors que cinq autres candidats sont déjà en lice, sans réussir à s'imposer: l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, le chantre de la "Remontada" de la France Arnaud Montebourg et Anne Hidalgo.
Christiane Taubira a promis de se soumettre à l'initiative citoyenne de la primaire populaire, un vote d'électeurs de gauche (120.000 inscrits) prévu fin janvier pour lequel elle part favorite, d'autant que les autres principaux candidats de gauche dont les noms ont été confirmés samedi - Hidalgo, Jadot, Mélenchon-, ont tous refusé de s'y soumettre.
L'ex-frondeur PS Christian Paul, qui fait campagne avec elle, fait lui
"le pari" qu'au mois de février
"plusieurs candidats tireront les conséquences du résultat de la primaire".
Le maire PS de Marseille, Benoît Payan, a annoncé qu'il soutiendrait le vainqueur de cette primaire.
Déjà confortée par le soutien des plus de 80 comités qui portent son nom et par la présidente PS de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, Christiane Taubira voit arriver
"tous les jours des personnes qui se manifestent pour participer", assure une proche.
Le président du PRG Guillaume Lacroix, qui la soutient, voit lui un rassemblement qui
"est déjà en train de se faire par la base".