Quelle alternative à Facebook ?

Deux mois après le scandale Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg est sommé de s'expliquer à Bruxelles alors qu'entre en vigueur le nouveau règlement européen de protection des données personnelles. Mais comment garantir leur sécurisation ? Entretien avec Thomas Fauré, Président-fondateur de Whaller, un réseau social qui ambitionne de devenir une alternative française à Facebook.
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Tajani Zuckerberg
©Associated Press / Geert Vanden Wijngaert
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Mark Zuckerberg est attendu au tournant. Après le Congrès américain, le patron de Facebook est entendu au Parlement européen. Les eurodéputés le somment de s'expliquer sur les lacunes du puissant réseau social en matière de protection des données personnelles de ses utilisateurs. Ce que le scandale Cambridge Analytica a révélé au grand public c'est que le modèle économique de Facebook est basé justement sur l'exploitation de ces données.

Mais ce n'est pas une nouveauté pour Thomas Fauré.
En 2013, il créé Whaller, un réseau social 100% européen qui propose à ses utilisateurs d'avoir le contrôle "sur ce qu'ils font et à qui ils s'adressent. Facebook prétend rapprocher les gens, donner un service de proximité mais en réalité ce qui est derrière c'est une large exploitation des données personnelles", explique-t-il.

Souveraineté numérique

Aujourd'hui les technologies sont essentiellement américaines ou chinoises. L'Europe a pris un net retard dans ce domaine. La vraie question reste : de qui dépendons-nous ? "La technologie envahit notre quotidien et nous sommes dépendants de ceux qui construisent et bâtissent cette technologie. Ce qui veut dire qu'un pays européen comme la France n'est pas entièrement libre en la matière. C'est ce qu'on appelle la souveraineté numérique", précise Thomas Fauré.

Sécurisation des données personnelles, lutter contre la propagation des fausses nouvelles, les pays européens ont un rôle à jouer selon le Président-fondateur de Whaller. Le 25 mai le Règlement européen sur la protection des données privées (RGPD) entre en vigueur mais cela suffira-t-il pour contrer les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft ) ?

Il n'y a pas de lobbies plus puissants que les GAFAM au Parlement européen.

Thomas Fauré reste sceptique. "Les GAFAM sont bons pour diviser. C'est très compliqué de lutter contre eux. Il n'y a pas de lobbies plus puissants que les GAFAM au Parlement européen", explique-t-il.

Pour lui il faut des hommes et des femmes politiques de conviction et des entrepreneurs actifs. "Si par exemple le Parlement européen explique que dans toutes les administrations, les écoles ou les programmes qu'il soutient, il y a des sortes d'obligations en contrepartie comme utiliser des plateformes européennes plutôt que les plateformes américaines. Il faut essayer de faire comprendre aux politiques qu'ils ont le pouvoir, qu'il faut être stratégique et faire la promotion de ces outils".

Le pouvoir dans notre poche

Mais en choisissant d'utiliser Qwant plutôt que Google, Whaller plutôt que Facebook, sur son téléphone portable, chacun d'entre nous n'a-t-il pas aussi le pouvoir dans sa poche ?

Pour Thomas Fauré c'est complémentaire. "Evidemment il faut éduquer les gens mais on se bat contre un système qui nous façonne en couche profonde. Toutes ces plateformes atteignent notre psychologie et induisent des comportements addictifs".


En tout cas, après de longues tergiversations et la pression de plusieurs eurodéputés, Mark Zuckerberg s'est bien présenté au Parlement à Bruxelles. Une discussion qui devait auparavant être à huis clos mais qui finalement a été diffusée en direct sur le site internet du Parlement européen... et sur son compte Facebook.