Fil d'Ariane
Le chef du Parti Québécois et député de Saint-Jérôme vient de démissionner. L'ancienne Première ministre péquiste Pauline Marois s'est dite "très émue par sa déclaration" mais a dit "respecter sa décision ". Ce départ-surprise provoque une onde de choc politique au Québec.
Ses enfants sont au coeur de cette décision-surprise.
Lors du discours de sa démission, il a lâché deux phrases lourdes de sens: "J’ai pris cette décision pour le bien de mes enfants. Je dois, pour eux, demeurer un exemple", a-t-il dit. Selon le journal québécois L'actualité, cette décision aurait été prise dimanche à la suite d’une discussion avec Julie Snyder au sujet de la garde de ses enfants.
Péladeau est père de trois enfants : Marie, 16 ans, née d’une première union avec Isabelle Hervet, et Thomas, 10 ans, et Romy, 7 ans, qu’il a eus avec Julie Snyder. "Je dois, pour eux, demeurer un exemple", a ajouté Pierre Karl Péladeau.
Les réactions politiques ont aussitôt fusé.
Le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard a déclaré dans un communiqué de presse : "Le bien-être de nos proches, de nos enfants, est ce que nous avons de plus précieux. Nous ne partagions pas la même vision de l'avenir du Québec. Au-delà de cette différence, je sais qu'il était, comme toutes les femmes et tous les hommes engagés dans la vie publique, profondément animé par la volonté de faire progresser notre nation vers un avenir meilleur. J'ai apprécié les échanges que nous avons eus au cours de la dernière année."
Pauline Marois, ancienne première ministre du Québec : "Je suis profondément attristée parce que je crois que c'est un homme de grand talent, de grande valeur, qui apportait beaucoup au Parti Québécois. C'est sûr que c'est un moment très difficile, mais le Parti Québécois en a vu d'autres. Et il y a du ressort chez ce parti. Il y a du talent et des gens de grande générosité, qui ont des capacités."
Sur Facebook, Bernard Drainville, député de Marie-Victorin, a eu un ton plus ému où perçait une réelle tristesse : "Tu nous avais déjà démontré qu'entre l'intérêt financier et l'intérêt national, il faut choisir la nation. [...] Tu nous dis aujourd'hui qu'entre la politique et nos enfants, il faut choisir nos enfants. On peut remplacer un chef, aussi difficile que ce soit, mais on ne peut pas remplacer un père. Prends soin de tes enfants, Pierre Karl, on essaiera de prendre soin du Parti. Mais ne va pas loin, on a encore besoin de toi. Le Québec a encore besoin de toi ".
Ses adversaires politiques ont, semble-t-il, fait preuve de compréhension. Françoise David, porte-parole parlementaire de Québec solidaire : "Il a dû choisir entre l'amour qu'il ressent pour ses enfants et celui qu'il a pour le pays, qui est aussi un amour sincère. Il a choisi ses enfants dans des circonstances que je ne connais pas et qui ne m'appartiennent pas et, quelque part, c'est tout à son honneur."
Cependant, cette démission n'est pas une première dans le microcosme politique québécois. Lucien Bouchard, en janvier 2001, avait annoncé son départ pour des raisons familiales : "Je veux aussi vivre pleinement cette aventure merveilleuse de l’éducation de garçons de 11 ans et de 9 ans. Alexandre et Simon (ses enfants ndlr) ont besoin de moi. Et moi, j’ai besoin de les retrouver, de les retrouver tous et de leur consacrer désormais le meilleur de mes énergies et de mon temps."
Le Parti québécois va devoir nommer un chef intérimaire, probablement dès le 6 mai.