Fil d'Ariane
Après avoir grandi au Mexique et sur l’Ile Maurice, Laurent a ensuite vécu au Mozambique avec son épouse pendant deux ans. « On voulait retourner en Afrique, de préférence en Afrique de l’Ouest.» En 2010, c’est elle qui obtient un poste au Sénégal. Laurent la suit. « Je voulais créer depuis longtemps une entreprise dans le secteur de la distribution en Afrique. »
En 2012, il ouvre Niokobok. Son service de commerce en ligne propose à la diaspora sénégalaise de livrer à leurs familles des denrées alimentaires au lieu d’envoyer de l’argent. D’un seul employé à la création, il est aujourd’hui passé à 15 personnes.
Une fois par an, il retourne avec sa femme et leurs trois enfants en France pour les vacances et pour voir la famille. « Professionnellement, il peut aussi nous arriver aussi d’y aller plusieurs fois par an. »
Quid d’un retour dans leur pays d’origine ? « Mon activité avec Niokobok nécessite d’être à la fois en France et au Sénégal mais pour l’instant on ne sait pas trop… Moi ça m’est égal mais c’est plus lié à l’activité professionnelle de ma femme. »
Des deux côtés, il y a beaucoup d’allées-venues qui créent peut-être une relation moins distante avec la France.
« Beaucoup de Sénégalais font la navette entre la France et, inversement, beaucoup de Français vivent un peu à cheval sur les deux pays. Des deux côtés, il y a beaucoup d’allées-venues qui créent peut-être une relation moins distante avec la France. Quand il y a un rebondissement dans l’affaire Fillon, les Français qui vivent au Japon ou aux Etats-Unis n’en entendent pas parler dans les médias locaux alors qu'ici c'est plus souvent le cas. »
La France reste quand même notre pays et la présidentielle est un rendez-vous politique très important.
Au Sénégal, Laurent a pris de nouvelles habitudes pour rester informer sur son pays d’origine. « Ce que je fais ici et que je ne faisais pas en France, c’est regarder les infos françaises tous les soirs à la télévision même si, a priori, je ne suis plus concerné par l’actualité française au quotidien. Il semble que lorsqu’on est loin du pays, on ait ce besoin de se raccrocher à son pays. La France reste quand même notre pays et la présidentielle est un rendez-vous politique très important.»
Qu’il soit résident en France ou pas « on a la même voix », insiste Laurent qui compte bien voter le 23 avril pour le premier tour de ce scrutin. Il suit la campagne et vote comme s’il vivait encore en France.
De Dakar, il reçoit d'ailleurs pas mal de courriers par internet des candidats « on est aussi pris en considération parce qu’on reçoit des informations du consulat sur le vote. »
La qualité de l’offre n’est pas adaptée aux enjeux qu’il y a.
Laurent suit aussi les discussions sur la présidentielle par les groupes Facebook et WhatsApp de Français vivant au Sénégal, ayant quitté le pays ou n’y ayant jamais vécu. « Ils en parlent plus sur un ton trivial et de politique spectacle ou sur le mode commentaires des primaires et des derniers rebondissements. »
De son côté, il suit à distance les événements en s'impliquant à chaque étape : « Je me suis intéressé et j'ai voté aux deux primaires mais je trouve que la qualité de l’offre n’est pas adaptée aux enjeux. J’ai beaucoup de mal à me décider. Et je pense que ce ne sera pas un vote d’une très grande adhésion. » Clairement, Laurent optera pour un candidat dont il ne partagera sûrement pas tout le programme.