Vedette de la télé-réalité, officiellement proche de l'opposition, Ksenia Sobtchak vient de se présenter comme candidate à l'élection présidentielle russe de mars prochain. La fille de l'ancien mentor de Vladimir Poutine dément les rumeurs selon lesquelles sa candidature serait "orchestrée" par le Kremlin.
C'est une nouvelle venue dans l'arène politique russe. Connue du grand public, Ksenia Sobtchak veut aller à la présidentielle "pour toutes celles et ceux qui sont mécontents" de la situation en Russie.
Pour sa première conférence de presse dans un théatre du centre de Moscou, la jeune femme de 35 ans a prévenu qu'elle n'entre pas en campagne pour faire de la figuration.
"Nous avons aujourd'hui des élections, dans lesquelles tous ont des rôles distribués à l'avance. Tout le monde est d'accord pour ces rôles, mais je le refuse, je veux casser ce jeu", déclare la candidate.
Incarnation de la jeunesse dorée de l'ère Poutine, Ksenia Sobtchak a annoncé sa candidature sur internet le 18 octobre dernier. Celle que l'on surnommait un temps la "Paris Hilton russe" a été révélée dans une émission de télé-réalité.
Depuis 2011, elle a rejoint les rangs de l'opposition. Même si en Russie, beaucoup n'y croient pas vraiment.
"Ce qu'écrivent les politologues est très probablement vrai : qu'elle va aux élections pour prendre des voix à Alexei Navalny", pense Daniil, serveur à Moscou.
Mieux diviser l'opposition ?
Ksenia Sobtchak dément vouloir diviser l'opposition et demande que Alexeï Navalny -le principal opposant de Vladimir Poutine inéligible jusqu'en 2028 en raison d'une condamnation de justice - puisse être candidat.
Elle affirme même qu'elle se retirera de la course dans cette hypothèse - peu probable, Alexeï Navalny appelant au boycott du scrutin.
En mars 2018, Ksenia Sobtchak pourrait donc bien être la seule candidate de l'opposition russe contre un président sortant qu'elle connaît bien.
"Pour certains, Poutine est avant tout un tyran et un dictateur. Pour d'autres, il est le dirigeant qui protège le monde russe et qui a relevé la Russie tombée à genoux", affirme-t-elle.
Pour moi, Poutine est avant tout quelqu'un qui a aidé mon père alors qu'il était dans une situation difficile
Ksenia Sobtchak
Vladimir Poutine et Ksenia Sobtchak (à droite) aux funérailles du maire de Saint-Pétersbourg, Anatoli Sobtchak, en février 2000.
Elle a déjà prévenu ne pas vouloir "insulter personnellement Poutine" pendant la campagne même si elle dit ne pas "apprécier tout ce qu'il a fait en tant qu'homme politique".
"Pour moi, Poutine est avant tout quelqu'un qui a aidé mon père alors qu'il était dans une situation difficile et qui lui a pratiquement sauvé la vie. Je m'en souviens", a-t-elle ajouté.
Au début des années 1990, Vladimir Poutine était l'adjoint du premier maire de Saint-Pétersbourg après la chute de l'URSS, Anatoli Sobtchak. Une véritable amitié est née entre les deux hommes jusqu'à la mort du père de Ksenia en 2000.
Pour que sa candidature soit validée par la Commission électorale russe, Ksenia Sobtchak doit réunir 100 000 signatures.