Fil d'Ariane
L’European Service Module, placé sous la capsule Orion de la première mission ARTEMIS, est un cylindre d’environ quatre mètres de diamètre et de hauteur, pour une masse dépassant les 13 tonnes. Il servira à mener la capsule vers et autour de la Lune après la séparation de l’étage principal du lanceur SLS. L’ESM va aussi fournir à la capsule Orion l’électricité, l’eau, l’oxygène et le contrôle thermique essentiels à la vie des astronautes. Le module effectuera des manœuvres orbitales et de contrôle d’altitude d’Orion, et pourra même ultérieurement servir à transporter du fret supplémentaire vers la future station orbitale lunaire Gateway.
L’ESM est donc un élément essentiel de la réussite de cette mission, construit par Airbus Defence and Space à Brême, en Allemagne, avec des contributions venant de dix pays européens. Le coût de développement et de construction du premier ESM s’élève à 650 millions d’euros. Le budget total consacré aux six premiers ESM commandés par la Nasa s’élève à 2,1 milliards d’euros. Et d’après le journal Les Échos, Airbus a déjà candidaté pour trois ESM supplémentaires.
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Une autre entreprise française a su trouver une place stratégique au sein de la mission ARTEMIS. Thales Alenia Space, filiale du français Thales, sera chargée de construire le module Esprit – acronyme de European System Providing Refueling, Infrastructure and Telecommunications — pour la Station lunaire Gateway. Esprit, auquel les capsules Orion viendront s’amarrer, sera le module de vie principal des astronautes pour cette première mission habitée, prévue pour fin 2024 au plus tôt.
Dernier atout français : Thomas Pesquet. L’accord passé entre l’ESA et la Nasa prévoit de réserver au moins trois sièges à bord des prochaines missions lunaires pour des astronautes européens. Thomas Pesquet compte bien suivre "avec beaucoup d’attention" les prochains vols habités de la mission ARTEMIS vers la Lune : "On aura des vols pour des astronautes européens, clairement moi et mes collègues on va regarder ça avec beaucoup d’attention et puis on va s’imaginer dans cette capsule", a-t-il dit lundi sur France Info.
De 2001 à 2014, le Centre ESA de Redu, dans les Ardennes belges, a hébergé les moyens de contrôle et de communication de la mission ARTEMIS. Le centre européen de sécurité et d’éducation spatiale (ESEC), est notamment équipé d’une parabole de 13,5 m de diamètre, qui permet de communiquer avec les modules spatiaux et de s’assurer du bon fonctionnement des différentes charges utiles.
Aujourd’hui, l’ESEC se tourne vers la cybersécurité. Car si les accords ARTEMIS garantissent une exploration pacifique de l’espace lointain, la conquête spatiale doit elle aussi prendre en compte les cybermenaces. Les satellites de télécommunications spatiaux doivent être protégés, le tout premier centre européen de formation en cybersécurité des systèmes spatiaux a été établi à l’ESEC.
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L’European space resources innovation centre (ESRIC) est le nouveau centre dédié à la recherche et au développement en lien avec les ressources spatiales. Unique en son genre en Europe, « l’ESRIC a pour ambition de devenir un pôle d’expertise internationalement reconnu pour les aspects scientifiques, techniques, commerciaux et économiques liés à l’utilisation des ressources spatiales » assure le Luxembourg.
L’agence spatiale luxembourgeoise, signataire des accords ARTEMIS, mise beaucoup sur son partenariat avec la NASA. Au-delà de l’exploration lunaire, l’ESRIC veut être au centre des activités d’exploration spatiale, y compris du développement d’une économie spatiale à part entière.
10 pays européens ont contribué à la création d’éléments essentiels de la fusée de la NASA. Les ESM ont été construits en partie en France et en Allemagne mais aussi en Suisse.
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Selon le site d’information suisse Blick.ch, l’ESM est "le 'couteau suisse' lunaire" de la fusée. Ce module, qui contrôle notamment le système de propulsion permettant aux astronautes d’aller et de revenir de la Lune lors des missions ARTEMIS 2 et 3, a été en partie conçu et assemblé en Suisse par APCO Technologies, une entreprise spécialisée dans le spatial, le naval et l’énergie.
Selon l’Agence spatiale européenne, "la contribution suisse au module de service européen du programme ARTEMIS et donc au transport de l’humanité vers la Lune, se présente sous deux formes : le soutien au sol et l’orientation des ailes solaires."