Présidentielle en France : Nicolas Sarkozy, candidat justiciable

Les appels à l’unité de l’ancien président français dans la campagne pour les primaires de la droite ne peuvent pas faire oublier qu’il n’est, de fait, pas un candidat comme les autres. Il pourrait être renvoyé devant la justice pour l’affaire Bygmalion.
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Sarkozy archives 2012
Nicolas Sarkozy en campagne aux Sables-d'Olonne le 4 mai 2012.
©AP/Michel Euler (archives)
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Un seul fait résume la préoccupante singularité de la nouvelle candidature présidentielle de Nicolas Sarkozy : si le renvoi de l’ancien président devant la justice correctionnelle – à l’instar des autres prévenus du dossier Bygmalion – devait se confirmer, cette situation serait sans précédent dans les annales de la République.

Les zones d'ombre de la politique française

Autant dire que l’enjeu est majeur, et pas seulement pour l’intéressé mis en examen en février 2016 pour «financement illégal» (donc pour dépassement du plafond des dépenses autorisées, c’est-à-dire concurrence politique déloyale face à François Hollande) de sa campagne présidentielle perdue de 2012.

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Alors que reprend ce lundi à Paris le procès de l’ancien ministre socialiste du budget Jérôme Cahuzac, la question des zones d’ombre de la politique française remonte brutalement à la surface. Dans un autre pays que la France, le retrait immédiat de la candidature de l’ex-chef de l’Etat serait jugé inévitable et indispensable.

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Un présidentiable reste justiciable

Nicolas Sarkozy, lui, fait à l’évidence un autre calcul, comme l’a montré son appel à l’unité ce week-end, lors du rassemblement de son parti «Les Républicains» à la Baule. Expert en manœuvres, l’ancien président sait bien que son principal adversaire Alain Juppé a, lui aussi, eu affaire à la justice, lors de sa condamnation à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité en 2004, pour l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris à l’époque où Jacques Chirac dirigeait la capitale française. Sarko le lutteur mise aussi sur la réprobation suscitée, au sein de la droite, par son ancien Premier ministre François Fillon, seul à brandir cette question judiciaire. Fillon a pourtant raison lorsqu’il s’est exclamé, la semaine dernière :
 
Imagine-t-on le Général de Gaulle mis en examen ?François Fillon
On peut penser qu’à ce stade, Nicolas Sarkozy avait anticipé son possible renvoi en procès (la parole est maintenant aux juges d’instruction qui s’exprimeront d’ici un mois). Mais quelle que soit l’issue finale de cette joute judiciaire, la réalité est que le présidentiable ne peut pas faire oublier le justiciable. Et que sa candidature, dans une France politiquement mal en point, est plus une bombe à retardement qu’un projet porteur d’avenir.
 
 Retrouvez l'intégralité de l'article de Richard Werly sur le site du Temps