Back to top
La rupture des relations diplomatiques s'est accompagnée de mesures économiques comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes entre ces pays et le Qatar, ainsi que des interdictions de survol aux compagnies aériennes qataries ou des restrictions aux déplacements des personnes.
Les compagnies aériennes d'Arabie saoudite, des Emirats, de Bahreïn et d'Egypte ont suspendu "jusqu'à nouvel ordre" tous leurs vols à destination ou en provenance du Qatar. Au moins 27 vols ont été annulés depuis les aéroports de Dubaï au moment où entrait en vigueur la suspension.
Dans la nuit de lundi à mardi 6 juin, le Qatar a donné l'impression de chercher une issue à la crise, appelant à un "dialogue ouvert et honnête".
S'exprimant sur Al-Jazeera, le chef de la diplomatie de l'émirat, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a assuré qu'il n'y aurait pas "d'escalade" de la part du Qatar.
Le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash a dit mardi qu'il fallait d'abord "rétablir la confiance", en réclamant "une feuille de route avec des garanties" pour pouvoir reprendre langue avec Doha.
Plusieurs pays essaient de jouer les médiateurs dans cette crise --la plus grave depuis la naissance en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG)--, comme le Koweït qui n'a pas rompu ses relations avec le Qatar.
L'émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a reçu lundi un conseiller du roi saoudien Salmane et a ensuite appelé l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, pour l'inviter à la "retenue". Il se rendra par ailleurs en Arabie pour une médiation.
La Turquie, qui entretient des rapports étroits avec les monarchies du Golfe, a aussi prôné le dialogue. Lundi soir, le roi Salmane a reçu un appel téléphonique du président turc Recep Tayyip Erdogan et, mardi, le porte-parole de ce dernier a indiqué que M. Erdogan avait entrepris "des efforts diplomatiques" qui pourraient durer des "semaines".
Alliés à la fois de Ryad et de Doha, les Etats-Unis avaient invité dès lundi les pays du Golfe à rester "unis", par la voix du secrétaire d'Etat Rex Tillerson.
Le ministre qatari des Affaires étrangères a souligné le caractère "stratégique" des relations avec les Etats-Unis.
Le Qatar héberge la plus grande base aérienne américaine dans la région, forte de 10.000 hommes et siège du commandement militaire américain chargé du Moyen-Orient. Cette base est cruciale pour la lutte menée contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et Irak par la coalition internationale menée par Washington et dont fait partie Doha.
Le Qatar a par ailleurs été exclu de la coalition militaire arabe, dirigée par Ryad, qui combat des rebelles pro-iraniens au Yémen. Il lui est reproché de soutenir des groupes islamistes radicaux et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran, grand rival de l'Arabie saoudite.
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a aussi appelé au dialogue. "Les voisins sont permanents, la géographie est immuable. La coercition n'est jamais la solution. Le dialogue est impératif, particulièrement durant le ramadan", a-t-il dit.
Riche pays gazier à la politique étrangère controversée, le Qatar avait au départ réagi avec colère aux décisions annoncées par Ryad et ses alliés, les accusant de vouloir le mettre "sous tutelle" et de l'étouffer économiquement.
Le Qatar a toujours poursuivi sa propre politique régionale, affirmant son influence par le sport --il accueillera le Mondial 2022 de football-- et par les médias avec Al-Jazeera dont les bureaux à Ryad ont été fermés lundi.
Mais il est accusé par ses détracteurs d'entretenir des liens avec les réseaux jihadistes Al-Qaïda et EI, ainsi que les Frères musulmans, classés "terroristes" par certains pays arabes.
Il s'agit de la plus grave crise diplomatique à frapper le Moyen-Orient depuis des années.