Qui est John Lee, le nouveau chef de la ville de Hong Kong nommé par Pékin ?

Premier dirigeant de Hong Kong issu du milieu policier, l'ex-patron de la sécurité hongkongaise a notamment supervisé la répression du mouvement pro-démocratie en 2019. John Lee, 64 ans, arrive au pouvoir alors que la cité est en difficulté. 
Image
John Lee, chef de Hong Kong
John Lee, 64 ans, ancien policier, nouvellement élu chef de Hong Kong par la Chine. Hong Kong, 29 avril 2022. 
Kin Cheung / ASSOCIATED PRESS
Partager 3 minutes de lecture
Il était le seul candidat  à la succession de la dirigeante sortante Carrie Lam, qui n'a pas brigué un nouveau mandat de cinq ans. Après un bref scrutin secret dimanche, 99% des membres (1 416) ont voté pour John Lee et 8 ont voté contre, selon les autorités. Trente-trois membres n'ont pas voté.

Âgé de 64 ans, il devient le tout premier dirigeant de Hong Kong issu du milieu policier. John Lee prendra ses fonctions le 1er juillet, date du 25e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine par la Grande-Bretagne.
 

À l'origine de la répression de 2019

Chef de la sécurité de Hong Kong au moment des gigantesques manifestations pro-démocratie de 2019, il a supervisé la répression de la contestation ainsi que la sévère reprise en main politique qui a suivi. La ville n'a jamais été une démocratie, ce qui a alimenté pendant des années la frustration de la population et des protestations parfois massives et violentes.


Suite à son élection, les manifestations ont été largement interdites à Hong Kong. Les autorités lcoales ont recours à une interdiction drastique des rassemblements publics de plus de quatre personnes en raison du Covid, ainsi qu'à une nouvelle loi sur la sécurité nationale.

Selon les médias locaux, environ 6.000 à 7.000 policiers ont été mobilisés pour éviter tout incident pendant le processus de désignation.

John Lee après son élection à la tête de Hong Kong. 8 mai 2022.
John Lee après son élection à la tête de Hong Kong. 8 mai 2022. 
Kin Cheung / ASSOCIATED PRESS

Adoubé par Pékin 

Pékin a salué l'élection quasi unanime de John Lee. Selon la Cine, "la société hongkongaise a un niveau élevé de reconnaissance et d'approbation" pour Lee. "C'est une véritable démonstration de l'esprit démocratique", a déclaré le bureau des affaires de Hong Kong et de Macao dans un communiqué.

Selon les analystes, c'est le fervent soutien de John Lee à cette campagne de répression qui lui a valu d'obtenir la confiance du régime chinois, traditionnellement méfiant à l'égard des élites politiques de Hong Kong. "Il est l'homme qui a réussi le test", a affirmé Lai Tung-kwok, le prédécesseur de M. Lee à la tête de la sécurité de Hong Kong.

Cette loyauté au régime de Pékin vaut aussi à John Lee de figurer sur une liste de personnalités chinoises et honkongaises sanctionnées par les États-Unis. Ce dimanche, e le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a assuré que cette désignation "viole les principes démocratiques et le pluralisme politique".

Contestation a minima

La Ligue des sociaux-démocrates - l'un des derniers groupes pro-démocratie - a organisé une manifestation de trois personnes avant l'ouverture des bureaux de vote, scandant "le pouvoir au peuple, le suffrage universel maintenant". "Nous savons que cette action n'aura aucun effet, mais nous ne voulons pas que Hong Kong soit complètement silencieuse", a déclaré la manifestante Vanessa Chan, sous le regard de dizaines de policiers.

hong kong taïwan manifestation pro démocratie
À Taïwan en décembre dernier, une manifestation a été organiséee pour dénoncer la répression et la dictature à Hong Kong. 
Chiang Ying-ying / ASSOCIATED PRESS

Sous Xi Jinping, Pékin a imposé en 2020 à l'ancienne colonie britannique une loi draconienne sur la sécurité nationale qui a étouffé toute dissidence, ainsi qu'une réforme du système politique pour faire en sorte que Hong Kong soit dirigé exclusivement par des "patriotes" loyaux envers le régime chinois. 

Hong Kong, troisième place financière mondiale, continue de vivre pratiquement coupée du monde en raison de ses restrictions drastiques contre le Covid-19.