Fil d'Ariane
Moscou déclare avoir abattu huit missiles ATACMS tirés par l’Ukraine, samedi 4 janvier. Ces armes américaines à longue portée ont récemment autorisées par Washington, malgré les menaces d'escalade la Russie.
Sur cette image fournie par l'armée américaine, des soldats du 3e bataillon du 321e régiment d'artillerie de campagne de la 18e brigade d'artillerie de campagne de Fort Bragg (Caroline du Nord) effectuent des essais à balles réelles à White Sands Missile Range, au Nouveau-Mexique, le 14 décembre 2021, sur les premières versions du système de missiles tactiques de l'armée.
L'armée russe a affirmé, le samedi 4 janvier 2025, avoir intercepté huit missiles américains ATACMS tirés par l'Ukraine contre son territoire. Ce type d'attaque est présenté par Moscou comme une ligne rouge dans le conflit.
"Les moyens de défense aérienne ont abattu huit missiles tactiques opérationnels ATACMS de fabrication américaine et 72 drones", a indiqué l'armée russe, qui n'a toutefois pas précisé si cette nouvelle attaque ukrainienne avait fait des victimes et entraîné des dégâts matériels.
L'Army Tactical Missile System (ATACMS), en français "système de missile militaire tactique", est une arme de l'armée américaine qui a été utilisée pour la première fois en janvier 1991 lors de l'opération "Tempête du désert" dans le cadre de la guerre du Golfe. Elle a ensuite été plus largement déployée en 2003 lors de l'invasion de l'Irak. Les ATACMS sont tirés depuis le sol grâce à des lance-roquettes mobiles comme les M270 et les Himars, tous deux fournis à l'Ukraine. Ces missiles ont une portée de 300 km.
L'administration du président américain sortant Joe Biden a, le 17 novembre 2024, autorisé le recours à de tels missiles par Kiev, après s'y être longtemps opposée. La décision a été prise après le déploiement, selon l'Occident et l'Ukraine, de milliers de soldats nord-coréens en soutien aux soldats russes. Les cibles potentielles se limitent initialement à la région frontalière de Koursk. Les capacités de l'ATACMS permettraient théoriquement des tirs ukrainiens en profondeur sur le territoire russe risquant d'amener le conflit à prendre une autre dimension.
Toutefois, les forces ukrainiennes utilisent les missiles ATACMS depuis plus d’un an pour frapper les troupes russes à l’intérieur de l’Ukraine. Ils avaient la particularité d'être bridés pour éviter d'être tirés sur la Russie. Ces armes servent également à cibler des bases russes proches de la frontière, employées pour lancer des attaques contre le pays.
L'Ukraine a commencé à utiliser en Russie des missiles longue portée ATACMS le 19 novembre sur la région russe de Brianks, ainsi que des Storm Shadow de fabrication britannique quelques jours plus tard, après avoir obtenu le feu vert des alliés occidentaux.
Le Kremlin a répliqué le 21 novembre en tirant un missile balistique de portée intermédiaire (jusqu'à 5 500 km) sur une usine militaire à Dnipro, dans le centre-est de l'Ukraine.
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Le président russe avait prévenu après ces tirs que le conflit en Ukraine avait pris un "caractère mondial", menaçant de frapper les installations militaires des pays soutenant l'Ukraine.
La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova avait également déclaré que "l'utilisation par Kiev de missiles de longue portée pour attaquer notre territoire signifierait la participation directe des États-Unis et de leurs satellites (...), ainsi qu'un changement radical dans l'essence et la nature même du conflit."
Fin août, l'Institut pour l'étude de la guerre, un centre de recherche basé aux Etats-Unis, a publié une carte répertoriant près de 250 installations militaires russes situées à portée des missiles fournis par les Occidentaux.
L'Institut pour l’étude de la guerre (ISW), un centre de recherche américain, identifiait en août 245 installations militaires russes situées à portée des ATACMS. Parmi elles : des bases aériennes, des dépôts pétroliers, des régiments et des équipements de communication.