Que faut-il savoir sur l'Italie la veille des élections législatives ?

Diplomatie, football, démographie, économie, politique... L'Italie se démarque sur le continent européen par ses spécificités. Quelles sont les plus importantes ? Quels sont les enjeux cruciaux qui attendent le pays, appelé aux urnes ce 25 septembre 2022 ? 
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fratelli d'Italia
AP Photo/Andrew Medichini
Rassemblement politique commun entre Giorgia Meloni, Silvio Berlusconi et Matteo Salvini à Rome. Les trois leaders politiques se sont alliés pour les élections législatives du 25 septembre prochain.
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italie population vieillissante
AP Photo/Luca Bruno, File
Palmiro Tami, 82 ans, tiens la main de sa femme, Franca Persico, dans le jardin de la Fondazione Martino Zanchi, une maison de retraite à Bergame en Italie, le 22 mars 2021. Le pays est le plus vieux de l'Union Européenne, avec un âge médian à 47,6 ans.
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L'Italie, qui doit élire ses députés ce 25 septembre, est un creuset de contradictions. Championne d'Europe de football privée de mondial, le pays est aussi une puissance économique de premier plan à l'instabilité gouvernementale chronique, handicapée par une population vieillissante.

67 gouvernements depuis 1946

L'Italie, connue pour son instabilité politique, a connu 67 gouvernements dirigés par 29 personnalités différentes depuis la proclamation de la République en juin 1946, le premier étant le gouvernement de Alcide de Gasperi II, le dernier celui de Mario Draghi.

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Silvio Berlusconi a été le chef de gouvernement à la plus grande longévité avec 3 291 jours au pouvoir (en quatre gouvernements différents de 1994 à 2011), l'exécutif le plus court ayant été celui de Fernando Tambroni, 115 jours en 1960, la moyenne sur la période d'après-guerre étant de près de 400 jours.

Alcide De Gasperi détient le record en termes de gouvernements dirigés, huit entre 1945 et 1953, suivi par Giulio Andreotti, sept gouvernements entre 1972 et 1992 et Amintore Fanfani, six gouvernements entre 1954 et 1987.

Un géant industriel aux pieds d'argile 

Troisième économie et deuxième puissance industrielle de la zone euro, l'Italie, qui n'a pas de salaire minimum, est selon l'OCDE le seul pays européen où les salaires ont diminué entre 1990 et 2020 (-2,9%), notamment à cause de la faiblesse de la croissance et de la productivité.

Le taux d'emploi des femmes y est de seulement 55,4%, contre 69% en moyenne dans la zone euro (74,6 en Allemagne et 70% en France). Le pays souffre toujours du fossé entre le nord, riche d'un tissu de PME performantes, et le sud, pauvre et fui par sa jeunesse.

Le taux de chômage en Italie, 7,9%, reste nettement supérieur à celui de la zone euro, qui s'est établi en juillet à 6,6%. Autre inquiétude, l'Italie croule sous une dette colossale de plus de 2.700 milliards d'euros, soit quelque 150% du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce.

Le 'Japon de l'Europe'

Surnommée le "Japon de l'Europe", l'Italie est le pays le plus vieux de l'UE avec un âge médian de 47,6 ans, selon Eurostat. Avec un taux de natalité en berne (1,25 enfant par femme en 2021) combiné à une espérance de vie en hausse (82,4 ans), la péninsule pourrait voir sa population passer de 60 à 47,6 millions d'habitants en 2070, soit une perte de 20%.

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Le pays doit aussi faire face à une hémorragie de cerveaux et de jeunes partant travailler à l'étranger. Selon l'Istat, ces évolutions démographiques ont "des conséquences sur le marché du travail et sur la programmation économique future" et mettent à risque "l'actuel niveau de bien-être" du pays, à savoir le financement de son système de retraites et de sa couverture santé.

Un pilier de l'Otan mais russophile

L'Italie, qui fait partie de l'Otan depuis sa fondation en 1949, abrite sur son territoire plusieurs bases militaires de l'organisation, notamment à Naples, Sigonella (Sicile) et Aviano (nord). Solidaire de l'Otan depuis le début de l'invasion russe en Ukraine sous la houlette de Mario Draghi, Rome entretient traditionnellement des relations cordiales avec Moscou. 

Lorsqu'il était chef de gouvernement, Silvio Berlusconi traitait en ami Vladimir Poutine, qu'il a reçu à titre personnel dans sa villa de Sardaigne. Son allié d'extrême droite Matteo Salvini, chef de la Ligue antimigrants, fait pression pour un allègement des sanctions contre Moscou, jugées inefficaces et contre-productives.

A l'inverse, Giorgia Meloni, leur partenaire de coalition et cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, qui caracole en tête des sondages, a pris des positions claires en faveur du soutien à l'Ukraine, des sanctions contre la Russie et de l'envoi d'armes à Kiev.

Un champion d'Europe de foot privé de Mondial

Humiliée par la modeste Macédoine du Nord (0-1), en mars à Palerme, l'équipe d'Italie championne d'Europe va rater la Coupe du monde en fin d'année au Qatar. Un air de déjà vu pour la "Nazionale", déjà privée du grand rendez-vous planétaire du ballon rond en 2018 après un revers contre la Suède, déjà lors des barrages de qualifications. Cette déroute était restée dans les mémoires comme "l'Apocalypse". 

Ce nouveau fiasco des Azzurri avec leurs quatre étoiles de champions du monde brodées sur le maillot (1934, 1938, 1982, 2006) confirme un football italien globalement en perte de vitesse, malgré le triomphe surprise de l'équipe de Roberto Mancini à l'Euro en 2021.

La Serie A, meilleur championnat du monde jusqu'au début des années 2000, attire de moins en moins de stars. Et les clubs italiens, dont les principaux sont financièrement dans le rouge, collectionnent les déceptions au niveau européen, incapables de gagner la Ligne des champions depuis l'Inter Milan en 2010.