Fil d'Ariane
La nouvelle est tombée ce mercredi dans The Washington Post. Le prestigieux journal de la côte Est des États-Unis explique "comment du contenu russe s'est retrouvé sur Pinterest".
C'est le dernier épisode d'une série où les trolls, ces acteurs de la propagande et de la désinformation sur Internet et les réseaux sociaux, sont les héros. Elle révèle une vaste campagne d'influence d'origine russe qui aurait servi l'élection de Donald Trump.
Après Facebook, Twitter et Google, la société de partage de photo de la Silicon Valley fait son mea culpa, à la surprise de tous : "Peu de monde associerait ce réseau social à la politique - et encore moins les trolls. Mais au cours de la campagne [présidentielle] 2016, le site a servi de tribune à des milliers de posts politiques créés par des agents russes dans le but de façonner l'opinion publique et de créer la discorde dans la société américaine.
Le site a servi de tribune à des milliers de posts politiques créés par des agents russes dans le but de façonner l'opinion publique.
Pinterest
L'affaire de l'influence russe fait l'objet d'une double enquête des Commissions sur le renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants américains. Des auditions, des révélations, et au bout, une question : l'équipe de Trump était-elle impliquée ?
C'est peu dire que l'annonce de Pinterest n'apporte aucun élément de réponse.
Pour ses 100 millions d'utilisateurs aux Etats-Unis, comme les millions d'autres à travers le monde, Pinterest sert surtout à piocher des idées de recettes ou de décoration, à partager et nourrir ses passions à travers des albums de photo.
L'objet du "délit", c'est précisément quelque 2000 photos liées à l'Internet Research Agency, une agence considérée comme la fabrique de trolls au service du gouvernement russe. Pinterest précise que "les agents russes ne semblent pas avoir posté directement, mais leur sphère d'influence s'est développée jusqu'au site grâce aux utilisateurs qui sont tombés sur leur travail et l'ont épinglé à leur insu sur leur tableau Pinterest". Selon le chercheur belge Nicolas Van der Bieste, le fait que 2000 photos épinglées soient liées à l’influence russe relève de l’anecdote . Pour ce spécialiste des réseaux sociaux, qui s'est aussi penché sur l'influence russe sur la présidentielle française, "c’est ultranégligeable en termes de contenu. Car Pinterest n’a pas d’espace de communication" en dehors des groupes de centres d'intérêt.
En ce qui concerne le contenu de ces 2000 photos incriminées, The Washington Post ne donne que deux exemples : la photo d'une femme policier intitulée, "un officier de police de Georgie limogé pour avoir arboré le drapeau confédéré" et celle d'un homme portant un chapeau de cowboy accompagnée du commentaire "aimez et partagez si vous voulez arrêter l'invasion musulmane du Texas"... Des images issues de comptes Twitter et Instagram - un réseau qui appartient à Facebook - puis postées sur Pinterest.
Rien à voir avec les campagnes menées sur Facebook, Google et Twitter, véritables poids lourds qui irriguent de contenus les réseaux sociaux et Internet. Tous accusent le coup orchestré par des utilisateurs ou des sociétés qui seraient liées à l'Internet Research Agency.
Pour sa part, Pinterest n'a découvert dans sa base qu'un seul compte suspect : Rainbow_Nation
The Washington Post
Google fait état de plusieurs dizaines de milliers de dollars d'espaces de publicité en ligne achetés. Twitter a fermé plus de 200 comptes, pour 470 comptes et pages fermées pour Facebook. Ce dernier a récemment retiré quelques 3000 publicités politiques pour une valeur de 100 000 dollars. Des pubs vues par 10 millions d'utilisateurs, et dirigées vers le Michigan et le Wisconsin, deux Etats-clés qui ont basculé du côté de Trump lors de la présidentielle.
Pour sa part, Pinterest n'a découvert dans sa base qu'un seul compte suspect, intitulé Rainbow_Nation, selon The Washington Post. Tous les autres utilisateurs qui ont repris du contenu suspect sont en définitive des victimes... consentantes.