Fil d'Ariane
Ce sont des opportunités professionnelles intéressantes qui l’ont attirée en Suisse après son diplôme. « Parlant un peu allemand, j’ai élargi mes recherches d’emploi à l’Allemagne, la Suisse et la France où je n’ai eu qu’une seule offre d’emploi temporaire dans un domaine qui m'intéressait peu. Sortant d’école, je n’avais pas envie de ça. Les postes qui m’intéressaient m’étaient proposés par des entreprise basées en Allemagne près de Munich et en Suisse dans la région de Bâle. »
Ici il y a plein de possibilités d’embauches.
Direction donc la région helvète au coeur de l’industrie chimique. « Ici, il y a plein de possibilités d’embauches. Chaque semaine, les entreprises publient des centaines d’offres d’emplois. » Aujourd’hui, elle est cheffe de projet technique pour le conditionnement d’emballage des médicaments dans un laboratoire pharmaceutique. « Mon travail en Suisse, je ne voudrais pas le changer. La seule autre alternative pour moi ce serait d’aller dans un autre pays comme les Etats-Unis, le Canada, à Singapour. »
Outre un emploi qui lui plait, elle a trouvé en Suisse une meilleure qualité de vie. Elle en apprécie le sentiment de « sécurité » : « On connaît ici une stabilité qui donne l'impression que la situation ne pourra pas changer de manière impromptue sans que l’on ne puisse réagir avant. »
Ce n'est pas la " Suisse Rolex" que l’on connaît.
Pourtant le choix de ce pays est resté incompris au début par sa famille qui nourrissait une vision peut-être caricaturale du pays. « Ils en avaient une image très négative qui n’était pas compatible avec nos valeurs familiales. Ils voyaient la Suisse comme une grande banque habitée uniquement par des gens riches. Mon départ pour travailler dans l’industrie pharmaceutique est resté incompris à cause des débats autour des prix des thérapies par exemple. Mais je crois qu’aujourd’hui leur regard a changé. » Chloé essaye aussi de casser certains préjugés sur un pays qui l’a adoptée et qu’elle a su apprécier.
En Suisse, elle appartient à la classe moyenne : « nous ne sommes pas de gros bourgeois. Nos voisins sont des gens très humbles qui n’ont rien voir avec la " Suisse Rolex" que l’on connaît. Par contre j'estime, qu’il y a de plus grandes différences entre les riches et les pauvres ici qu’en France. »
Chloé reste malgré tout très attachée à son village alsacien d’origine, à son pays où elle retourne voir sa famille et occasionnellement faire ses courses à la frontière.
« Ma vie, pour l’instant, je la vois ici en Suisse. On pensait acheter un appartement en France pour y habiter mais on a abandonné cette idée parce qu'il nous semble que les prix de l’immobilier sont trop élevés et on a l’impression qu’il y a de plus en plus de taxes. »
Un retour en France à terme n’est pas non plus exclu. « Si un jour je reviens en France, il faudra que le pays ait été bien tenu en mon absence. J’aimerais bien y retourner mais j’aimerais y retrouver la même situation que j’ai maintenant en Suisse et un sentiment de pérennité. Or on a l’impression que ce n’est pas le cas aujourd’hui en France. »
Même si elle n’y vit plus, il est donc essentiel pour elle de s’impliquer dans la présidentielle française « parce que c’est le seul droit de vote qui me reste. En Suisse, je n’ai pas le droit de faire partie d’un parti politique ou même de voter, car mon permis ne me le permet pas à Bâle. »
Le temps, selon elle, doit être au changement. « J’ai le sentiment qu’il faudrait qu’il y ait un tournant radical dans l’économie, que l’on travaille énormément sur la collaboration européenne, plus que ce que l’on fait maintenant. J’ai vraiment peur que l’on tombe dans une logique de protectionnisme comme on le voit dans les autres pays d’Europe malheureusement. Je suis convaincue que l’avenir n’est absolument plus national. Je cherche des dirigeants qui auront une vision internationale et un projet commun avec d’autres chefs d’Etat du monde. Cela me paraît capital. »
Je me sens Française du monde.
Chloé regrette que « la seule chose qui semble intéresser les candidats, ce sont les guerres internes, les guerres de partis. J’ai l’impression que la politique internationale en générale ne les intéresse pas. J’aimerais qu’ils s’intéressent au monde parce que je me sens Française du monde. »
Ell ajoute : « Il nous faut aussi un chef d'Etat charismatique pour représenter la France aux côtés des autres chefs d'état. Il nous faudra un fervent défenseur de la démocratie mais qui saura avoir du cran et accepter de polariser l'opinion. »
Quid du camp pour lequel voter ? Pour l'instant, Chloé n'a pas fait son choix. « Pour ma famille, il faudrait voter Fillon mais quand je vois tout ce qu’il se passe autour de lui avec les emplois présumés fictifs de sa femme, il ne m’inspire plus aucune confiance. » Une affaire qui rappelle les démêlés en justice de Sarkozy et de Strauss Kahn dans d'autres registres.
Quant à Macron qui semble séduire les Français de l'étranger, Chloé est interpellée par sa nouvelle communication politique. « C'est un tournant en politique à mon avis de faire autant de marketing. » Mais saura-t-elle convaincre les électeurs ? En Suisse, certains médias et nombre de ses collègues prévoient une victoire de Marine Le Pen.