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Les 12 membres du jury poursuivent leurs délibérations à New York pour décider ou non de la culpabilité de P. Diddy. L'ex-magnat du hip-hop est accusé d'avoir contraint des ex-petites amies à participer à des marathons sexuels et d'avoir mis en place un réseau de trafic sexuel. Le rappeur, âgé de 55 ans, a plaidé non-coupable. Il risque la prison à vie.
Sean « Diddy » Combs sur la scène des MTV Video Music Awards le mardi 12 septembre 2023 au Prudential Center à Newark, N.J.
Tribunal pénal de Manhattan, lundi 30 juin 2025 : dans quelques minutes, les 12 jurés vont se retirer pour leur première journée de délibérations. C'est l'heure de recevoir les toutes dernières recommandations du juge Arun Subramanian. Il s'agissait notamment de leur expliquer la notion de doute raisonnable et les différents types de preuves pour déterminer le sort de P. Diddy.
Dans ce procès, les jurés délibèrent jusqu'en fin d'après-midi, 17H00(21H00 GMT) précisement. Ensuite, ils rentrent chez eux, avec pour instruction de ne pas suivre l'actualité entourant cette affaire qui inonde les médias américains et les réseaux sociaux, et cela jusqu'à ce qu'ils parviennent à une décision.
Une trentaine de témoins, des milliers de pages de retranscription de conversations téléphoniques ou d'échanges de SMS, de documents financiers : les auditions ont duré sept semaines. Ces séances ont donné lieu à des plaidoiries musclées, sur la base de témoignages éprouvants mais aussi d'avocats de la défense cherchant à décrédibiliser la parole des victimes présumées.
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P. Diddy est accusé d'avoir forcé des femmes - dont sa petite amie de 2007 à 2018, la chanteuse Cassie, et une ex plus récente ayant témoigné sous le pseudonyme de "Jane" - à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués pendant qu'il se masturbait ou filmait. Et aussi d'avoir mis en place un réseau criminel, dont il était à la tête, pour organiser ces marathons nommés "freak-offs".
Il ne s'agissait absolument pas de choix libres. Les victimes présumées étaient droguées, badigeonnées d'huile, épuisées et avaient mal. Christy Slavik, procureure
"Il ne s'agissait absolument pas de choix libres", avait répété dans son réquisitoire la procureure Christy Slavik, précisant que les victimes présumées "étaient droguées, badigeonnées d'huile, épuisées et avaient mal".
P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, "n'acceptait pas le 'non' comme une réponse possible", avait-elle insisté, en rappelant le contrôle qu'il exerçait sur son ex-compagne Cassie et les loyers payés de "Jane", devenue financièrement dépendante de lui.
"Elle (Cassie) a toujours été libre de partir. Elle avait choisi de rester parce qu'elle était amoureuse de lui et qu'il était amoureux d'elle (...), elle aime le sexe et grand bien lui fasse", avait rétorqué Marc Agnifilo, l'avocat du rappeur.
[ traduction : La défense de P Diddy soutient devant le tribunal que sa relation avec son ancienne petite amie, Cassie, qu'il battait sévèrement, était une "grande histoire d'amour moderne". En 2016, des images de vidéosurveillance d'un hôtel ont montré le rappeur en train de battre Cassie à plusieurs reprises dans un couloir d'hôtel.]
Dans les faits, les jurés doivent se prononcer sur les accusations de "complot de racket", à savoir si Sean Combs a dirigé une organisation dans laquelle son entourage ou ses employés commettaient des crimes en son nom. Cette accusation est passible de la prison à vie.
Les jurés doivent aussi se prononcer sur des accusations de "trafic sexuel" à l'encontre de Cassie, de son vrai nom Casandra Ventura, et "Jane".
[traduction : C'est ce que les jurés examinent alors qu'ils délibèrent sur les cinq chefs d'accusation qui pèsent sur lui : racket, deux chefs d'accusation de transport à des fins de prostitution et deux chefs d'accusation de trafic sexuel par la fraude, la force ou la coercition.]
P. Diddy a plaidé non coupable à ces accusations et choisi de ne pas témoigner, une stratégie courante de la défense aux Etats-Unis. Ses avocats n'ont pas à prouver l'innocence de leur client, mais plutôt à semer un doute raisonnable chez les membres du jury quant aux accusations des procureurs.
Durant le procès, ses avocats ont tout fait pour discréditer les témoins à charge à coups de contre-interrogatoires musclés et tenté de montrer que leur client avait un style de vie "polyamoureux" qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
Cassie a ainsi été soumise à un feu roulant de questions, visant à lui faire concéder qu'elle participait de son plein gré aux actes sexuels avec d'autres hommes.
"Je suis toujours prête" pour un "freak-off", avait-elle écrit à son compagnon en 2009. La chanteuse n'a pas contesté, tout en expliquant qu'elle était sous l'emprise du fondateur du label Bad Boy Records dont la fortune avait été évaluée en 2019 à 700 millions de dollars par le magazine Forbes.
Mais l'accusé n'est pas Dieu. Maurene Comey, procureure
Cassie et "Jane" ont admis que leur relation respective impliquait de l'amour, mais qu'elles étaient dans le même temps soumises à des menaces liées à leur réputation, à leur situation financière et à leur intégrité physique.
"Il avait tellement dépassé les bornes qu'il ne pouvait même plus les voir", avait déclaré une autre procureure, Maurene Comey, disant que le rappeur se sentait "intouchable". "Mais l'accusé n'est pas Dieu", avait-elle dit aux jurés en espérant une condamnation.
Le 16 septembre 2024, P. Diddy est arrêté à New York puis inculpé pour trafic sexuel, corruption, enlèvements et intimidation. Son procès s’est ouvert le lundi 5 mai à New York. C'est en novembre 2023, que Cassandra Ventura, de son nom de scène Cassie, a déposé plainte contre son ancien compagnon, pour viol et violences physiques commis entre 2005 et 2018.
Parmi les victimes présumées - une trentaine- dans cette affaire sordide, Thalia Graves fait partie de celles qui ont accepté de témoigner devant les caméras du documentaire La Chute de P. Diddy, coréalisé par Yoruba Richen. Elle a été la neuvième à déposer plainte pour viol.
C’était si violent que j’ai vomi sur la table de billard. J’ai hurlé, je ne sais même pas si j’ai réussi à émettre le moindre son quand je criais. Thalia Graves, extrait du documentaire La chute de P. Diddy
Face à la caméra, elle raconte : "J’étais nue sur cette table et j’avais les mains attachées dans le dos. Puffy était à côté du bar et il était nu. Il y avait un pot sur le bar, il a pris ce qui était dedans et il se l’est étalé sur les parties intimes, ça sentait la menthe."
Thalia Graves lors d'une conférence de presse le mardi 24 septembre 2024 à Los Angeles. Thalia Graves poursuit Sean "Diddy" Combs, qu'elle accuse d'agression sexuelle en 2001.
Ne pouvant retenir ses larmes, Thalia Graves poursuit : "Puffy s’est placé derrière moi et il m’a sodomisée. C’était si violent que j’ai vomi sur la table de billard. J’ai hurlé, je ne sais même pas si j’ai réussi à émettre le moindre son quand je criais, mais ça me brûlait au niveau de l’anus". Après avoir tenté de se défendre, elle explique que la violence de l'agression était telle qu'elle a fini par perdre connaissance.
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