L'annonce du président Michel Martelly n'est pas pour plaire, loin s'en faut, à l'opposition qui évoque un "coup d'Etat électoral". Elle a décidé de boycotter le second tour de cette élection présidentielle prévue dimanche. Ainsi, Jude Célestin, qui est arrivé deuxième lors du premier tour du 25 octobre avec 25,29 % des voix, refuse de participer à ce scrutin, le qualifiant de "
".
Pas de quoi troubler outre mesure le Président Martelly :
"On est fin prêts pour les élections de ce dimanche. Pour Jude Célestin, normalement, la question de sa participation doit être posée à Jude Célestin. Nous-mêmes, du côté de l'Etat, nous avons la responsabilité d'organiser les élections. Mais malheureusement, dès qu'il est prouvé qu'une personne qui n'est pas issue de l'opposition peut gagner, la situation vire dans le pays et l'opposition réussit à instaurer l'idée de manipulation."L'opposition ? Les opposants ?
"Ils ont commencé à montrer comment ils dirigeraient le pays" - allusion aux manifestations violentes en début de semaine
: " Ils ont décidé de semer la terreur dans Port-au-Prince, ils brûlent des pneus, brisent les vitres des voitures. Ils font peur aux gens ". Ils cherchent à nous faire perdre du temps pour arriver à une situation confuse le 7 février, une situation non prévue par la Constitution. Ils veulent faire leurs affaires, pour prendre le pouvoir à leur façon, car ils ne peuvent pas le prendre par les élections », a appuyé le président Martelly
.
Le deuxième tour de la présidentielle est, pour l'heure, maintenu, malgré les craintes de violences et le refus de l'opposition de participer à un scrutin qualifié par certaines de "mascarade".
Sauf coup de théâtre, dimanche verra une élection présidentielle avec un seul candidat, Jovenel Moïse, crédité de 32,76 % des voix.
Pour Marcel Dorigny, historien spécialiste de l'histoire coloniale et membre du comité de réflexion et de proposition pour les relations franco-haïtienne, contacté par
RFI : " C’est risqué de maintenir le second tour, c’est risqué de l’annuler... Je crois qu’Haïti est dans une véritable impasse. Que va-t-il se passer ? Il est très probable que l’opposition et une grande partie de la population refuseront le résultat (...) Une élection avec un seul candidat, c’est quand même du jamais-vu".La commission indépendante d’évaluation électorale a critiqué la compétence et la formation des membres des bureaux de vote dont "60 % n’étaient pas capables d’accomplir correctement le travail demandé ".
Lors de leur précédente mobilisation mardi, les manifestants ont clairement fait part de leur intention de perturber le bon déroulement du scrutin: "Préparez nos armes, il n'y aura pas d'élections dimanche," a été l'un de leurs principaux slogans.