Prix Nobel de la paix : "un cri d'alarme pour le monde"

Le Nobel de la paix a récompensé vendredi l'organisation japonaise anti-armes atomiques Nihon Hidankyo, qui regroupe des survivants des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki en 1945. Un prix qui fait écho à la situation géopolitique actuelle. 

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Masako Kudo, une responsable de Nihon Hidankyo s'adresse aux médias dans son bureau de Tokyo, le vendredi 11 octobre 2024, après que Nihon Hidankyo a remporté le prix Nobel de la paix.

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La saison des Nobel, bien entamée, a récompensé vendredi le groupe japonais Nihon Hidankyo, qui regroupe des survivants d'Hiroshima et Nagasaki. Leur combat fait écho dans un monde où des états, comme la Russie, menacent de briser le tabou de l'arme atomique. 

Nihon Hidankyo est distingué "pour ses efforts en faveur d'un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré, par des témoignages, que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées", déclarait le président du comité Nobel norvégien, Jørgen Watne Frydnes. Le prix "met l'accent sur la nécessité de maintenir le tabou nucléaire", a-t-il souligné. "Et nous avons tous une responsabilité (pour le faire), en particulier les puissances nucléaires".

Résonance au monde actuel

Ce choix intervient alors que la Russie a, à plusieurs reprises, agité la menace nucléaire depuis le début de l'invasion de l'Ukraine en février 2022. Pour les Occidentaux, la menace vient aussi de la Corée du Nord qui multiplie les tirs de missiles balistiques et de l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément. 

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"Une guerre nucléaire pourrait détruire notre civilisation", met en garde le président de la prestigieuse institution. Cette récompense est donc "un cri d'alarme pour le monde, mais aussi une reconnaissance de la façon dont les individus peuvent se relever et créer de l'espoir en racontant leur histoire", développe Jørgen Watne Frydnes. 

À Gaza, "c'est comme au Japon il y a 80 ans"

Alors que la planète s'apprête à commémorer l'an prochain le 80e anniversaire des bombardements nucléaires à Hiroshima et Nagasaki, les lauréats représentent les survivants irradiés — les "hibakusha" — et, se battent pour que cela n'arrive plus jamais. 

 

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Sur cette photo d'archive de 1945, une vue de la dévastation après le largage de la bombe atomique, à Hiroshima, au Japon. Le prix Nobel de la paix a été décerné à Nihon Hidankyo, une organisation japonaise de survivants des bombardements atomiques américains d'Hiroshima et de Nagasaki, pour son activisme contre les armes nucléaires. 

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Les armes nucléaires ne permettent pas de garantir un monde sans conflit, a réagi à Tokyo un responsable du groupe, Toshiyuki Mimaki, visiblement tombé des nues et qui, les larmes aux yeux, assurait à la presse que "jamais (il) n'aurait imaginé" recevoir le Nobel. "On a dit que, grâce aux armements nucléaires, la paix serait maintenue à travers le monde. Mais les armes nucléaires peuvent être utilisées par des terroristes. Et par exemple, si la Russie les utilise contre l'Ukraine, et Israël contre Gaza, cela ne s'arrêtera pas là", explique le responsable de l'organisation fondée en 1956. 

On a dit que, grâce aux armements nucléaires, la paix serait maintenue à travers le monde. Mais les armes nucléaires peuvent être utilisées par des terroristes. Et par exemple, si la Russie les utilise contre l'Ukraine, et Israël contre Gaza, cela ne s'arrêtera pas là.

Toshiyuki Mimaki, responsable de Nihon Hidankyo

Toshiyuki Mimaki a comparé le Japon de 1945 à la situation dans la bande de Gaza, théâtre depuis un an d'une offensive israélienne en riposte aux attaques du 7 octobre 2023 perpétrées par le mouvement islamiste palestinien Hamas. "A Gaza, des enfants en sang sont tenus (dans les bras de leurs parents). C'est comme au Japon il y a 80 ans", a déclaré Toshiyuki Mimaki.

 

Les bombes nucléaires, des "engins de mort"

Le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a réagi en appelant à "éliminer" les bombes nucléaires, des "engins de mort". Pour la cheffe de la diplomatique allemande, Annalena Baerbock, ce Nobel est "vraiment bonne nouvelle". Surtout "en ces temps brutaux où des puissances agressives menacent d'utiliser des armes nucléaires". Des armes qui représentent "le mal absolu", selon les déclarations du maire d'Hiroshima, Kazumi Matsui.

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Archives : De la fumée s'élève à environ 20 000 pieds au-dessus d'Hiroshima, au Japon, après le largage de la première bombe atomique, le 6 août 1945. 

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Se trouvant à moins de 2 kilomètres du point d'impact, Setsuko Thurlow, alors écolière de 13 ans, raconte avoir vu "un simple éclair de lumière" en ce 6 août 1945 quand les États-Unis ont largué la bombe Little Boy sur Hiroshima. "C'était l'enfer sur Terre", confiait en 2017 cette "hibakusha", en évoquant "une procession de fantômes", les membres en lambeaux, les yeux énucléés et les intestins sortant de ventres béants. 

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Six heures après l'annonce, aucun dirigeant des puissances nucléaires n'avait publiquement réagi au choix du comité Nobel. Neuf pays détiennent aujourd'hui l'arme atomique: Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et, non officiellement, Israël.

Avec l'augmentation des tensions géopolitiques dans le monde, ces puissances nucléaires modernisent leurs arsenaux, soulignait en juin l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). En janvier, sur les quelque 12.121 ogives nucléaires existantes dans le monde, environ 9.585 étaient disponibles en vue d'une utilisation potentielle, relevaient les chercheurs du Sipri.

Moscou a annoncé en 2023 suspendre sa participation au traité New START, le dernier traité de contrôle limitant les forces nucléaires stratégiques de la Russie et des États-Unis.

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Le Nobel, qui consiste en un diplôme, une médaille d'or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (environ 970.000 euros), sera formellement remis le 10 décembre à Oslo.