Fil d'Ariane
Une performance de Messi "maradonienne", un Maroc historique, les grands ratés de la Belgique et du Brésil, que retenir des performances livrées à cette Coupe du Monde ?
Porté par une ferveur populaire impressionnante, le Maroc a brisé un plafond de verre en atteignant le dernier carré d'une Coupe du monde, pour la première fois pour une équipe africaine.
"On a eu cette énergie des Africains, du monde arabe, qui nous font passer ces ondes positives qui font qu'à un moment, tout le monde a envie que cette équipe gagne", a savouré le sélectionneur marocain Walid Regragui.
Les Lions de l'Atlas ont impressionné tout au long du tournoi qu'ils ont bouclé en prenant la 4e place: premiers du groupe F avec aucune défaite, puis victoires successives contre l'Espagne (0-0 a.p., 3 t.a.b. à 0) en huitièmes et le Portugal (1-0) en quarts, contre deux favoris.
La défaite en demi-finale contre la France (2-0) n'enlève rien au mérite des Marocains, solides défensivement et généreux devant, comme face à la Croatie lors de la petite finale perdue (2-1).
Les Bleus ont livré une performance mémorable tout du long de cette Coupe du monde du Qatar malgré leur défaite en finale face aux Argentins. Celle de Mbappé a été spécialement remarquée, le joueur qui a grandi à Bondy en banlieue parisienne a remporté le trophée de meilleur buteur du Mondial avec huit buts au total.
Finissant premier de leur poule après un faux-pas contre la Tunisie (1-0), les Bleus ont enchainé les matchs haletants. Les Bleus ont éliminé la Pologne de Robert Lewandowski sans peine (3-1) en huitièmes avant d'affronter en quarts l'Angleterre de Harry Kane. Serré, tendu et indécis, le sommet contre les vice-champions d'Europe en titre est gagné 2-1 sur une tête de Giroud, qui dépasse Henry au panthéon des buteurs français.
Enfin, secoués par le Maroc et sa marée de supporters, les Français font la différence en tout début de match par Theo Hernandez (5e) et dans le dernier quart d'heure après un festival de Mbappé bien exploité par Kolo Muani (79e), décisif quarante-quatre secondes après son entrée en jeu.
Concernant la finale Argentine-France, les qualificatifs manquent pour évoquer le victoire de l'Albiceleste (3-3 a.p., 4 t.a.b à 2), au terme de l'un des plus grands matches de l'histoire du football. Deux buts de Lionel Messi. Un triplé de Kylian Mbappé. Les stars ont été au rendez-vous d'un match fou.
"Il y a eu beaucoup d'émotions, c'est pour cela que c'est cruel à la fin. On frôle quelque chose qu'on aurait pu toucher", a regretté Didier Deschamps. Le sélectionneur et ses tenants du titre avaient résisté à toutes les tempêtes, au bout d'un automne marqué par les blessures de joueurs importants (Karim Benzema, Paul Pogba, N’Golo Kanté, Presnel Kimpembe...).
Au lendemain du sacre de l’Argentine, la presse internationale célébrait d'une même voix l'"époustouflant" génie de Messi et sa performance toute "maradonienne" jusqu'au terme d'un match "d'anthologie".
Désormais champion du monde, Lionel Messi a enfin gagné tous les trophées qu'il pouvait humainement gagner. Le voilà au pinacle du football où, excepté Pelé ou Diego Maradona, très peu de joueurs peuvent lui disputer le statut de meilleur de l'histoire
Après quatre échecs depuis 2006, la soirée du 18 décembre 2022 a été celle qui a comblé les supporteurs argentins. Au bout du suspense, un triomphe qui offre une troisième étoile à l'Albiceleste après les titres de 1978 et 1986. Et qui vient couronner l'immense carrière de Messi, immédiatement désigné meilleur joueur du tournoi.
L’Argentine finit donc au firmament, après avoir commencé le tournoi avec une première défaite. À la surprise générale, l'Albiceleste a perdu son premier match de poule contre l’Arabie Saoudite (2-1), malgré le penalty de l'ouverture du score signé Messi. Ce match n'est resté toutefois qu'une simple erreur de parcours et les Argentins ont pu se hisser jusqu’à la première place, en réalisant une finale historique.
Après la 3e place de 1998 et la finale de 2018 en Russie, perdue contre la France, c'est la troisième fois que la Croatie termine sur le podium d'une Coupe du monde depuis son indépendance en 1991.
