Quels sont les enjeux de la visite de Joe Biden au Moyen-Orient ?

Le président américain entame une visite de plusieurs jours au Moyen-Orient. Attendu en Israël, il va devoir composer avec le conflit israélo palestinien, les tensions entre les États-Unis et l’Iran et négocier avec l’Arabie Saoudite. 

Image
JOE BIDEN le 12 juillet 2022.
Le président américain Joe Biden lors d'un pique-nique organisé à la Maison Blanche. Washington DC - États-Unis, 12 juillet 2022.
Patrick Semansky / ASSOCIATED PRESS
Partager4 minutes de lecture

Air Force One a quitté le sol américain et doit se poser vers 15H30 (12H30 GMT) à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv. À son bord, le président américain Joe Biden. À son arrivée, il doit être accueilli par le président israéelien Isaac Herzog et le Premier ministre en exercice Yaïr Lapid. 

"Bienvenue Monsieur le Président", titre une partie de la presse israélienne, alors que sur la rue King David à Jérusalem, où logera Joe Biden, les poteaux ont été coiffés de drapeaux américains pour marquer cette première visite d'un chef d'Etat américain depuis le républicain Donald Trump en 2017.

Selon le programme officiel, Joe Biden va assister à une démonstration des technologies israéliennes. L’état hébreu veut notamment présenter un laser anti drones, une manière de rallier Washington à sa cabale contre son ennemi numéro un : l'Iran.

joe biden monte à bord de l'air force one direction le moyen orient
Le président américain Joe Biden monte à bord de l'Air force one. Il entame une tournée de plusieurs jours au Moyen-Orient.  Andrews Air Force Base, Maryland - États-Unis, 13 juillet 2022.
Gemunu Amarasinghe / ASSOCIATED PRESS

Biden soutient une solution à deux États

Au grand dam des Palestiniens, l'administration Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et y a déplacé l'ambassade des Etats-Unis. Depuis son élection, Joe Biden n'a pas annulé cette décision. Vendredi, Joe Biden rencontre à Bethléem en Cisjordanie le président palestinien Mahmoud Abbas. S'il clame prendre le contrepied de Donald Trump, le démocrate de 79 ans n'a pas rouvert le consulat américain à Jérusalem-Est, pas plus qu'il n'a vraiment cherché à relancer le processus de paix.

La question de Jérusalem est l'une des principales pierres d'achoppement du processus de paix israélo-palestinien suspendu depuis 2014. Les Palestiniens ambitionnent de faire de Jérusalem-Est, la partie orientale occupée par Israël depuis 1967, la capitale d'un futur Etat. Le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan a assuré lundi que Washington avait rétabli avec les Palestiniens "des liens diplomatiques quasiment coupés". Il a énuméré un soutien financier rétabli et le soutien "sans équivoque" de Washington à une solution "à deux États", palestinien et israélien.

Malgré une demande, aucune rencontre n'est prévue avec la famille de Shireen Abu Akleh, la journaliste américano-palestinienne de la chaîne du Qatar Al-Jazeera tuée par balle en mai lors d'une opération israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. L'ONU, Al-Jazeera, le Qatar, la famille Abu Akleh et différentes enquêtes journalistiques soutiennent que le tir provenait d'un soldat israélien, un scénario jugé "vraisemblable" par les États-Unis qui ont écarté l'hypothèse d'un tir délibéré.

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Les relations avec l’Iran au centre des discussions

"Les discussions (avec M. Biden) se concentreront surtout et avant tout sur l'Iran", a déclaré cette semaine M. Lapid, Premier ministre intérimaire jusqu'aux élections anticipées du 1er novembre.

Joe Biden, vétéran de la scène politique américaine, avait visité pour la première fois Israël en 1973, quand ce pays était, sous la houlette de Golda Meir, un allié de l'Iran du Shah.Aujourd'hui, Israël tente d'empêcher les puissances occidentales, dont les Etats-Unis, de remettre sur les rails un pacte international de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien, que Donald Trump a sabordé en 2018.

Avec une éventuelle levée des sanctions américaines contre l'Iran, l'Etat hébreu redoute qu'un accord ne fasse gonfler l'aide fournie par Téhéran à des alliés comme le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien, bêtes noires d'Israël.

Vers une “normalisation” des relations entre Israël et l’Arabie saoudite ?

Autre enjeu du déplacement de Joe Biden : la perspective, encore bien hypothétique, d'une normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël. L’État hébreu a établi des liens avec plusieurs pays arabes ces dernières années. Joe Biden tracera un trait d'union symbolique entre les deux pays en effectuant un vol direct inédit vendredi Tel-Aviv-Jeddah.

Nous espérons et agissons de façon à ce qu'il s'agisse des premiers pas, du début, d'un processus de normalisation.Déclaration d'un responsable israélien cité par l'AFP.

"Le fait que Biden vole directement en Arabie saoudite résume la dynamique des derniers mois (...) Nous espérons et agissons de façon à ce qu'il s'agisse des premiers pas, du début, d'un processus de normalisation", a déclaré mardi un responsable israélien. L'administration Biden voudrait par ailleurs obtenir du royaume saoudien, allié stratégique des États-Unis et premier exportateur de brut mondial, qu'il ouvre les vannes pour calmer l'envolée des cours de l'or noir et apaiser l'inflation.

En campagne, Joe Biden voulait réduire le royaume au rang de "paria" après l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Élu, il a déclassifié un rapport concluant que le prince héritier et homme fort du royaume Mohammed ben Salmane, dit "MBS", avait "validé" ce meurtre. Samedi à Jeddah, il est prévu qu'il rencontre "MBS".