Le président américain Joe Biden en déplacement à Tokyo annonce un nouveau partenariat économique en Asie-Pacifique avec 13 premiers pays participants, sans la Chine. Ce Cadre économique pour l'Indo-Pacifique (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF) n'est pas à proprement parler un accord de libre-échange. Il s'agirait d'un partenariat visant une meilleure intégration entre ses pays membres dans quatre domaines clé : l'économie numérique, les chaînes d'approvisionnement, les énergies vertes et la lutte contre la corruption.
"Les États-Unis et le Japon, ensemble avec 11 autres nations, vont lancer le Cadre économique pour l'Indo-Pacifique", a déclaré Joe Biden lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Cette initiative américaine apparaît clairement destinée à offrir en Asie-Pacifique une alternative à la Chine, deuxième puissance économique mondiale à l'influence grandissante dans la région.
La fin du Partenariat transpacifique (TPP)
Les États-Unis s'étaient retirés en 2017 du Partenariat transpacifique (TPP), un vaste accord multilatéral de libre-échange qui a fait l'objet d'un nouveau traité en 2018 sans Washington.
Le Président Biden ne pouvait pas revenir sur une décision prise par son prédécesseur Donald Trump, sans compter que ces accords de libre-échange sont, comme l’analyse la presse américaine, considérés comme
"politiquement toxiques" par les électeurs américains qui les associent à de potentielles pertes d’emploi.
Le président Biden a clairement fait comprendre qu'il n'avait aucune intention de relancer de grands accords de libre-échange et il a proposé une alternative.
Qui fait partie de l’IPEF ?
Les États qui rejoignent ce pacte sont : l’Australie, Brunei, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, la Corée du sud, la Malaisie, la Nouvelle Zélande, les Philippines, Singapour, la Thailande et le Vietnam. Avec les États-Unis, ils représentent 40% du PIB mondial souligne Associated Press.
A quoi servira l’IPEF ?
C’est encore à définir. L’annonce faite ce 23 mai désigne seulement le début de négociations entre les nations participantes et qui décidera ce qui se trouvera dans ce pacte. Son contenu est pour l’instant très vague. Comme l’a dit le président Biden lors de son point presse
"nous sommes en train d’écrire les nouvelles règles pour l’économie du 21ème siècle. Nous allons aider toutes nos économies à croître plus rapidement et d’une façons plus équitable. Nous allons le faire en répondant à un des défis les plus critiques qui limite la croissance."Le conseiller à la Sécurité de la Maison Blanche Jake Sullivan a déclaré que l’IPEF
"vise à l’intégration des économies Indo-pacifiques, en établissant des règles et des standards notamment dans des secteurs nouveaux comme l’économie digitale. Il va essayer de mettre en place des chaînes d’approvisionnement qui soient solides et résilientes."Qui vérifiera son application ?
Les négociations entre pays membres tourneront autour de quatre thématiques. Le représentant commercial américain et le département du Commerce vont se partage la tâche. Le représentant s’occupera du volet
"commerce équitable" afin de protéger les travailleurs américains de la perte d’emplois.
Le département du Commerce supervisera les négociations sur les trois autres volets : la résilience de la chaîne d'approvisionnement, les infrastructures et le changement climatique, la fiscalité et lutte contre la corruption.
La secrétaire d’État au Commerce Gina Raimondo accompagnait Joe Biden sur Air Force One dans toute sa tournée en Asie.
Elle était à ses côtés en Corée, lors de la signature d’accords avec le fabricant d’automobiles Hyundai et le géant de l’électronique Samsung.
Les pays membres ne sont pas obligés à adhérer à tous les volets de l’accord et pourront choisir lesquels.
Qui pourra rejoindre le club ?
Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, a assuré qu'il s'agissait d'une
"plateforme ouverte" car conçue et définie comme telle, mais Pékin se sent délibérément exclu et l'a déjà fait savoir.
Washington cherche
"à former de petites cliques au nom de la liberté et de l'ouverture" en espérant
"contenir la Chine", a critiqué dès dimanche le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, considérant le projet américain
"voué" à l'échec.
Taiwan est exclue de l’IPEF, un point notable, car l’île que la Chine réclame, est un des principaux fabricants de puces électroniques au monde, un facteur clé dans l’économie digitale qui fait partie des négociations de l’IPEF.
Combien de temps cela va prendre ?
Une fois les discussions commencées, les négociations pourraient durer de 12 à 18 mois, une échéance assez courte selon une source de la Maison blanche qui a souhaité rester anonyme.