Présidentielle vue par les Français de l'étranger : Elsa avocate en Côte d'Ivoire

Septième épisode de notre série sur la présidentielle française vue par les Français qui vivent à l’étranger. Elsa est passée de Londres à Abidjan en Côte d’Ivoire. Pour l’instant, sa vie, elle la voit là-bas. Mais ça ne l’empêche pas de suivre quotidiennement la présidentielle qui intéresse aussi les Ivoiriens. 

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extrait carte monde cote d'ivoire
Elsa vit avec sa famille depuis un an en Côte d'Ivoire. 
©Infographie M.Bruneau/TV5MONDE
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Première étape : Londres. En décembre 2010, Elsa quitte la France pour la capitale britannique. Elle y est alors détachée par le cabinet d’avocats anglo-saxon pour lequel elle travaille à Paris. 

passeport Elsa côte d'Ivoire
©Infographie M.Bruneau/Côte d'Ivoire
 

Elle devait n’y rester que quelques mois. Cela a finalement duré six ans. C’est là qu’elle rencontre son compagnon, lui aussi expatrié. Puis, changement de cap : « J’ai trouvé un boulot à Abidjan et on est tous partis. Mon mari a passé quelques années en Côte d’Ivoire quand il était petit. Il voulait y retourner. Et moi, je voulais travailler sur le continent africain. »

Direction Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire. Elsa, 35 ans, travaille désormais à la Banque africaine de développement comme avocate au service juridique. 

Son rapport avec la France 

Avec son mari, ils comptent rester dans le pays autant de temps qu’ils en auront envie : « On n’a aucune idée du temps que l’on va passer ici. J’enchaîne les contrats de 6 mois. Pour le moment, on n’a pas envie de retourner en France mais à terme… pourquoi pas. Ici, le boulot m’intéresse beaucoup. D’un point de vue matériel, c’est plus simple aussi d’avoir des enfants ici qu’à Paris. Il n’y a pas de problèmes de crèche parce que l’on a une nounou.»  

Pour le moment, on n’a pas envie de retourner en France mais à terme… pourquoi pas.

Si le retour en France n’est pas encore envisagé pour le moment, elle y retourne tous les 3 ou 4 mois « pour les fêtes et les événements familiaux ». « Seulement » 6 heures d’avion les séparent de leur pays. 

Et les Français, ne sont jamais bien loin : « Il y en a moins qu’à Londres mais il y en a quand même beaucoup. Pas mal de gens qui sont Français ont vécu ici toute leur vie. Beaucoup de gens travaillent dans les grosses entreprises françaises comme Bouygues, Total, … »

Pourquoi suivre la présidentielle ? 

Au-delà du lien affectif qu'Elsa entretient avec son pays, elle nourrit aussi un intérêt certain pour la politique nationale. « Cela reste notre pays. Et puis, je me suis toujours plus intéressée à la politique française qu’à ce qui pouvait se passer dans le pays où je vivais. » 

Un intérêt né aussi de sa formation : « Dans ma famille, on parle de politique et j’ai fait des études de droit. Tout ce qui est droit public, la politique,… ça me parle donc ça m’a toujours intéressée. Mais je ne suis pas du tout active dans un parti. »

Il faut avoir la volonté de donner sa voix, parce qu’après sinon c’est difficile de se plaindre.

Si cette présidentielle revêt une importance particulière, c’est parce qu’il y a eu récemment deux « piqûres de rappel qu’il faut voter » avec l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et le passage du Brexit au Royaume-Uni. « Après ces deux événements, on a reçu des mails d’amis nous appelant à voter. Si vous n’allez pas voter, d’autres y vont et après c’est trop tard. La grosse inquiétude pour cette élection c’est l'arrivée du Front national. Il faut avoir la volonté de donner sa voix, parce qu’après sinon c’est difficile de se plaindre. »

Peu de candidats ont développé des idées pour le continent africain. 

En Côte d’Ivoire, la campagne a une résonance particulière : « Les Ivoiriens s’intéressent à ce qui se passe en France. Il y a pas mal de désillusion. Quand on lit les journaux ici ou les commentaires, il y a pas mal de ressentis contre la politique française. Ici, la politique étrangère de la France a un impact plutôt fort. L’armée française a une base militaire à Abidjan, ce n’est pas neutre. Pour l’instant, je n’ai pas lu tous les programmes mais peu de candidats ont développé des idées pour le continent africain. » 

Alors pour qui voter ? « Je me suis dit que j’allais lire tous les programmes et pas voter par idéologie ou pour la personne. » Résultat des courses pour l’instant ? « Je suis sûre de ne pas voter pour Marine Le Pen, François Fillon ou Nicolas Dupont-Aignan mais je vais quand même lire les programmes. Je ne suis pas très fan non plus de l’extrême gauche. Je trouve que d’un côté comme de l’autre, aux extrêmes, ils polarisent trop les discussions. » 

Quant au discours de certains politiques, seraient-ils dépassés ? « Nicolas Dupont-Aignan se revendique beaucoup du général de Gaulle mais en 2017, je trouve ça ridicule. Il a été au pouvoir il y a 70 ans, dans un contexte particulier. Le monde aujourd’hui est radicalement différent. C’est comme si on se revendiquait de Jean Jaurès aujourd’hui. »

Il y a certes plein de choses qui ne vont pas en France mais on a énormément de chance

Loin de France, Elsa n'en oublie pas moins certaines qualités de son pays d’origine. « Il y a certes plein de choses qui ne vont pas en France mais on a énormément de chance. Plein de choses fonctionnent. Les gens qui rentrent en France pour la retraite ou pour élever leurs enfants se rendent compte que l’on a de la chance. C’est aussi un pays dans lequel on grandit ensemble et c’est rare. C’est un énorme avantage dans le monde d’aujourd’hui mais on ne mise pas dessus. »

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