La loi d’avril 2013 sur « l’indépendance de l’expertise en matière de santé et d’environnement et la protection des lanceurs d’alerte », à l’initiative de la Sénatrice d’Europe Écologie les Verts, Marie-Christine Blandin (voir notre encadré), ne constitue-t-elle pas une avancée ?Oui, cette loi est importante car elle donne une première définition du terme «
lanceur d’alerte » et l’intègre dans le corpus législatif. Grâce à elle, tout employé, du secteur public ou privé, qui signale un risque grave affectant la santé publique ou l’environnement sera protégé contre toute représaille. Il ne pourra plus être ni licencié, ni placardisé. Mais cette définition est restreinte puisqu’elle ne concerne que la santé et l’environnement. Et pour l’heure, cette loi n’est toujours pas en vigueur. Idem pour la loi de 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé. Dans les deux cas, il n’y a ni décret d’application, ni échéancier.
Dans les faits, à ce jour, les citoyens français ne sont protégés que par la loi de novembre 2007 – adaptation de la Convention des Nations unies contre la corruption. En vigueur depuis 2008, cette loi protège uniquement le salarié du secteur privé, dans le seul champ comptable et financier !
La législation, adoptée sous la pression internationale (loi de 2007) où l’urgence émotionnelle (loi de 2013 suite au scandale du Médiator) est limitée et fragmentaire. C’est une législation «
millefeuille », sans contrôles institués (organisme de contrôle indépendant) ni moyens dédiés, c’est à dire sans contre-pouvoir institutionnel.
La situation est-elle différente dans les autres pays disposant d’un droit d’alerte ?Depuis 1998, le Royaume-Uni dispose d'une loi globale qui identifie un large éventail d’alertes et protège les salariés des secteurs public et privé contre les licenciements injustifiés ou toute autre mesure de rétorsion: la loi «
PIDA ». Cette loi qui, de nos jours, tient lieu d’exemple, a déjà été appliquée par dix pays dans le monde. Et l’Italie pourrait bientôt devenir le onzième.
Le Royaume-Uni possède également une fondation, le
Public concern at work (lire notre encadré), qui offre une écoute ainsi qu’un conseil juridique, gratuit et confidentiel, aux victimes. Il en va de même pour l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, la Suisse... L’Allemagne dispose, pour sa part, d'un médiateur et de deux centres d'appui aux lanceurs d'alerte. Quant aux Pays-Bas, ils viennent de déposer un projet de loi pour la création d’une maison des lanceurs d’alerte. A ce rythme là, nous deviendrons bientôt les derniers de la classe.