Pour le sélectionneur Zlatko Dalic, c'est un "bronze qui brille comme de l'or", et il a "dédié cette victoire à l'homme qui a été à l'origine de tout cela: (Miroslav) Ciro Blazevic". Âgé de 87 ans, Blazevic dirigeait la sélection croate en France en 1998.
La Croatie peut s'enorgueillir de son parcours. L'équipe de Zlatko Dalic a montré que sa finale de 2018, perdue contre la France, n'était pas un accident. Et elle pourra encore compter un peu sur son chef d'orchestre, Luka Modric.
Interrogé sur la suite de sa carrière internationale, Luka Modric a affirmé qu'il comptait poursuivre pour disputer au moins la Ligue des nations. À 37 ans, le Ballon d'Or 2018 sait que la prochaine Coupe du monde en 2026 est un objectif sans doute trop lointain mais il veut continuer à porter le maillot à damier.
"Nous avons réussi quelque chose de majeur pour le football croate. Nous voulions l'or, nous en étions proches. Au final, nous retournons en Croatie comme vainqueurs. La Croatie n'est pas un miracle qui apparait tous les 20 ans. Nous avons prouvé que nous sommes réguliers. Nous ne pouvons pas être vus comme une surprise mais comme une puissance du football", a-t-il déclaré à la télévision croate HRT.
Cela fait donc cinq finales de rang que les joueurs brésiliens ont regardé à la télévision. Du jamais vu depuis l'après Pelé et une longue absence de cinq éditions (1974 à 1990).
Pour Neymar, se profile peut-être un destin à la Zico, celui du "grand joueur" qui n'a jamais remporté le moindre titre avec la Seleçao. Mais le Brésil peut y croire pour 2026, avec une armada de jeunes talents, Richarlison, Vinicius Jr, Rodrygo.
Enthousiasmante demi-finaliste en 2018, la Belgique s'est montrée désespérante en 2022 au vu du triste spectacle offert par Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku et autres Eden Hazard.
La dernière chance pour la "génération dorée" a tourné au chemin de croix entre dissensions internes, entraîneur dépassé et spectacle indigent. Les invraisemblables loupés de Lukaku contre la Croatie (0-0), synonymes d'élimination dès les phases de poules, avaient des airs de justice immanente.
Autre faillite, celle de la Mannschaft: pour la deuxième fois consécutive, l'Allemagne est sortie dès les phases de poules. Historique... Et préoccupant à un an et demi de l'Euro à domicile.
Fut un temps où le "tiki taka", ce style de jeu fait de longues possessions et de passes courtes, était présenté comme l'alpha et l'omega du foot.
Estampillé "made in Spain", il est la signature de l'ère glorieuse du foot espagnol, consacré par un titre mondial (2010) et deux Euros (2008 et 2012). Mais la "Roja" disposait alors d'un ingrédient indispensable au football: un buteur, de la trempe de Fernando Torres et David Villa, pour concrétiser toute cette possession.
Le "tiki taka" version Luis Enrique a tourné à la caricature et l'ennui. Contre le Maroc, le match de son élimination aux tirs au but, elle a cumulé 967 passes réussies (trop souvent latérales)... pour un seul tir cadré et zéro but en cent-vingt minutes.
Le sélectionneur Luis Enrique a été démis de ces fonctions et son successeur Luis de la Fuente a promis d'intégrer "des nouveaux concepts".
Atypique dans son calendrier avec son rythme effréné et sa programmation en fin d'année civile, le Mondial-2022 a brouillé les repères des grandes nations et favorisé les surprises, outre le Maroc.
L'Arabie saoudite du sélectionneur Hervé Renard a ainsi fait déjouer l'Argentine (2-1) en ouverture, même si les "Faucons verts" n'ont ensuite pas réussi à franchir le premier tour.
Le Japon, lui, a battu tour à tour l'Allemagne (2-1) et l'Espagne (2-1) pour finir en tête du très relevé groupe E, avant de chuter en huitièmes devant la Croatie (1-1 a.p., 3 t.a.b. à 1).
Enfin, mention pour la Corée du Sud qui a dompté 2-1 le Portugal de Cristiano Ronaldo, ainsi que pour la Tunisie tombeuse de la France (1-0), même si les Bleus étaient déjà qualifiés et ont joué avec l'équipe des remplaçants.