Klaus Iohannis, libéral issu de la minorité allemande, a bénéficié d'une participation « énorme » – 61 %, selon les chiffres préliminaires.Selon des premiers résultats officiels publiés au cours de la soirée, après le dépouillement de plus des trois quarts des bureaux de vote, Klaus Iohannis a gagné 54,8% des voix contre 45,2% pour Victor Ponta. "Chers Roumains, vous avez été fantastiques aujourd'hui. Nous avons observé une participation massive et je salue la diaspora", a déclaré Klaus Iohannis avant de rejoindre la foule dans le centre-ville de Bucarest. Les électeurs résidant à l'étranger ont largement contribué à faire basculer le vote, l'importante diaspora roumaine étant dans son ensemble considérée comme hostile à Victor Ponta. La corruption en héritage Une dictature communiste de cinquante ans, suivie d’un libéralisme débridé dans les années 1990. Puis la rigueur, pour faire face à la crise mondiale de 2008. L’histoire tumultueuse de la Roumanie, le pays le plus pauvre de l’Union européenne avec la Bulgarie, va de pair avec la corruption héritée du régime moscovite.
Dans ce pays, pas une seule administration, pas un seul ministère ne peut se targuer d'une gestion transparente. En 2006, la Roumanie obtenait 3,1 selon
l’indice de perception de la corruption (IPC) de l’ONG Transparency international, 0 étant la note la plus basse et 10 la meilleure.
Pourtant, la classe dirigeante n’a pas le monopole des pratiques opaques. Pour éviter une amende, pour faire avancer un dossier ou tout simplement pour prendre les transports à moindre prix, backchichs et pots-de-vin font partie du quotidien.
Schengen, cet objectif inatteignable
En 2004, quand le président Basescu arrive au pouvoir, "on croyait qu’on allait tourner la page des magouilles", explique la politologue Irène Costelian. Mais il n’en a rien été. Nouvelle vague d’espoir en 2007 quand la Roumanie entre dans l’Union européenne. Espoir déçu, encore une fois.
Sauf que cette fois-ci, l’Europe met un place un mécanisme de contrôle qui émet tous les ans un rapport évaluant les avancées du pays en matière de lutte anti-corruption. Jusqu’à présent, l’avis de Bruxelles n’a jamais été très enthousiaste, même s'il a déjà été encourageant.
Pour faire partie de l’espace Schengen, ce pays d’Europe de l’Est doit démontrer sa capacité à garantir l’imperméabilité de ses frontières et à s’attaquer à la corruption, principal fléau du pays. Pour l’instant, le gouvernement roumain est loin d’avoir atteint l’objectif. "Schengen est inaccessible à mon sens, tous les candidats sont plus ou moins mêlés à des affaires de corruption. Dans ces conditions, il est très difficile de mener une politique qui combat ce problème", souligne Irène Costelian.