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Jean-François Kahn, écrivain et fondateur de Marianne, sur le plateau d'Objectif Monde
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Qu'est-ce que le "populisme" aujourd'hui ?

Trump aux Etats-unis, Bolsonaro au Brésil, Salvini en Italie ou encore Doug Ford au Canada. Ils prétendent parler au nom du peuple et en faire partie. Des dirigeants aux pratiques controversées qui promettent de renverser le système et de remettre le peuple au centre de l'échiquier politique à tout prix. Ils se disent populistes et le revendiquent. Mais au fond, que signifie aujourd'hui le mot "populisme"?

Un mot galvaudé ?

Voilà un terme difficile à appréhender. Il fait d'ailleurs débat parmi les politologues. Dépréciatif pour certains, trop complaisant pour d'autres, sa définition reste floue et prête à une pluralité d'interprétations. Il met le peuple en opposition aux élites, considérées comme corrompues. L'idée étant de se ranger du côté du peuple, dont la volonté serait bafouée.

Ainsi, de nombreuses mouvances politiques sont qualifiées de populistes ; elles sont empreintes de fortes différences, notamment liées à l'histoire du pays dans lequel elles sont implantées, mais partagent un socle commun.

Aussi différents soient-ils, le gouvernement de droite dure du hongrois Victor Orban ou celui de l'ultra gauche grecque Siriza, sont regroupés sous le même mot générique de "populistes". 

Pour Jean-François Kahn, le fondateur de l'hebdomadaire français Marianne, c'est une erreur, le mot populiste est galvaudé.
 

Si c'est néofasciste, il faut dire néofasciste, si c'est démagogue, il faut dire démagogue                                                                                                               Jean-François Kahn

Vers une crise de la mondialisation?

Et l'homme qui incarne le mieux l'image du chef populiste, c'est Donald Trump.
Le 45ème président des Etats-unis s'est érigé en grand défenseur de la classe moyenne américaine et de l'identité nationale. Anti-élite, anti-migrants et proche du peuple, il a non seulement réussi à séduire une bonne partie des Américains, mais conserve toujours aujourd'hui son électorat.

Derrière l'élection du président américain, on entrevoit le stratège Steve Bannon, son ancien directeur de campagne. Aujourd'hui, il parcourt l'Europe afin de prêcher la "bonne parole" nationaliste, avec un seul objectif : fédérer les formations nationales-populistes.

Pour Jean-François Kahn, "la mondialisation mondialise tout!". Même le populisme.

D'ailleurs lorsque l'actuel président du Brésil, Jaïr Bolsonaro, était en campagne, il était surnommé le "Trump tropical" et son confrère Doug Ford, le "Trump canadien". La recette s'exporte et la recette fonctionne.
 

L'Europe : le théâtre d'une résurgence populiste

Depuis une dizaine d'années, de nombreux partis populistes prolifèrent sur le vieux continent, amenant même une partie d'entre eux à gouverner, comme en Pologne, en Autriche ou en Hongrie.

En Italie, c'est Matteo Salvini, le chef de la Ligue du Nord qui galvanise les foules et s'impose comme le porte-parole des passions populaires.

Tout ceci s'inscrit dans un contexte, précise Louis Milano-Dupont, journaliste et réalisateur du reportage "Veni, vedi, Salvini". "L'Italie a eu le sentiment d'être abandonnée par l'Europe. Les Italiens ont fait face à une crise migratoire et ils ont eu le sentiment d'être seuls, même si l'Europe a apporté une aide financière, la solitarité européenne vis-à-vis de cette crise migratoire a été un échec absolu. Et Matteo Salvini arrive dans ce contexte-là".

Pour le philosophe Bernard-Henry Lévy, cosignataire d'une tribune avec une trentaine d'écrivains du monde entier, pour un sursaut européen en vue des élections de mai 2019, nous avons laissé s'implanter ces régimes nationalistes.
 
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Le philosophe français, Bernad-Henry Lévy, en duplex de New York pour Objectif Monde.
Des solutions ?

Le philosophe français esquisse une amorce de solution. "Il appartient aux pays démocratiques de réaffirmer leurs engagements. Les règles doivent-être claires. Il est hors de question de laisser l'Italie ou même la Grèce gérer seules la responsabilité des migrants".

 
  Il faut mettre le peuple italien face à leurs   responsabilités                                                                                                                                    
                                                                                                                        Bernard-Henry Lévy
Pour Jean-François Kahn, l'écrivain et fondateur de l'hebdomadaire Marianne, "il faut faire la différence entre la cause et le parti qui porte la cause". Continuer de défendre des causes qui semblent justes, mais ne pas les laisser entre les mains de nationalistes-populistes.

 

 Il faut leur arracher la cause, pas leur abandonner cette cause et montrer ce qu'il y a de fascisant dans le mouvement.  
                                                                                                                                     
                                                                                                                       Jean-François Kahn

>> Voir et revoir en intégralité l'émission Objectif Monde, présentée par Dominique Laresche.