Fil d'Ariane
José Victor Salaza Balzar, 28 ans, en flammes, fait partie de cette jeunesse de Caracas en révolte contre un pouvoir responsable de la descente aux enfers d'un Vénézuela jadis fleurissant. Ce 3 mai 2017, la prise de guerre des manifestants est une moto de la garde nationale. Ils y mettent le feu.
"J'étais dos à la moto, en train de m'éloigner du danger, donc j'ai reculé encore un peu, et au moment où je me suis éloigné, la moto a explosé très près de moi. J'ai senti le brasier, j'ai réagi machinalement et j'ai empoigné mon appareil photo pour commencer à prendre des photos de l'explosion alors que je ne savais toujours pas ce qui se passait. C'est seulement après quelques secondes que j'ai réalisé qu'il y avait une personne en flammes au milieu du feu, et j'ai continué à prendre des photos jusqu'au moment où il s'est éloigné."
Le jeune en flamme, bien que gravement brulé, survivra à ses blessures.
C'était lors d'une manifestation avec des affrontements avec la police qui sont alors quotidiens et qui feront plus de 115 morts en 4 mois. La crise est sans précédent : pénurie alimentaire, plus de médicaments disponibles, l'inflation est galopante, l'insécurité partout.
Pour moi, cette image est représentative des violences qui ont eu lieu l'année dernière au Venezuela: les confrontations, le mécontentement social, l'inconfort d'une population qui n'est pas en phase avec le gouvernement.
Et c'est bien l'avis des membres du jury, pour qui cette photo déclenche une émotion instantanée. Elle symbolise à elle seule l'image d'un pays qui brule.
L'un des jurés note même ce détail : ce pistolet sur le mur qui crache le mot : "paix".