Domingos Simoes Pereira (à droite), le chef du PAIGC, le principal parti du pays et Umaro Sissoco Embalo (à gauche), un dissident de cette formation, figue du Madem G-15.
Les Bissau-Guinéens élisent ce dimanche 29 décembre leur président lors de ce second tour. L'enjeu est de taille : dépoussièrer une classe politique réputée corrompue, pour qu'elle puisse enfin répondre aux besoins élémentaires d'une population, parmi les plus pauvres au monde.
Les 700.000 électeurs sont appelés aux urnes de 07H00 à 17H00 (GMT et locales). Les premières tendances sont attendues en début de semaine.
Les Bissau-Guinéens doivent départager deux anciens Premiers ministres : Domingos Simoes Pereira, le chef du PAIGC, le principal parti de cette ancienne colonie portugaise d'Afrique de l'Ouest et un dissident de cette formation, Umaro Sissoco Embalo. Ils promettent tous les deux de redresser l'économie du pays, dans lequel près de 70% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.
La stabilité est l'enjeu principal de cette présidentielle. Une assise pour combattre les maux qui rongent le pays de l'intérieur : la grande pauvreté, la corruption répandue jusque dans les classes dirigeantes et le trafic de cocaïne.
Ce petit pays au climat tropical est abonné aux coups d'Etat depuis son indépendance en 1974. Il a vécu ces quatre dernières années au rythme des querelles entre le président José Mario Vaz et la principale formation du pays, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Le président sortant qui se représentait, n'a terminé qu'à la quatrième place lors du premier tour fin novembre.
C'est son principal rival, le chef du PAIGC, Domingos Simoes Pereira, 56 ans, qui a viré en tête avec 40,1% des suffrages. Il affronte ainsi Umaro Sissoco Embalo, 47 ans, figure de proue du Madem, une dissidence du PAIGC, qui espère rattraper son retard de 12 points grâce au soutien que lui ont apporté les principaux candidats déçus du premier tour.
"Rien ne marche à Bissau"
Une intervention de l'armée semble peu probable, malgré les lourds antécédents des militaires, selon les observateurs. Le chef d'état-major de l'armée, le général Biague Na Ntam, a plusieurs fois affirmé que l'armée n'interviendrait pas dans le processus électoral.
Depuis le dernier putsch, en 2012, une force de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Ecomib, veille en outre au grain.
Le futur président devra "régler le problème des hôpitaux où des femmes enceintes meurent sans être assistées, faute de matériel", "construire des routes" et "diminuer le prix du riz", estime un pêcheur de Bissau, Moutar Diallo. Il "doit nous donner du travail" car "rien ne marche à Bissau", abonde un commerçant, Abdoulaye Diallo.
"Ce pays martyrisé"
Les deux finalistes sont issus du sérail politique. M. Pereira est un ingénieur en génie civil au large sourire, invariablement coiffé d'un Trilby couleur paille. Après avoir mené son parti à la victoire aux législatives de mars, il promet d'accélérer le développement du pays.
Umaro Sissoco Embalo est un général de brigade de réserve, un ancien du PAIGC qui a fait campagne avec un keffieh rouge et blanc noué autour de la tête; il se pose en rassembleur.
Il a dit samedi à l'AFP vouloir appeler tous les Bissau-Guinéens à "contribuer au développement de ce pays martyrisé, pour le mettre au travail".
La communauté internationale espère un retour de la stabilité après des années de conflits entre les branches du pouvoir, présidence et Parlement. S'il est élu, M. Pereira pourra compter sur le soutien du Parlement, contrairement à M. Embalo, qui devra composer avec une assemblée dominée par le PAIGC.