Fil d'Ariane
Diane n’est pas arrivée là par hasard. « J’avais envie de découvrir la Russie, d’apprendre le russe. C’est une culture qui m’intéresse beaucoup. » Mais pas seulement. Étudiante en 3e année de Sciences politiques à Strasbourg, elle s’intéresse aussi à la diplomatie du pays.
« Je voulais savoir ce qu’est la Russie, vraiment, plutôt que d’essayer de la comprendre de loin. J’ai pris beaucoup de recul avec ce que l’on nous en dit dans les médias ou l’image un peu construite du pays. »
Cette année, elle étudie à l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou (MGIMO) où les élèves russes restent particulièrement entre eux. Hors de l’école, c’est bien différent.
« Je m’étais préparée à un pays austère où les gens étaient peureux du gouvernement. Mais ici, ils sont très pro-Poutine. Ce n’est pas de la résignation.» Elle fait un constat : « Quand on parle avec les Russes, ils s’inquiètent plus pour la France que pour leur propre pays. » Les questions qui reviennent souvent quand elle discute avec eux : « l’immigration et le lobby LGBT ».
Si elle pense venir un jour travailler en Russie, après son année d'échange universitaire, pour l’instant, la France lui manque. Elle compte bien revenir d'abord dans son pays.
« Mon premier réflexe en arrivant ici, ça a été de me tourner vers la communauté des Français. J’ai croisé une grosse partie de la communauté à la paroisse de Saint Louis des Français, c’est un peu un lieu stratégique. Finalement, parler français, c’est un peu une manière de se sentir en France. »
Si elle a décidé de passer 10 mois en Russie sans rentrer, c’est sa famille qui est venue la voir « mais ils n’ont pas vu les beautés de la Russie comme moi je les vois. »
Ce sont eux qui voteront pour elle, par procuration, à la présidentielle. Un rendez-vous électoral qui revêt une importance particulière pour Diane. C’est la première fois, à 21 ans, qu’elle va pouvoir élire son président.
La question de voter ou non ne se pose pas pour Diane : « En Sciences politiques, on évolue dans un environnement très politisé, on sollicite notre avis (…). Donc ça coule de source d’aller voter. C’est une manière de remplir pleinement cet intérêt-là. Et puis, chaque voix compte. J’ai aussi envie de faire la différence. Je ne me vois pas rentrer dans un pays où je n’ai pas été active dans le choix du gouvernement. »
A l’Institut d’Etat des relations internationales de Moscou, la présidentielle anime les débats entre étudiants français. Et les politiques français s’y pressent : « Il y a souvent des réunions politiques. Marion Maréchal Le Pen (Front national) est venue en début d’année, Jean-Frédéric Poisson (député Parti Chrétien-Démocrate, ndlr) et Thierry Mariani (député Les Républicains des Français de l’étranger pour l’Asie, la Russie et l’Océanie, ndlr) se sont aussi rendus au MGIMO. »
Alors qu’il se présentait clair comme de l’eau de roche… J’ai été surprise.
Quid de la situation politique française actuelle, de l’affaire qui entoure le candidat de la droite François Fillon ? Sa première réaction : la déception. « Alors qu’il se présentait clair comme de l’eau de roche… J’ai été surprise. » Elle a été finalement soulagée qu’il prenne la parole, mercredi 1er mars, lors d’une conférence de presse où il a annoncé rester en course et qu’il se rendrait à la convocation des juges en vue d’une mise en examen.
« Au delà de la déception, je trouve le procès médiatique exécrable et le flou autour de la justice peu rassurant ! Mais je reste persuadée que seule la justice a son mot à dire, étant en possession de tous les éléments du dossier. J’ai eu beaucoup de débats avec des amis, après les réunions Les Républicains. Thierry Mariani et Jean-Pierre Raffarin sont venus ici, à Moscou, réaffirmer leur soutien. Petit bémol : ces représentants étaient surtout là pour défendre l'homme plutôt que pour présenter son programme, le sujet même de la conférence… »
Beaucoup se disent que Macron pourrait changer ou bien ils se tournent vers l’extrême droite.
Quant à la manifestation soutien à François Fillon de ce week-end, Diane trouve « important d'exprimer son soutien pour défendre une représentation démocratique aux élections mais je reste dubitative face à la moralité de tout cela. »
Ses amis, eux, semblent perdus dans le choix à faire pour le premier tout le 23 avril. « J’ai beaucoup d’amis qui se désintéressent en se disant qu’il n’y a plus de candidats, alors ne votons pas. D’autres, se tournent vers les deux autres candidats : beaucoup se disent que Macron pourrait changer ou bien ils se tournent vers l’extrême droite. »