Présidentielle vue par les Français de l'étranger : Emma étudie au Liban

Deuxième épisode de notre série sur la présidentielle française vue par les expats, les Français de l'étranger. Rencontre avec Emma, 22 ans, étudiante en échange universitaire à Beyrouth, une étape privilégiée par les candidats en campagne. Même si elle ne sait pas encore quel nom portera son bulletin, une chose est sûre : elle ira voter. 
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Photo carte Emma LIBAN
©Infographie M.Bruneau/TV5MONDE
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« Ce n’était pas une destination très réfléchie mais, finalement, c’est une bonne opportunité. Le pays est très compliqué à comprendre, mais c’est, de fait, très intéressant. » Depuis son arrivée, au mois de septembre dernier, Emma, 22 ans, a été séduite par la capitale libanaise, où elle est en échange universitaire pour un an grâce au programme Erasmus. 
 
passeport Emma LIBAN
©Infographie M. Bruneau/TV5MONDE


Après un Master 1 de Droit à Lyon, en France, elle a choisi de faire « une année de pause et d’ouverture » en Sciences politiques. C’est dans cette section qu’elle étudie en ce moment à l’Université Saint-Joseph. Une fac où Emma retrouve beaucoup d’étudiants français mordus de politique. Quant aux Libanais, « dans ma fac, ils sont pour la plupart de droite. C’est intéressant d’entendre leur point de vue, notamment sur la victoire de Trump, dont certains se réjouissent. »  

Ses liens avec la France

Outre les échanges entre étudiants, et les conférences organisées par l’université, Emma suit de près la présidentielle via les médias français et le journal libanais francophone L’Orient - Le Jour.
 
Même loin de son pays, elle accorde une grande importance à ce scrutin. C'est la deuxième présidentielle seulement pour laquelle elle vote depuis qu'elle a obtenu sa carte d'électeur. 

Pourquoi suivre la présidentielle ? 

Autour d'elle, Emma constate le peu d’intérêt que cette élection suscite chez des jeunes de son âge, à commencer par sa soeur, en école d’infirmière. « Toutes ces questions de politique, ça l’ennuie. Alors aux élections, je la pousse un peu à aller voter, et puis on en parle aussi ensemble. Mais je vois d’autres jeunes qui n’ont peut-être pas conscience de l’impact de la politique sur leur vie. C’est trop loin d'eux. J’ai des amis qui ont 20 ans, et qui ne savent pas comment on vote une loi, par exemple. »
 

Il faut réapprendre aux gens la citoyenneté.


Pour elle, il est primordial que les jeunes s’investissent davantage dans la vie publique. « Certains sont désintéressés et d’autres sont désabusés. C’est un gros problème. Je pense que la solution, c’est d’apprendre à s’engager politiquement, mais aussi autrement que dans le cadre de partis. Il faut réapprendre aux gens la citoyenneté. »

Emma s’intéresse, elle, à toutes les tendances politiques pour se faire une idée après avoir voté pour François Hollande en 2012 « il donnait un espoir à la jeunesse et son programme était celui qui me satisfaisait le plus. Mais bon... Il n’a pas du tout suivi son programme !» 

A Beyrouth, elle a pu assister à une réunion donnée par Emmanuel Macron (mouvement En Marche) lors de son passage au mois de janvier dernier dans le pays.

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Elle avait auparavant participé à une réunion d'un parlementaire européen Les Républicains à Beyrouth. 
 

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Fin février, elle s'est rendue à une réunion-débat de sympathisants du Parti socialiste qui portait sur le programme écologique du candidat Benoît Hamon. « Il s'agissait de discuter une à une ses mesures, de les critiquer et d'émettre des propositions complémentaires afin de nourrir la plateforme collaborative du "Conseil citoyen" sur laquelle chaque citoyen peut proposer une idée pour enrichir le programme du candidat. » Un exercice qu'elle a trouvé « très intéressant personnellement. »

Et elle a essayé d'assister, en vain, à une réunion de Marine Le Pen (Front National) qui était de passage au Liban en février dernier. Mais elle est parvenue à obtenir quelques informations sur les questions qui ont été posées à la candidate. 
 

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Quel candidat choisir alors le 23 avril, pour le premier tour ?  « Tous surfent sur le principe de redonner la parole aux Français. Je trouve que c’est une grosse arnaque. On leur envoi des propositions et ils choisissent celles à retenir, donc cela repose toujours sur leur choix. » 

Je trouve ça un peu facile de ne pas voter et ensuite de critiquer.

Et les candidats issus de la société civile comme Alexandre Jardin ou Charlotte Marchandise ? « Le problème des mouvements citoyens, c’est qu'ils regroupent toutes les tendances politiques. Or on est dans un système politique de représentation. C’est toute la problématique : qui porte la parole de gens qui ne partagent pas les mêmes idées, mais qui veulent faire de la politique autrement ? Même si je trouve cela un peu naïf et idéaliste, c’est quand même pas mal de pouvoir dire que l’on veut changer les choses. »

L’essentiel pour elle : participer, s’impliquer ! « C’est important pour moi de voter, même si je ne sais pas pour l’instant pour qui, parce que je n’ai pas du tout envie que le Front National passe. Mais pas seulement. Je trouve ça un peu facile de ne pas voter et ensuite de critiquer. J’ai aussi beaucoup d’amis qui ne vont pas voter pour montrer leur désaccord avec la manière dont on fait de la politique en ce moment. »

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