Fil d'Ariane
Après les aléas inhérents à leur installation dans le pays la première année, la famille qui, entre-temps, s’est agrandie, accepte de prolonger son expatriation. « On se dit ensuite qu’il ne faut pas rentrer tout de suite, qu’il faut profiter d’être bien dans le pays où l'on est pour y rester un peu. »
Trois ans après, direction le Mexique. L’entreprise de son mari les a envoyés dans son antenne de San Luis de Potosi, où ils sont arrivés en octobre 2016. « Le déménagement a été beaucoup plus facile, parce que c'était ma deuxième expatriation et que le pays est plus habitué à accueillir des étrangers. »
Dans notre tête, on reste Français et l’on raisonne comme si l’on devait rentrer bientôt.
Pour l'instant, ils ne savent pas jusqu'à quand leur expatriation va durer. « On est censés y rester trois ans. Je suis en congé parental, mais je peux prolonger ma disponibilité en tant qu’enseignante. En théorie, on pourrait donc rester plus longtemps. Quand on est partis pour le Brésil, on devait n’y rester qu’un an et demi, on ne pensait pas partir aussi longtemps. On verra si on a ensuite d'autres propositions, ou si on a envie de rentrer. »
La France n’est jamais loin. Lili Plume y revient déjà une fois par an pendant les vacances d’été. « Dans notre tête, on reste Français et l’on raisonne comme si nous devions rentrer bientôt. Nous restons très proches de notre pays, parce qu’on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. On peut très bien, un jour, ne plus avoir de propositions, ou des propositions qui ne nous conviennent pas, et puis rentrer. On est partis pour rester trois ans au Mexique, mais ces derniers temps, il y avait des mouvements sociaux, des contestations… On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. »
Tout au long de l’année, Lili Plume reste aussi très connectée avec son pays. « Ici, tout passe par Internet. Le matin, c'est comme ça que j’écoute ma radio. Je suis ce qu’il se passe aussi par Facebook, et notamment grâce aux groupes de Français à l’étranger. J’aime bien le cinéma, savoir ce qui sort, suivre les informations françaises, ça reste important pour moi. »
On ne sait pas ce qui peut se passer. Il faut voter !
Même de loin, la présidentielle garde toute son importance. « On a fait un bel effort parce qu’on s’est rendus compte vraiment au dernier moment que l’on n’étaient pas inscrits sur les listes électorales consulaires, ici, au Mexique. » Un geste qui avait toute son importance pour Lili Plume : « J’ai toujours fait en sorte de voter, surtout pour les présidentielles. Pour les élections municipales, je faisais une procuration, mais là, j’ai envie de voter moi-même. »
Pour elle, il est primordial de s'exprimer lors de cet enjeu électoral. « Si tout le monde se dit : ce n’est pas très grave, on est loin de la France, un de plus, un de moins, … Mais si tout le monde fait comme ça, on risque de se retrouver avec le Front national. Il faut voter ! Quand on voit tout ce qu’il se passe dans le monde, avec l’élection de Trump qui a surpris un peu tout le monde, il faut se mobiliser. Ici, au Mexique, les élections américaines ont traumatisé, choqué, et les gens en parlaient tous les jours quand on est arrivés. »
La présidentielle va avoir des répercussions directes sur ma profession qui est une profession sociale nécessitant une politique sociale.
Lili Plume se préoccupe aussi des politiques adoptées en France qui peuvent affecter son statut de fonctionnaire. « Même si je ne travaille plus, un jour je re-travaillerai. Je suis toujours enseignante même si je suis en disponibilité (sorte d’année sabbatique renouvelable, ndlr). Alors toutes les décisions qui touchent à l’éducation nationale, les réformes, les suppressions de poste, ça continue à me concerner. Je pense aux collègues, aux enfants qui sont dans les écoles. J’ai déjà travaillé 15 ans donc ça me tient à coeur que l’on puisse continuer à travailler dans des conditions décentes, que l’on ait des réseaux d’aide pour tous les enfants qui ont des problèmes. La présidentielle va avoir des répercussions directes sur ma profession, qui est une profession sociale nécessitant une politique sociale. »
Le président va être important pour prendre des décisions allant dans le sens de ce que nous vivons : la mondialisation.
Vivant depuis trois ans et demi à l’étranger, Lili Plume se rend compte d’une grande lacune du système éducatif français : « Quand on quitte la France, on se rend compte qu’il y a un petit problème sur l’enseignement des langues dans notre pays. Si on veut continuer à communiquer avec le monde entier et à avoir des expériences partout dans le monde, il faut à tout prix qu’on y prête attention dans les réformes pour l’école. On se dit que le président va être important pour prendre des décisions allant dans le sens de ce que nous vivons, c’est-à-dire la mondialisation. »
De San Luis de Potosi, elle continue de suivre la campagne et ses rebondissements. Le jour du scrutin, elle devra se rendre dans un bureau de vote à 2 heures de route d'où ils habitent car le vote électronique n'est pas mis à disposition des Français de l'étranger dans le cadre de la présidentielle. Et désormais ce sera aussi le cas pour les législatives comme l'a annoncé le ministère des Affaires étrangères récemment :
Lili Plume formule un souhait : « Nous serions contents de retrouver une France pas trop amochée, pas gouvernée par le Front national et noyée dans les révoltes sociales. »