Fil d'Ariane
L’armée israélienne a annoncé, mercredi 29 mai, avoir pris le contrôle d’une zone tampon à la frontière entre l’Egypte et la bande de Gaza. Long de 14 kilomètres, le couloir était convoité par Israël depuis le début du conflit.
Le couloir de Philadelphie, long de 14 kilomètres, a été pris par Israël, mercredi 29 mai.
L’armée israélienne a déclaré, mercredi 29 mai, avoir pris le contrôle d’une zone stratégique située à la frontière entre la bande de Gaza et l’Egypte : le couloir de Philadelphie, aussi appelé corridor Saladin. La bande de terre est longue de quatorze kilomètres et large d’une centaine de mètres.
Elle abriterait « une vingtaine de tunnels » utilisés par le Hamas « pour introduire clandestinement des armes » dans l’enclave, a avancé le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari.
Les forces israéliennes auraient « découvert une infrastructure souterraine sophistiquée à l'est de Rafah d'une longueur d'un kilomètre et demi à une centaine de mètres du passage » entre l’Egypte et la bande de Gaza, a ajouté Daniel Hagari.
La zone tampon avait été tracée par l’armée israélienne au cours de sa deuxième occupation de la bande de Gaza, entre 1967 et 2005. Le chemin permettait aux soldats israéliens de patrouiller entre la bande de Gaza. Israël et l’Egypte craignaient d’éventuelles attaques ou des passages de contrebande. Le couloir, contrôlé par Tel Aviv à l’origine, passe aux mains du Caire en 2005, lors du retrait d’Israël de l’enclave palestinienne. Le Hamas s'empare de la bande de Gaza, en 2007 en chassant l'Autorité palestinienne de ce territoire. La zone devient un objet de préoccupation.
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Pour Israël, l’intérêt de reprendre le couloir de Philadelphie s’est développé avec le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre par l’attaque du Hamas. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, affirmait fin décembre : « Le couloir de Philadelphie (...) doit être entre nos mains. Il doit être verrouillé. Il est clair que tout autre arrangement ne garantirait pas la démilitarisation. »
Israël estime que les autorités égyptiennes ont négligé le contrôle de la zone. De nombreux réseaux de trafics se seraient alors formés et auraient permis aux groupes armés palestiniens de s’armer au fil des ans.
Les tunnels ont été utilisés pour contourner le blocus israélien imposé à l’enclave après la prise de contrôle du Hamas. Des armes auraient pu y être acheminées, mais aussi des biens destinés aux civils comme des matériaux de construction, voitures, cigarettes, du bétail…
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L’Egypte a démenti, mercredi, l’existence de ces tunnels sous le couloir de Philadelphie. « Israël utilise ces allégations pour justifier la poursuite de l’opération sur la ville palestinienne de Rafah et prolonger la guerre à des fins politiques », a affirmé une source égyptienne haut placée, citée par Le Parisien.
« Toute démarche israélienne visant à occuper l’axe Philadelphie dans la bande de Gaza, fera peser une grave et sérieuse menace sur les relations égypto-israéliennes »Diaa Rashwan, chef de l’Organisme général égyptien de l’information
En janvier, l’Egypte estimait déjà que la prise de ce chemin par l’armée israélienne était la ligne rouge à ne pas dépasser. « Toute démarche israélienne visant à occuper l’axe Philadelphie dans la bande de Gaza, fera peser une grave et sérieuse menace sur les relations égypto-israéliennes », déclarait le chef de l’Organisme général égyptien de l’information, Diaa Rashwan.