Le Qatar dans la tourmente est poussé à réaliser de grandes concessions notamment celle de fermer sa chaîne historique Al-Jazeera. Quant à La Turquie, le pays réaffirme son soutien. Mais l'Europe reste la grande absente de ce débat diplomatique.
L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont accordé au Qatar un délai de dix jours pour satisfaire à plusieurs demandes parmi lesquelles la fermeture de la chaîne Al-Jazeera, la réduction des relations avec l'Iran ou la fermeture de la base turque au Qatar, une requête jugée irréaliste par Doha. Les quatre pays exigeraient aussi que le Qatar rompe les liens qu'il entretient, selon eux, avec les groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Al-Qaïda ainsi qu'avec le mouvement chiite libanais Hezbollah et les Frères musulmans. Les trois points à retenir pour comprendre
Un axe Turquie-Qatar
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé dimanche que l'ultimatum présenté par l'Arabie saoudite et ses alliés au Qatar, qu'ils accusent de "soutenir le terrorisme", était "contraire au droit international"."Nous soutenons (la position du Qatar) parce que nous considérons que la liste de treize demandes est contraire au droit international", a déclaré le chef de l'Etat turc, cité par l'agence gouvernementale Anadolu. Il s'agit "d'une attaque contre les droits souverains d'un pays", a-t-il dit.
M. Erdogan a affirmé en outre que l'exigence d'un retrait des troupes turques du Qatar était une forme "d'irrespect pour la Turquie".
La Turquie entretient des rapports privilégiés avec Doha. Le parlement turc a approuvé le 7 juin la mise en oeuvre d'un accord datant de 2014 permettant le déploiement de plusieurs milliers de soldats sur une base turque au Qatar. Des troupes turques se trouvent déjà dans le pays, où elles participent à des exercices conjoints. La Turquie a en outre commencé à envoyer par avion et par mer des denrées alimentaires au petit émirat gazier, soumis à un embargo par ses voisins du Golfe.
"Allons-nous demander la permission pour coopérer en matière de défense avec un pays? Sans vouloir offenser quiconque, la Turquie n'est pas un pays ordinaire", a affirmé M. Erdogan
Al Jazeera dans la balance
Le Qatar est également sommé de fermer dont la ligne éditoriale est jugée par ses détracteurs trop favorables aux islamistes. Accusée d’être le fief des Frères Musulmans, la chaîne a dit "déplorer" l'appel à sa fermeture. Ce "n'est qu'une tentative de faire taire la liberté d'expression dans la région", a écrit la chaîne dans un communiqué.
Créée en 1996, par le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, Al-Jazeera est l'un des plus importants organes de presse au monde et un symbole du pluralisme.
« La principale force d’Al Jazeera à l’époque c’est d’être la première chaîne arabe en continue qui a donné un certain pluralisme dans la région (…) elle a ouvert ses tribunes aux frères musulmans qui ont été boycottés (..) elle a donné la parole à des israéliens. (..) Ce qui est remarquable (..) c’est cette complexité que la chaîne de télé ne se développe pas dans une situation démocratique(…) mais la famille royale Qatari a permis aux journalistes de jouir d’une liberté d’expression. »
Claire Gabrielle Talon, chercheuse, politiologue, spécialiste des médias arabes sur France Inter
En mai 2017, le site Internet de la chaîne satellitaire est bloqué en Égypte, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.
Le mutisme de l'Europe
Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a réclamé samedi des "garanties" européennes et américaines sur un éventuel accord de sortie de crise.
"Si le Qatar suit la voie de la sagesse et réalise que son aventure l'isole de son voisinage", il faudrait, "pour préserver notre sécurité et stabilité, une sorte de mécanisme de contrôle" sur l'application d'un éventuel accord, a dit le ministre, en appelant à "des garanties européennes et américaines".
"Nous avons enregistré un très grand intérêt de la part de l'Europe et des Etats-Unis car ils ont été (eux aussi) affligés par des attentats terroristes", a-t-il poursuivi.
La France joue les médiateurs. « Comme nous l'avons indiqué hier, notre priorité va à l'apaisement des tensions et nous continuons à appeler l'ensemble des parties à faire les gestes nécessaires à cette fin. » déclare le porte-parole du
Ministère des Affaires Etrangères le 14 juin 2017.
Pour le moment, la situation diplomatique n'est toujours pas fixée et le blocus économique affaiblit le pays et sa population.