Qu’est-ce que la chloropicrine, agent chimique utilisé par la Russie en Ukraine d’après les États-Unis ?

Washington accuse Moscou d’avoir recours à un agent chimique, la chloropicrine, en Ukraine. La substance toxique est interdite dans le cadre de conflits par la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.

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Armes chimiques

Une femme fuit l'est de Marioupol, en Ukraine, vendredi 8 avril 2022. L'Ukraine déclare enquêter sur l'allégation selon laquelle une substance toxique aurait été larguée sur la ville assiégée de Marioupol.

AP Photo/Alexei Alexandrov
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Les États-Unis accusent la Russie d’avoir violé la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC), en utilisant de la chloropicrine contre les forces ukrainiennes, selon un communiqué du Département d’État, publié mercredi 1er mai. La diplomatie américaine dénonce le recours à ces agents chimiques comme « méthode de guerre en Ukraine ».

Qu'est-ce que la chloropicrine ?

La chloropicrine est une substance incombustible de forme liquide, légèrement huileuse, et souvent incolore, selon le site américain officiel de la Bibliothèque nationale de médecine. L’agent chimique dégage des vapeurs toxiques hautement irritantes. Selon les National Institutes of Health (NIH), qui dépendent du Département de la Santé américain, la chloropicrine est un agent chimique utilisé comme agent de guerre et pesticide. Elle présente des dangers pour la santé en cas d’inhalation. En France, la substance est connue pour avoir été utilisée comme gaz de combat pendant la Première Guerre mondiale. La chloropicrine a longtemps servi aux gardes-chasses pour exterminer des nuisibles, avant d’être interdit en 1991 par un arrêté ministériel.

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« L’utilisation de ces produits chimiques n’est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille », indique le Département d’État. « Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s’inscrit dans la même logique que les opérations d’empoisonnement d’Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novitchok. » 

En 2020, l’ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, avait été victime d’un empoisonnement attribué au Kremlin. Il est décédé le 16 février dernier alors qu’il purgeait une peine de dix-neuf ans pour extrémisme, dans une prison de l’Arctique. En 2018, l’ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient également été empoisonnés sur le sol anglais. 

Des accusations réfutées par Moscou

Face aux accusation des États-Unis, le Kremlin a réagi, jeudi 2 mai : « comme toujours, ces accusations semblent totalement infondées », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Lors de sa conférence de presse, il a affirmé que la Russie respectait ses « obligations relatives au droit international dans ce domaine ». Moscou assure ne plus posséder d’arsenal chimique militaire, bien que la Russie subisse des pressions pour davantage de transparence sur l’usage de ces armes. 

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Dans le cadre du conflit en cours entre l’Ukraine et la Russie, le recours à des agents chimiques n’est pas nouveau. L’armée ukrainienne dénombrait 81 attaques chimiques perpétrée par la Russie, dans un communiqué publié en décembre dernier. Moscou a également accusé l’Ukraine d’avoir utilisé la chloropicrine. « Des faits ont été enregistrés à plusieurs reprises sur l'utilisation de munitions larguées par des drones contenant des irritants toxiques identifiés, entre autres, comme la chloropicrine, la chloroacétophénone et leurs mélanges, sur les positions des forces armées de la Fédération de Russie dans la région Zaporijjia », déclarait le gouvernement russe dans un communiqué, en février dernier.

En parallèle de ces accusations, les États-Unis ont annoncé une nouvelle vague de sanctions prises à l’encontre d’entreprises accusées de participer à l’effort de guerre russe. Parmi elles, plusieurs firmes seraient impliquées dans des programmes d’armes chimiques.