Quand Chavez déchaîne les passions... en France.

Depuis décembre 2012, l’état de santé du président vénézuélien préoccupe la Toile. Les rumeurs vont bon train, le gouvernement a même dénoncé ce 4 janvier des "manipulations" de l’opposition et une "guerre psychologique médiatique". En France, la twittosphère est elle aussi en ébullition, les pro- et anti-Chavez y déploient chacun leurs arguments.
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Quand Chavez déchaîne les passions... en France.
Hugo Chavez (cc)
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"Hugo Chavez est un dictateur". Pour les détracteurs du meneur de la révolution bolivarienne, c'est l’image qui prévaut. L’étudiante et militante UMP Camille Prs écrit que si Hugo Chavez "quitte le pouvoir, le Venezuela fera un pas de plus vers la démocratie." Pour le journaliste Frederic Martel, "le régime de Chavez est (était) autoritaire, non pluraliste et hostile à la liberté des médias. C'est une dictature."
Dictateur, caudillo, anti-démocrate, sont des adjectifs courants pour qualifier Hugo Chavez sur le réseau social. Certains le comparent même à la Russie de Vladimir Poutine et à son accueil récent de l’acteur Gérard Depardieu. René Boustany, étudiant en master de droit, exprime : "Les mêmes qui sont outrés par l'amitié entre Depardieu et Poutine se prosternent devant le dictateur communiste Chavez" A quoi répond le "chercheur en farniente" Zogo : "Marrants, nos riches qui présentent Poutine comme un démocrate et Chavez comme un dictateur", et le "sympathisant socialiste" Denis Descours : "Poutine est un dictateur mais il faut pas le dire trop fort... Par contre, n'hésitez pas sur Chavez."
Pour prendre la défense du président vénézuélien, d’autres Twittos se réfèrent aux dernières élections. Comme Karima B. : "Hugo Chavez, le seul "dictateur" dont les élections se font dans des conditions démocratiques reconnues par l'ONU, l'UE, le Centre Carter... " et Louise de Lannoy, du réseau Front de gauche : "L'UE et l'ONU ont annoncé que toutes les élections de Chavez se sont déroulées conformément au processus démocratique." Une page Facebook, Hugo Chavez, la page de réinformation , s'est même créée en septembre 2012 dans l'idée de donner une vision plus favorable de l'actualité du président vénézuélien.
Pour Jean-Baptiste Mouttet, un journaliste français indépendant ayant vécu deux ans au Vénézuela, ce débat de la Twittosphère française peut se replacer dans un contexte politique national, entre gauche et droite. "Il s’agit sans doute d’un biais pour critiquer la gauche française, allié à une méconnaissance du Venezuela. Hugo Chavez a été démocratiquement élu. On peut critiquer la personnalisation du pouvoir , mais le Venezuela n’est en rien une dictature." En fait, "c’est surtout depuis que Jean-Luc Mélenchon l’a soutenu pour la présidentielle d’octobre que ce débat existe, poursuit-il. Il y a eu un souffle de la gauche de la gauche à y trouver un exemple en termes de politique sociale. Je le vois parmi mes propres abonnés Twitter. Ce sont surtout des gens du Front de gauche qui me suivent." 
Quand Chavez déchaîne les passions... en France.
Jean-Luc Mélenchon (cc)
Une gauche patriote Mais la gauche n’est pas la seule à soutenir le leader vénézuélien. En 2010, l’association politique Egalité et réconciliation, proche de l’extrême-droite, entamait une campagne Nous voulons un Chavez français !, suscitant parfois de vives réactions. "Il faut faire attention, commente Jean-Baptiste Mouttet. Le Venezuela n’est pas non plus une démocratie parfaite. Hugo Chavez tient un discours de gauche, mais aussi patriotique et nationaliste, ce qui plaît à une certaine extrême-droite. Mais tout cela n’est pas remis dans le contexte sud-américain où la gauche est plutôt patriote." Au-delà du débat franco-français entre gauche et droite, les détracteurs d’Hugo Chavez rappellent qu’il a publiquement soutenu le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son programme nucléaire, plaisantant même sur une potentielle "attaque" commune des Etats-Unis. Lors de l’intervention de l’OTAN en Libye, il a affiché son soutien à Mouammar Kadhafi. "Cette politique, qualifiée d’anti-impérialiste, mène à des conséquences illogiques." selon Jean-Baptiste Mouttet. Hervé Gattegno, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Le Point, allait dans le même sens au moment de l’élection présidentielle vénézuélienne, estimant qu’ "il faut faire la part de la provocation et de l'antiaméricanisme." Ironie de l'histoire, ou pas, le compte Twitter d'Hugo Chavez est, avec 3 856 345 abonnés, le deuxième compte de personnalité politique au monde à être le plus suivi, après celui de ... Barack Obama (25 372 711 abonnés).