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- Québec : qui sera maire de Montréal ?
Deux candidats s’affrontent dans la course à la métropole québécoise : le maire sortant, Denis Coderre, et Valérie Plante, la cheffe du parti Projet Montréal.
Si on l’a surnommé l’"omnimaire", c'est qu’il est omniprésent dans la sphère médiatique et dans sa ville : Denis Coderre, politicien aguerri depuis des décennies, est en soi un personnage. Sa bonhommie, sa familiarité au contact des électeurs, son aisance devant les caméras (autre surnom : "Kid Coderre" en référence à l’expression québécoise d’être un "kid kodak") et son leadership à l’hôtel de ville de Montréal font l’admiration des uns, mais agacent les autres.
En 2013, quand il s’installe à la mairie de Montréal, il récupère une ville démolie par des scandales à répétition de corruption et de collusion dans le secteur de la construction. Un voile de honte plane sur la métropole, les Montréalais n'ont plus confiance en leur administration, et la ville a perdu de son lustre sur la scène internationale.
Parmi les 176 promesses de Denis Coderre pour se faire élire en 2013, il y avait un gros ménage pour redonner confiance aux Montréalais. Promesse tenue, avec la création du Bureau de l'inspecteur général, en 2014. Il y nomme Maître Gallant, l’un des procureurs de la Commission Charbonneau, chargée de faire la lumière sur ces scandales de corruption et de collusion. Depuis, ce dernier s’attelle à sa tâche avec rigueur.
Les festivités du 375ème anniversaire de Montréal ont aussi redonné à la ville un rayonnement sur la scène internationale. Le Pont Jacques Cartier illuminé fait maintenant partie des cartes postales de la métropole, et le Musée Pointe-à-Callière offre à ses visiteurs la découverte des vestiges du premier fort construit par Jeanne Mance et le sieur de Maisonneuve, les fondateurs de Ville-Marie.
Ainsi, dans les domaines du retour de l’intégrité, de la confiance et du rayonnement de la ville, on peut dire "mission accomplie" pour Denis Coderre : "Sur ces trois points-là, Denis Coderre a réussi son pari, il a livré la marchandise, donc c'est un bilan somme toute très bon" confirme l’éditorialiste du quotidien montréalais La Presse +, François Cardinal. "En quatre ans, M. Coderre a réussi à ramener un peu de fierté auprès des Montréalais" ajoute Marc-André Carignan, chroniqueur municipal à Radio-Canada.
Selon un sondage publié par Radio-Canada le 30 octobre dernier, 58 % des Montréalais interrogés estiment que l’image de la métropole s’est améliorée au cours des quatre dernières années.
La cheffe de Projet Montréal a donc devant elle un redoutable politicien qui jouit d’une notoriété indéniable et peut se targuer d’avoir rempli une grande partie de son mandat. Valérie Plante, élue à la tête du parti il y a un an, avait, de son côté, un défi de visibilité à relever. Au début de l’été, un sondage révélait qu’à peine un Montréalais sur deux la connaissait.
Ce sera justement le défi du maire sortant : "faire sortir le vote", comme on dit au Québec sur le calque d’une expression anglaise, autrement dit mobiliser son électorat.
Denis Coderre doit aussi faire face à des critiques grandissantes sur son style de gestion, qualifiée d’autoritaire. Des journalistes se plaignent notamment de sa volonté de vouloir contrôler l’information. On lui reproche un caractère intempestif, voire colérique, et une certaine arrogance, ainsi qu’un manque de transparence dans les dossiers qui ne sont pas à son avantage. Denis Coderre a par exemple refusé pendant des semaines de dire combien de billets ont été donnés gratuitement lors de la première édition de la course de Formule E dans le centre-ville de Montréal afin de remplir les gradins dégarnis.
C’est lui qui a fait venir cet événement dans la métropole sans consulter personne, événement qui a coûté 30 millions de dollars aux Montréalais et qui a littéralement pris en otage tout un quartier de la ville pendant plusieurs semaines. On vient d’apprendre finalement que quelque 20 000 billets ont été offerts gratuitement sur les 45 000 disponibles… Un événement donc qui été défendu bec et ongle par le maire Coderre mais qui a soulevé toute une controverse ici et qui a été un « flop » total, disons-le…
"C’est sûr que mon style ne peut pas plaire à tout le monde", a récemment dit le maire sortant dans une entrevue à Radio-Canada, "mais regardez tout ce qu’on a accompli au cours des quatre dernières années. De temps en temps, il faut prendre des décisions et il faut foncer et je vais toujours travailler pour les Montréalais dans ce sens-là, alors il y a des gens qui aiment le style ou pas, et si j’ai pilé sur des orteils, je m’en excuse".
François Cardinal croit, de son côté, que ce côté autoritaire dérange peut-être les journalistes,mais pas forcément les électeurs : "On a tellement eu longtemps un maire faible, à Montréal, que les électeurs sont contents d'avoir un maire qui se tient debout, même si il le dit de manière carrée à l'occasion." Cette fois-ci, Denis Coderre ne prend pas de grands engagements électoraux : il mise sur la continuité et demande aux Montréalais de le réélire pour poursuivre ce qu’il a commencé il y a quatre ans.