Le char lourd Leopard 2, dont l'Ukraine réclame la livraison depuis des mois à l'Allemagne et aux Occidentaux, est une arme de renommée mondiale, susceptible d'avoir un impact "significatif" sur le champ de bataille, selon les experts. Quelles sont les caractéristiques de ce char lourd ?
Conçu par le fabricant allemand Krauss-Maffei et construit en série à partir de la fin des années 1970 pour remplacer les chars américains M48 Patton puis le char Leopard 1, le Leopard 2 combine puissance de feu, mobilité et protection. Il a été conçu lors de la guerre froide contre l'Union soviétique. Face au nombre impressionnant de chars du bloc soviétique, T62 et T72, l'Allemagne conçoit un char lourd au blindage épais capable de détruire plusieurs chars soviétiques durant le combat. Il est conçu pour être un tueur de chars soviétiques.
Produit à 3500 exemplaires
Ce char de combat d'une soixantaine de tonnes, dont environ 3.500 exemplaires sont sortis des chaînes de production, est doté d'un canon lisse de calibre 120 mm permettant de combattre l'ennemi tout en se déplaçant, grâce à ses 1.500 chevaux, jusqu'à 70 km/h, avec une autonomie de 450 km. Il est plus blindé et plus lourd que le char Leclerc français.
Un canon de 120 mm
Il est en outre doté, selon le fabricant, d'une
"protection passive intégrale" efficace contre les mines et lances-roquettes. Son équipage de quatre membres bénéficie en outre d'outils technologiques permettant de localiser et cibler l'ennemi à longue distance, jusqu'à près de 4 kilomètres.
Autre atout majeur: le Leopard est répandu sur le continent, facilitant ainsi l'accès aux munitions et pièces de rechange et simplifiant la maintenance, exigeante pour ce type de matériel.
Les quatre derniers modèles en date sont toujours utilisés, du 2A4, dont la Pologne propose de livrer à Kiev 14 exemplaires, au 2A7, dont Berlin n'est pas disposé à se séparer, préférant le conserver -comme la France avec son char Leclerc- pour assurer sa propre défense.
Une large disponibilité en Europe
La Finlande, équipée de plus de 200 exemplaires, selon l'Institut international pour les études stratégiques (IISS), est également prête à en doter l'armée ukrainienne.
Selon la presse allemande, une poignée d'autres pays européens et de l'Otan, non cités, seraient eux aussi disposés à participer à cet effort au sein d'une coalition d'opérateurs.
La Grèce, avec 350 chars, et la Turquie, qui en a utilisé face aux forces kurdes dans le nord de la Syrie, sont les pays qui en possèdent le plus d'exemplaires du modèle 2A4.
La meilleure solution serait que les pays disposés à contribuer envoient tous des chars 2A4.
"Le même modèle est très important pour des raisons de formation et de logistique", facilitant par exemple l'envoi de pièces détachées, explique au micro de la radio allemande RND l'ancien inspecteur de l'armée de terre, le général Bruno Kasdorf.
En Allemagne, le groupe d'armement Rheinemetall, qui fournit le canon du char et ses systèmes électroniques et en possède plusieurs dizaines d'anciens modèles, a d'ores et déjà prévenu qu'une remise à niveau de ses exemplaires prendrait des mois, pour une mise à disposition en 2024, selon son dirigeant, Armin Papperger.
L'Allemagne pourrait cependant livrer, selon le général Kasdorf, des Leopard 1, plus en service depuis le début des années 2000 mais "
livrables à relativement court terme".Un impact sur le champ de bataille ?
Si Kiev pouvait au total en recevoir une centaine, l'effet serait "significatif" sur le champ de bataille face aux Russes, estime l'IISS.
Dotée de Leopard 2,
"une armée peut percer les lignes ennemies et mettre fin à une longue guerre de tranchées", confirme M. Papperger dans le quotidien Bild.
"Avec le Leopard, les soldats peuvent avancer de plusieurs dizaines de kilomètres d'un coup".