Fil d'Ariane
Depuis quelques jours, le ton monte entre le maire de Montréal, Denis Coderre, et Hamza Chaoui, un imam controversé pour ses propos sexistes et homophobes, rapportés la semaine dernière par les médias canadiens.
Dans l’est de Montréal, le jeune imam souhaitait ouvrir les portes d’un centre communautaire dans lequel il voulait prêcher auprès des adolescents. Samedi 31 janvier, la ville de Montréal a annoncé sa décision de ne pas autoriser l'ouverture de ce centre. Pour l'empêcher les autorités municipales ont modifié à la dernière minute un règlement, interdisant à tout centre communautaire de dispenser des enseignements religieux.
D’après la presse québécoise, Hamza Chaoui a fait valoir, il y a quelques semaines, l'incompatibilité « complète » entre l'islam et la démocratie, notamment parce que ce système peut mener à l'élection de représentants homosexuels ou athées. Il s’est également dit en faveur de couper les mains des voleurs, et de la lapidation des adultères. Il estime aussi que les femmes doivent avoir un tuteur.
Dés idées inadmissibles, selon Denis Coderre, le maire de Montréal qui, lors d’une allocution publique, a qualifié l’imam « d’agent de radicalisation », et de « fomenteur de tension ». « Ce n’est pas une question de liberté de culte ou de liberté d’expression » (…) « C’est une question de sécurité publique », a-t-il ajouté pour défendre la décision de la ville.
Le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard, qui la semaine dernière a soulevé un tollé en affirmant que l'intégrisme « faisait partie des choix personnels de chacun » semble réviser son jugement. Dimanche 1er février, il s’est félicité de la décision de la ville.
La ministre québécoise de la Sécurité publique, Lise Thériault, a, quant à elle, indiqué que des représentants de la communauté musulmane d'un quartier de la ville de Montréal ont fait savoir à Hamza Chaoui qu'il n'était pas le bienvenu. Ces responsables ont considéré le prêche de l'imam « vraiment radical, vraiment à l'extrême », a rapporté la ministre québécoise dans un entretien à La Presse.
Mardi 3 février, l'imam a lui aussi réagi par voie de communiqué. Il se dit outré par les propos tenus contre lui et exige des excuses de la part du maire de Montréal. Il envisage aussi la possibilité de poursuites
Dans ce communiqué Hamza Chaoui assure qu’il n’est pas un agent de radicalisation et qu’il n’a jamais appelé à la haine ou à la violence contre un groupe identifié dans ses prêches ou dans ses cours. Il assure qu’il encourage les jeunes à s’intégrer à la société québécoise, à respecter les lois, à rejeter la violence et à achever leurs études universitaires. L’imam Chaoui a également déploré que le débat concernant ce centre ait favorisé l’islamophobie et les questions identitaires. À propos de déclarations qui ont pu choquer, Hamza Chaoui estime avoir été cité hors contexte.
Trois mois après les deux attaques meurtrières contre des militaires par des jeunes radicalisés qui s'étaient vus interdire de rejoindre les rangs jihadistes au Moyen-Orient et quelques semaines après les tueries de Paris , certains s’inquiètent sur le devenir du vivre ensemble dans les sociétés occidentales. Dans ce contexte, le maire de Montréal, en visite à Paris lundi a annoncé qu'il organiserait, en juin dans la métropole, un sommet des grandes villes sur le « vivre-ensemble ».
L'islamologue Yanis Mahil était l'invité de "Maghreb-Orient Express" dimanche 1er février 2015. Il est revenu sur le "vivre ensemble" très présent dans les débats après les attentats en France au début de l'année.