Fil d'Ariane
La Chine a dénoncé jeudi les "propos irresponsables" du président ukrainien, après que ce dernier eut affirmé que Pékin savait que des Chinois étaient recrutés par la Russie pour combattre en Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prend la parole lors d'une conférence de presse avant une réunion des ministres de la Défense de l'OTAN. Siège de l'OTAN à Bruxelles, Belgique - 11 octobre 2023.
Volodymyr Zelensky a assuré ce mercredi 9 avril que Kiev disposait d'informations sur 155 ressortissants chinois aidant Moscou dans son invasion. Un jour plus tôt, il avait également affirmé que l'armée ukrainienne avait capturé deux soldats chinois dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Le président ukrainien ajoute à ses déclarations que la Chine savait que des dizaines de ses ressortissants étaient recrutés par la Russie pour combattre sur le territoire ukrainien.
La réponse de Pékin ne s'est pas fait attendre. Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a répondu à ces déclarations lors d'un point presse jeudi 10 avril. "Nous conseillons aux parties concernées d'avoir une vision juste et raisonnable du rôle de la Chine et de ne pas tenir de propos irresponsables", a-t-il réagi.
Il a soutenu que "le gouvernement chinois a toujours exigé de ses citoyens qu'ils restent à l'écart des zones de conflit" et "tout particulièrement qu'ils évitent de participer à des opérations militaires, de quelque partie que ce soit".
"Je tiens à rappeler que la Chine n'est ni à l'origine de la crise ukrainienne, ni partie prenante. Nous sommes de fervents partisans et des promoteurs actifs d'une solution pacifique", a-t-il ajouté. Sur le conflit, la Chine appelle à respecter l'intégrité territoriale de tous les pays, sous-entendu Ukraine comprise, et se présente comme partie neutre pouvant aider à trouver une solution politique.
Pékin n'a cependant jamais condamné publiquement Moscou pour son opération militaire et a renforcé ses liens économiques, militaires et politiques avec son voisin russe depuis le début de l'invasion en février 2022. La position chinoise est souvent critiquée par les Occidentaux, qui appellent régulièrement la diplomatie chinoise à faire pression sur la Russie pour stopper la guerre.
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Les autorités russes "entraînent d'autres pays dans la guerre. Je crois qu'ils entraînent maintenant la Chine dans cette guerre", avait estimé mercredi Volodymyr Zelensky devant un groupe de journalistes, dont l'AFP. "Zelensky a tort", a retorqué jeudi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé sur ces accusations formulées par le président ukrainien.
M. Peskov a qualifié au passage Pékin de "partenaire, ami, camarade" de Moscou, avec une "position très équilibrée" sur le conflit.
Sur le terrain, la situation se complique pour Kiev. La Russie a par ailleurs revendiqué jeudi la prise d'un village dans la région frontalière de Soumy. Une rare avancée dans cette zone du nord-est de l'Ukraine dont ses troupes avaient dû se retirer au printemps 2022.
Le ministère de la Défense à Moscou a affirmé dans un communiqué que l'armée russe s'était emparée du village de Jouravka, accolé à la frontière. Dimanche, la Russie avait déjà annoncé la conquête d'une petite localité dans cette zone mais les gardes-frontières ukrainiens l'avaient ensuite accusée de "désinformation".
L'Ukraine avait déclenché, de Soumy, en août dernier une offensive dans la région russe frontalière de Koursk. Ces dernières semaines, les forces russes ont progressé à une vitesse inédite dans le but de complètement la reconquérir.
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Les Ukrainiens comptaient faire de ces territoires qu'ils contrôlaient en Russie une monnaie d'échange en cas de négociations de paix et espéraient aussi mieux protéger leur pays.
Le commandant des armées ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, avait affirmé mercredi au média LB.ua que les Russes avaient entamé des offensives dans les régions de Soumy et de Kharkiv, également dans le nord-est, pour créer des "zones tampons" et ainsi éviter de nouvelles incursions ukrainiennes.
Les deux camps ont récemment intensifié leurs frappes malgré les récentes tentatives des États-Unis d'amener les belligérants à des pourparlers destinés à mettre fin à plus de trois ans de combats.