Fil d'Ariane
Pour la première fois dans une présidentielle française, une primaire a été organisée en dehors de tous les partis politiques, et en réaction à ces partis traditionnels. Ce vote a été organisé par des citoyens français pour élire l'un d'entre eux candidat à la présidence la République.
► Relire notre article sur les deux créateurs de cette primaire en ligne, hors de tout parti politique > "France : une primaire sur internet pour la présidentielle"
Tout s'est déroulé sur Internet sur le site LaPrimaire.org depuis le 4 avril 2016. Sur 500 postulants, 12 candidats ont été retenus pour participer à cette primaire citoyenne. Cinq d'entre eux sont allés jusqu'au deuxième tour : deux médecins, un avocat, une professeur et donc Charlotte Marchandise-Franquet, 42 ans.
Cette adjointe déléguée à la Santé à la maire socialiste de Rennes a remporté ce vote citoyen. Elle a reçu la mention "Très bien" par 50,64% des 32.685 votants qui se sont exprimés entre le mercredi 15 décembre et le vendredi 30 décembre.
Sa candidature à la présidentielle a été motivée par trois raisons essentielles : « réinventer le système politique pour laisser une place aux citoyens, et sortir d’un système de partis ». Elle voit aussi dans cette candidature « une opportunité pour la santé publique » et vise à redonner une « place des femmes en politique ». C'est surtout ce dernier argument qui l'a poussée à se présenter à cette première primaire citoyenne. Quand elle a vu qu'il n'y avait que 8 femmes contre 200 hommes, elle s'est lancée.
Si elle se retrouve jusque dans certaines idées du centre droit, impossible pour elle de se présenter dans les primaires des autres partis. Mais elle assure ne pas "y trouver son compte".
Actuellement, la candidate dit plancher sur son gouvernement. « J’aimerai bien que l’on ait trois types de ministres : des ministres issus de l’entreprise ou du monde professionnel, également des scientifiques, des sociologues ou des économistes sur certains postes, parce qu’on a besoin de la recherche […] », explique-t-elle sur l'antenne de nos confrères d'Europe1.
Cette candidature ne marque cependant pas le début de son engagement politique. Non encartée dans un parti, Charlotte Marchandise-Franquet, a été élue en 2014 au conseil municipal de Rennes sur une liste écologiste, de gauche et citoyenne, en tant que "membre de la société civile".
Mais au quotidien, elle ne fait pas que ça explique-t-elle dans sa biographie sur le site LaPrimaire.org : « Parce que la politique n‘est pas un métier, je suis consultante-formatrice en parallèle et j’interviens dans différentes formations. »
Son CV donne le tournis tant ses expériences professionnelles sont variées. Elle valorise son ouverture culturelle et vers l'international par le fait d'avoir vécu à deux reprises à l'étranger (jeune fille au pair aux Etats-Unis, gestion d'un bar culturel en Espagne pendant deux ans).
Diplômée d'un DEUG de Gestion et Économie université Paris X Dauphine, elle a repris ses études dans les années 2000, à l’Université de Rennes 2, pour préparer un Diplôme de Hautes Études en Pratiques Sociales, spécialité Ingénierie de formation.
Professeur de français, guide touristique, infographiste, responsable web-marketing, co-fondatrice d'une association pour les femmes et les parents pendant la période périnatale... Après son installation en 2009 à Rennes, elle fonde avec son mari « un collège laïc, écologique et international s’appuyant sur la pédagogie Montessori » qui accueillera deux promotions.
Militante pour « les logiciels libres et les logiques open-sources », elle s'inquiète du dérèglement climatique et s'enquière des problématiques de santé. Après son élection à la mairie de Rennes, elle d'ailleurs été choisie en 2014 comme « présidente du Réseau Français des Villes-Santé de l’OMS. »
Son programme, qu'elle détaille sur le site LaPrimaire.org, la candidate compte instaurer un revenu de base universel, changer la Constitution pour instaurer un régime parlementaire. Enfin, elle défend « une transition énergétique, écologique, économique. » Tout un programme à défendre auprès des maires de France dans un premier temps.
Elle doit désormais se lancer dans la course aux 500 parrainages nécessaires pour prétendre au scrutin présidentiel et réunir un fonds de 300 000 euros. Actuellement, la collecte organisée sur le site LaPrimaire.org a réuni près de 62 500 euros.