Procès Huawei au Canada : des figurants engagés comme manifestants pour soutenir Meng Wanzhou

Des personnes qui pensaient avoir été embauchées comme figurants sur le tournage d'un film se sont retrouvées au milieu d'une véritable manifestation de soutien à Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, à Vancouver au Canada, ce lundi 20 janvier.

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Meng Wanzhou
Arrêtée depuis le 1 er décembre 2019, Meng Wanzhou, directrice financière du groupe chinois de télécoms Huawei, risque l'extradition vers les Etats-Unis.
(TV5MONDE)
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Une douzaine de manifestants affichant leur soutien à Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois de l'équipement télécoms Huawei, se tenaient lundi 20 janvier 2019, à l'extérieur d'un tribunal à Vancouver. La femme d'affaires chinoise conteste la procédure d'extradition vers les Etats-Unis, qui lui reprochent d’avoir contourné les sanctions américaines contre l’Iran et veulent la juger pour fraude.

"Libérez Meng, Justice équitable!", pouvait-on lire sur une pancarte. "Trump arrête de nous harceler", clamait une autre.  

Le reporter de Breakernews filme les manifestants et leur demande qui les envoie et quelles sont leurs motivations: 

Ces manifestants, interviewés par des journalistes sur place ont alors réalisé qu'ils avaient été bernés. "Une reporter de CBC nous a approchés, moi et mon ami, et elle a commencé à nous interviewer. Et c’est à ce moment-là, avec ses questions, que j’ai commencé à me rendre compte : OK, si c’est du travail de figurant, ils n’auraient pas besoin de détail sur les figurants", a raconté une manifestante, Julia Hackstaff, à la chaîne publique CBC. "J’ai commencé à réaliser que personne n’avait dit : action !", poursuit-elle.

Entre 100 et 150 dollars pour la performance


Les figurants ont expliqué avoir été contactés sur Facebook, par des connaissances dans le milieu artistique pour cette prestation. Ils auraient été payés entre 100 et 150 dollars canadiens (69 et 103€) pour deux heures de présence sur ce qu'ils pensaient être un plateau de tournage. 

En voyant d'autres journalistes les interviewer, Julia Hackstaff a réalisé qu'elle avait été bernée. "C'est terrible, c'est horrible. J'allais sincèrement participer à quelque chose qui semblait être une belle occasion", déplore-t-elle à Radio-Canada. Elle affirme avoir quitté les lieux sans être payée. 

Une autre manifestante, Ken Bonson, a fait un récit semblable au Toronto Star. "Honnêtement j’ai plutôt honte et je suis gênée", a-t-elle rapporté, expliquant qu’elle n’avait jamais entendu parler de l’affaire de l’arrestation au Canada de Meng Wanzhou. Une autre avoue avoir dû faire une recherche Google afin de se "renseigner sur Huawei" parce qu'elle n'avait "jamais entendu ce nom auparavant dans sa vie"

"Aucune instruction"


Sur place, un homme vérifiait les noms des participants sur son téléphone, selon Julia Hackstaff, "comme s'il avait une liste". Selon une figurante anonyme, une femme se présentant sous le nom de Jowe aurait leur aurait remis les pancartes. "Elle n'a pas dit grand-chose, elle nous a simplement serré la main [...] et remis des affiches rouges. C'est tout. On ne nous a donné aucune instruction, aucune information sur ce que nous faisions", a déclaré cette figurante à Radio-Canada.

Une question restait sans réponse : qui a embauché ces figurants ? L’ambassade de Chine à Ottawa n’avait pas répondu aux sollicitations des médias. Le groupe Huawei a indiqué n’avoir aucun rapport avec les manifestants et n’être pas informé du nom des organisateurs de la manifestation.