Fil d'Ariane
Démantèlement du ministère de l'Éducation, suppression des mesures de lutte contre le changement climatique, surveillance des avortements... Le "Project 2025", une feuille de route aux mesures ultra-conservatrices, a été confectionnée par des proches de Donald Trump. Mais en pleine course à la Maison Blanche, le candidat républicain cherche à prendre ses distances avec ce programme extrémiste.
Donald Trump applaudit les membres de l'auditoire avant de s'exprimer lors de la réunion annuelle du Club du président de la Heritage Foundation, le 17 octobre 2017 à Washington, aux États-Unis.
Intitulé "Project 2025", ce programme de près de 900 pages a été façonné par la Heritage Foundation, un cercle de réflexion conservateur influent aux États-Unis.
Il prévoit notamment de réformer le statut de fonctionnaire fédéral, jusqu'ici largement protégé des alternances du pouvoir politique, ce qui pourrait permettre à Donald Trump, s'il revenait à la Maison Blanche en 2025, de placer des ultra-conservateurs loyaux à des postes clés.
Le texte propose aussi de refaçonner les agences fédérales pour centraliser le pouvoir exécutif dans les mains de la Maison Blanche - et permettre ainsi la mise en place d'une politique très conservatrice sur des sujets allant de l'immigration à l'avortement.
Un programme fustigé par les opposants de l'ancien président républicain, qui y voient un ramassis d'idées autoritaires et d'extrême-droite.
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Parmi les mesures les plus critiquées par la gauche figurent celles visant à instaurer une "surveillance des avortements" à l'échelle des États, à interdire la pilule abortive utilisée pour la majorité des IVG et à limiter le recours à la pilule du lendemain.
Nous sommes en route vers une deuxième révolution américaine, qui se passera sans effusion de sang, si la gauche ne s'y oppose pas. Kevin Roberts, président de la Heritage Foundation
Les mesures visant à mettre fin à tous les programmes sur les énergies propres et à encourager une exploitation plus agressive encore des combustibles fossiles s'attirent, elles aussi, les foudres des démocrates.
"Nous sommes en route vers une deuxième révolution américaine, qui se passera sans effusion de sang, si la gauche ne s'y oppose pas", a déclaré début juillet Kevin Roberts, président de la Heritage Foundation, à propos d'une récente décision de la Cour suprême reconnaissant une large immunité à l'ancien président. Des propos vivement condamnés par une partie de l'échiquier politique.
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Face aux polémiques entourant ce "Projet 2025", Donald Trump a pris ses distances avec le texte: "Je ne l'ai pas vu, je n'ai aucune idée de qui est derrière ça", a assuré le candidat sur son réseau Truth Social, déclarant que le programme soutenu par le Parti républicain n'avait "rien à voir" avec celui de ce centre de réflexion.
Pourtant, lors d'un dîner organisé par la Heritage Foundation en avril 2022, le milliardaire avait pourtant déclaré que le travail alors mené par cette organisation poserait les bases "pour ce que notre mouvement fera" lors d'un second mandat.
Si la feuille de route adoptée lors de la convention républicaine à Milwaukee affiche bien des positions plus modérées, notamment sur l'avortement, le "Project 2025" reprend de nombreuses idées portées par Donald Trump.
Par exemple, l'ambition de démanteler le ministère de l'Education, de réformer un gouvernement fédéral accusé d'être instrumentalisé contre les conservateurs ou encore de mener des arrestations et déportations massives de migrants en situation irrégulière.
Son rival démocrate Joe Biden, plus que jamais en difficulté, n'a d'ailleurs pas tardé à faire de cette feuille de route un élément central de sa campagne, accusant Donald Trump d'essayer de cacher ses liens avec ce projet qui, selon lui, a de quoi "effrayer" tous les électeurs.
Les démocrates citent de nombreux membres du cercle rapproché du magnat républicain, liés ou ayant participé à l'élaboration de ce "Projet 2025".
Parmi eux, Stephen Miller, ancien conseiller principal de Donald Trump, ou encore Ben Carson et Christopher Miller, anciens membres de son cabinet.
A Milwaukee, où se tient actuellement la convention républicaine, le parti démocrate a d'ailleurs fait installer une dizaine d'affiches dénonçant "le terrifiant programme du Projet 2025" porté par Donald Trump et son colistier J.D. Vance.
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Les commentaires démocrates sont de l'ordre de la "désinformation", ont fustigé lundi des intervenants de la Heritage Foundation à Milwaukee, où Donald Trump a été accueilli en héros après la tentative d'assassinat à laquelle il a échappé le 13 juillet.
Selon eux, la gauche américaine soutient un "État profond" - une entité nébuleuse qui, selon les adeptes de théories du complot, agit dans les coulisses du gouvernement - et c'est justement cela qu'ils "visent" dans ce programme.